Critique du roman Mass Effect Andromeda : Annihilation Antoine N7 30/04/2021

Critique du roman Mass Effect Andromeda : Annihilation

Troisième et dernier roman venant enrichir l’épisode Mass Effect Andromeda, Mass Effect Andromeda : Annihilation est sorti en novembre 2018 aux Etats-Unis. Mais contrairement à ses homologues La révolte du Nexus et Initiation, il n’a pas bénéficié d’une traduction Française officielle.

Passé ce défaut, nous allons tout de même dresser un bilan de ce roman, focalisé sur la 5ème arche à destination de la galaxie d’Andromède, peuplée des espèces de la Voie Lactée qui manquaient à l’appel dans le jeu, et qui ont cruellement manqué à leurs fans. Apporte-t-il les réponses attendues sur le sort de l’arche et de ses occupants ?

La lecture de ce roman a été effectuée depuis une traduction Française non-officielle, réalisée par un fan. Cette critique ne portera donc pas sur l’écriture elle-même. Et comme d’habitude, aucun élément-clé de l’intrigue (spoilers) ne sera révélé. 

Synopsis et contexte général

Alors que l’arche Quarienne Keelah Si’yah navigue vers la galaxie d’Andromède, transportant 20 000 colons de plusieurs races dont les Drell, Elcor et Butariens, une vérification de routine révèle que de nombreux colons Drell sont morts dans leurs cryopodes ainsi que la présence d’un agent pathogène. Ce dernier commence à toucher d’autres espèces tandis que la technologie de l’arche commence à être défaillante, indiquant clairement qu’il ne s’agit pas d’un accident : c’est un sabotage et le coupable est toujours à bord.

Les systèmes de l’arche se dégradent rapidement et la panique se propage parmi les colons. Pour empirer les choses, le virus produit un terrible gonflement du cerveau qui provoque la folie, des hallucinations et mène à la violence. Si l’équipage de l’arche ne peut pas restaurer les équipements technologiques et trouver un remède, le Keelah Si’yah n’arrivera jamais jusqu’au Nexus.

Le ton est donné et on ne peut plus clair : l’arche a visiblement subit un sort similaire aux autres arches et au Nexus lors de leur arrivée dans Andromède (gross-modo le chaos) voire pire pour le Keelah Si’yah puisque les problèmes commencent avant même son arrivée. Le récit prendra donc part ni dans la galaxie d’Andromède, ni dans la Voie Lactée, mais pendant le voyage de l’arche, avant son arrivée à Andromède.

Fait inédit : l’équipage est constitué uniquement d’espèces qui ne sont donc pas présentes dans Andromède, c’est à dire Quariens, Drells, Butariens, Volus, Elcors et Hanaris. Aucun humain ni espèce du conseil, pas même de véritable « héros » ou personnage principal clairement identifié parmi les membres d’équipage. C’est plutôt une équipe où tout le monde est sur un même pied d’égalité, respectant sans doute le fonctionnement prévu dans l’organisation de l’arche, pour ne pas léser certaines espèces au profit d’autres, bien qu’il s’agisse sur le papier d’une arche « Quarienne ».

Nos « héros » auront donc pour mission d’identifier qui est à l’origine du sabotage, pour en comprendre les motivations et la nature précise du sabotage, mais surtout de trouver des solutions pour arranger la situation : ce qui nous permettra finalement de comprendre quelle est la situation précise de l’arche lors de son arrivée dans Andromède.

Déroulement de la lecture

La tournure globale du roman est proche d’un policier, d’une enquête pour trouver des réponses sur l’origine du sabotage et trouver des solutions pour l’arrêter, et souvent aux scènes justement très détaillées. Mais l’ensemble du roman est hétérogène dans ces différents chapitres, parfois à l’extrême. Certains feront avancer l’enquête au sujet du sabotage, d’autres seront un simple dialogue très détaillé entre deux personnages, tandis que certains autres seront constitués de plus d’action. Cette diversité est à la fois positive et négative : certains chapitres paraissent ennuyeux par rapport à d’autres, mais c’est finalement ce qui pousse à poursuivre la lecture, par hâte que les choses progressent. Et le fait que le roman ne soit pas excessivement long (similaire à Initiation) contribue à l’envie de poursuivre la lecture, car il ne peut pas trop s’éterniser sur des détails pour faire avancer l’histoire.

En revanche, la première moitié traîne vraiment en longueur, et pour une raison très simple. Relisez le synopsis du roman (rappelé un peu plus haut dans l’article), et vous venez en réalité de lire le résumé de la première moitié du roman. En effet, les choses commencent par de simples dysfonctionnements qui s’empirent au fur et à mesure, et la situation telle que décrite dans le synopsis (les décès violents et les défaillances des systèmes) est atteinte vers la moitié du roman. Dommage donc, pour une lecture censée avoir une tournure d’enquête, de savoir déjà où elle aboutit tant que la moitié de la lecture n’est pas encore atteinte. Le roman Initiation a été beaucoup plus intelligent et bien mieux réussi sur ce point, tant son contenu est réellement imprévisible.

Heureusement, la seconde moitié rattrape globalement tout ça, où les événements prennent d’avantage d’ampleur et l’issue devient vraiment incertaine, rendant la lecture plus haletante. Exception de la fin du roman elle-même, assez expéditive et peu détaillée (contrairement à la majorité des autres chapitres) qui nous laisse un petit peu sur notre faim.

Enfin, on retrouve tout au long de la lecture de nombreuses références à des lieux ou des personnages de la Voie Lactée, tous en parfaite cohérence avec l’univers. La Révolte du Nexus et Initiation faisaient un sans-faute sur ce sujet, et Annihilation n’a pas fait exception, ce qui conforte vraiment sur la crédibilité de l’histoire.

Les personnages

N’y allons pas par quatre chemins : le plus gros point positif et tout l’intérêt du roman, c’est précisément sur la particularité des personnages atypiques de Mass Effect qui le composent. Il y avait pourtant une prise de risque et de quoi inquiéter, tant ces espèces ont de disparités aussi bien dans leurs anatomies et leurs psychologies. Et pourtant, on les retrouve toutes avec une grande précision, non sans rappeler le premier jeu Mass Effect où ces spécificités sont très mises en avant, par l’aspect de découverte et d’introduction aux espèces de l’univers.

L’histoire des Quariens, leur réticence envers les IA (et donc à SAM) et leur combinaison environnementale les immunisant aux maladies. La capacité des Drells à se remémorer un souvenir comme s’il se produisait à nouveau et le long monologue qu’ils prononcent à chaque fois que ça arrive. Leur relation avec les Hanaris. La croyance immuable que ces derniers vouent aux Portes-Flammes et leur « parler » par bioluminescence en parlant d’eux-même à la troisième personne. L’attitude barbare des Butariens et leurs quatre yeux. Les massifs Elcors qui doivent débuter chaque phrase qu’ils prononcent par ce qu’ils ressentent, incapables de l’exprimer par la parole. Et les Volus, qui doivent porter une combinaison intégrale pressurisée pour survivre en dehors d’une atmosphère d’ammoniac à haute pression. Tous ces détails sont parfaitement retranscrits et démontrent à quel point ces espèces ne sont pas oubliées.

Ceux que l’on pourrait qualifier de personnages principaux, est une équipe d’un représentant de chaque race (un Quarien, une Drell, un Hanari, une Butarienne, un Elcor et une Volus) qui se voit réveillée pendant le voyage lorsque les premiers signes inquiétants sont détectés par les systèmes du vaisseau, certains de ces personnages se connaissant avant le départ, d’autres qui apprendront à se connaitre pendant la crise qui en résultera. Aucun personnage déjà connu de l’univers n’est à bord de l’arche (contrairement à La révolte du Nexus ou Initiation), ils sont donc tous à découvrir à partir de zéro.

Apport du roman pour l’univers et le jeu

A la fin du jeu Mass Effect Andromeda, l’arche Quarienne est arrivée, mais les faibles communications interceptées indiquent que la situation n’est pas sous contrôle, et de ne pas s’approcher de l’arche. Alors, après la lecture du roman, comprend-t-on exactement ce qu’il se passe ? Un peu, mais pas plus. Finalement, le synopsis du roman suffirait presque à donner ce qu’il y a besoin de savoir. D’autres événements font tout de même évoluer la situation au sein de l’arche, mais l’issue de ces événements garde une part d’incertitude, suscitant d’avantage l’envie de savoir comment les choses ont finalement terminées une fois l’arche arrivé dans Andromède, le roman ne donnant finalement pas cette réponse précisément, juste un peu plus que le jeu.

En revanche, une chose est en revanche sûre : de nombreuses critiques ont émané envers ce roman, l’accusant de remplacer un potentiel DLC de Mass Effect Andromeda censé porter sur un secours de l’arche à son arrivée dans Andromède. Après la lecture, on ne peut maintenant qu’être certain que c’est faux. D’abord, ce roman et son contenu a été officialisé avant la sortie du jeu, aucun plan n’a donc changé après la sortie du jeu et les critiques qu’il a reçu. Ensuite, il n’y a jamais eu d’annonce ni d’informations de la part de Bioware concernant de potentiels DLC ou non, quelque soient leur contenu : cet hypothétique DLC n’a jamais été concret de près ou de loin, à part dans l’envie des fans (même si des indices dans le jeu pouvaient certes le supposer). Et enfin, vu le peu de précisions apporté par le roman, il devient encore plus évident qu’il n’a jamais eu pour vocation de remplacer des événements qui auraient été incorporés dans le jeu.

Conclusion

C’est un roman très original. Il casse complètement les codes grâce à sa brochette de personnages principaux tous réussis, en respectant scrupuleusement leurs spécificités. Le roman manque beaucoup d’homogénéité dans ses chapitres, mais parvient tout même à garder notre attention pour poursuivre sa lecture jusqu’au bout. On reste malgré tout sur notre faim, car il ne remplit que partiellement sa promesse d’apporter des réponses sur le sort de l’arche à son arrivée dans Andromède.

On a aimé :

  • Les personnages et leur diversité
  • La parfaite cohérence avec l’univers
  • Une lecture haletante

On a moins aimé :

  • Le manque d’homogénéité dans la lecture
  • La première moitié sans surprise
  • Une fin peu convaincante
  • Peu d’apport pour l’univers