Pionniers : Le chemin de la maison Abyss 23/03/2022

Pionniers : Le chemin de la maison

A la veille du départ de l’Initiative, Alec Ryder tente de justifier et expliquer le rôle des Pionniers et des colons dans Andromède afin de convaincre le Lieutenant Harper de devenir son second.

600 ans plus tard, son discours, tiré du roman Mass Effect Andromeda : Initiation n’en sera que plus réel…

Bienvenue dans ce nouveau dossier qui traitera des Pionniers et de leur travail dans Héléus.

— Nous partons, c’est sûr. Nous y sommes….tenus, à ce stade. Sauf catastrophe majeure affectant les arches au moment du lancement, et c’est statistiquement improbable, rien ne devrait nous empêcher de partir. Nous devons le faire.

Cora cilla, bien en peine de masquer sa méfiance.

— Je ne suis pas sûre de comprendre pourquoi il est si vital d’envoyer une mission à un quadrillion de crédits dans une autre galaxie…

— Un quintillion, corrigea-t-il, un instant amusé. Parce que nous n’avons pas le choix, Harper. Toutes les espèces de la Voie Lactée y ont intérêt, mais les Humains en particulier. (Il prit une profonde inspiration.) Cela ne fait qu’une poignée de décennies que nous avons découvert que nous ne sommes pas seuls dans l’univers. Depuis lors, nos connaissances et notre compréhension globale ont littéralement explosé. Dans cette galaxie, hélas…tout est déjà plié. Il ne reste rien à explorer, à découvrir. Plus de place où croitre. Le peu que nous entreprenons, nous pourrions plus facilement l’apprendre auprès des espèces qui jouaient déjà à ce petit jeu quand nous étions des singes.

Ryder baissa d’un ton et livra la suite à un débit plus lent.

— L’être humain se dépasse quand il est mis au défi. Ne se développe que lorsqu’il doit lutter pour obtenir quelque chose. Comment grandir dans une galaxie où tout s’est déjà joué sans nous ? (Il fronça un peu les sourcils, eut un petit rire sans joie et reprit son va-et-vient.) Aller là-bas ne va pas être une partie de plaisir, Harper. Pour révéler notre vrai potentiel, il va falloir s’accrocher, prospérer sur le terrain.

Cora, interdite, le regarda faire les cent pas, son topo commençait à avoir des accents de reproche envers le Conseil. A moins que l’objet de son mécontentement soit la place de l’humanité dans l’ordre des choses…

— S’il s’agit de réaliser notre potentiel, le Conseil et les autres espèces ont beaucoup de portes à nous ouvrir, rétorqua-t-elle. J’en sais quelque chose.

— Bien sûr, dit-il en balayant l’argument d’un revers de la main. Nous continuerons d’ailleurs à collaborer une fois dans Andromède. A armes égales. Nous pourrons…non, nous devons découvrir et nous adapter sans cesse. Dés le premier jour. Dos au mur, il nous faudra nécessairement réussir. Ce sera la survie du plus apte, chaque espèce devra répondre à ses propres besoins.

Où voulait-il en venir ?

— Ça ne ressemble plus beaucoup à de la « collaboration » mais plutôt à une compétition tous azimuts- une course effrénée, dans l’unique dessein de voir qui prend le dessus.

— Oui et non, répondit-il. Le Conseil fait un travail remarquable dans la Voie Lactée, les autres espèces conciliennes se plient aux règles du jeu de bonne grâce. Mais cette paix…l’ordre des choses galactiques dans lequel nous vivons… s’appuie sur des siècles d’apprentissage, d’erreurs, de conflits, qui datent pour l’essentiel d’une époque antérieure à vôtre venue au monde ou la mienne. Nous n’avons rien mérité de tout cela, on nous en a fait cadeau. Aux yeux de certains, c’est le rêve, tout ce éveil spirituel obtenu sans effort… mais l’espèce humaine a besoin de fournir des efforts. Pour que nous livrions le meilleur de nous-mêmes,  il faut que nos plus grands accomplissement restent à faire.

[…]

— Observez-la, dit-il, en faisant pivoter l’hologramme d’une torsion du poignet. Notre cible désignée. Nos relevés suggèrent que cette planète possède les composés essentiels à la vie humaine…mais nous ne le saurons qu’après l’avoir explorée. Si nos espoirs sont fondés et si tout se déroule conformément au plan, faire de cette planète notre foyer nécessitera plusieurs décennies d’efforts. Chaque jour apportera l’occasion de croître, d’évoluer…et de trébucher. D’échouer. (Il se redressa.) Toutes les décisions que nous prendront, et ce pendant plusieurs décennies, détermineront si nous vivrons ou mourrons.

Mass Effect Andromeda : Initiation

Dès le premier jour : de nouveaux Pionniers

Bien avant d’apercevoir les Kert et les Angara, le tout premier contact dans Mass Effect : Andromeda se résume à la rencontre avec Ryder ; cet étranger, cet alien qui prend la place de l’irremplaçable Commandant Shepard sur l’écran de création du personnage. Une tâche compliquée tant l’attachement pour le N7 est grand. Une tâche compliquée dans la mesure où Shepard était plus qu’un personnage : il était une identité virtuelle qui faisait corps avec les joueurs du monde entier. Il n’était pas « Shepard », il était « mon Shepard », « notre Shepard. » Difficile, dès lors, de lui succéder sans accroc.

Si Alec Ryder incarne en quelque sorte la passation de pouvoir entre le Commandant charismatique de la Voie Lactée et le/la jeune rookie Ryder qui sera notre avatar dans Andromède, cette pirouette scénaristique présente le désavantage d’une scissure bien trop brutale avec l’image que les fans s’étaient créée au sujet de la franchise et son avatar principal. Le parti pris d’imposer une famille et un passé prédéfinis aux joueurs brisent en effet toute possibilité de faire sien/sienne Ryder. Dans la trilogie originale, bien qu’il était possible d’avoir une mère pour Shepard cette dernière n’apparaissait jamais à l’écran et n’était pas la seule option possible lors de la création du personnage. Il pouvait très bien être orphelin(e) ou avoir une histoire familiale  volontairement éludée pour, justement, laisser assez de place au joueur et incarner à sa guise « son » personnage. Mais, puisque Ryder a une famille présentée avec force à l’écran, dont un jumeau/jumelle, il/elle ne pourra  jamais être totalement « notre Ryder » : il/elle sera toujours, de manière subconsciente, le « fils, la fille de », « le frère, la sœur de » et nous donnera le sentiment de parcourir Andromède à ses côtés plutôt quand dans sa peau.

Le second problème apparait à la mort d’Alec car elle survient beaucoup trop rapidement, ce qui relègue cette dernière au même niveau que celle de Jenkins au tout début de Mass Effect 1. Pourtant, elle revêt une importance capitale, tant pour Ryder et la narration qui tente de rattraper le coup en débloquant les souvenirs d’Alec progressivement. L’idée de découvrir la personnalité et l’histoire de papa Ryder de manière rétrograde n’est pas mauvaise en soi mais elle se veut beaucoup trop anecdotique et mal mise en scène que pour susciter le puissant sentiment d’attachement qu’elle était censé créer. Elle peine en outre à mettre en valeur l’un des personnages les plus intéressants de cette nouvelle aventure. De ce fait, toute la symbolique de l’héritage des Ryder, du rôle crucial de Pionnier/Pionnière se retrouvent malmenés dès les premières heures de jeu. Ryder et le joueur se retrouvent alors démunis face à la charge d’endosser un rôle qu’ils ne comprennent pas et pour lequel ils n’ont pas de repères ; contrairement à Mass Effect 1 où le statut de Spectre était longuement introduit dans le tutoriel géant qu’était la Citadelle ; que ce soit par Anderson, le Conseil, les différents NPC et même Saren. Dans Mass Effect Andromeda, Ryder devient Pionnier/Pionnière de manière précipitée, hasardeuse et, qui plus est, dans un nouvel environnement extrêmement hostile. Il aurait été plus percutant pour les joueurs de perdre Alec en cours ou en fin de jeu ; après des moments forts vécus ensemble, après avoir été initié durant de nombreuses heures par leur père. Un Anderson bis, en quelque sorte dont la mort reste encore à ce jour l’une des plus marquantes du jeu vidéo moderne.

« Les parents ne représentent pas la ligne d’arrivée mais la ligne de départ. Le chemin qu’ on emprunte ensuite nous appartient »

Nakmor Drack

Prospérer sur le terrain : Explorer les mondes

« C’est notre travail d’être les premiers »

Ryder

Le rôle de Pionnier/Pionnière repose sur plusieurs grands axes que sont l’exploration spatiale et la cartographie stellaire, une expertise en viabilité planétaire et en établissement d’avant-postes coloniaux, des talents diplomatiques en cas de rencontre avec d’autres formes de vie, des aptitudes militaro-scientifiques et, enfin,  un haut degré de compatibilité avec le Simulateur Adaptatif Matriciel.

Impossible pour une seule personne de posséder toutes ces qualités. Et pourtant ! C’est ce que demanderont Tann et Addison à Ryder en l’envoyant sur Eos ; la dernière chimère à laquelle se raccroche un Nexus agonisant depuis 14 mois. Il ne reste plus que cette planète toxique…et vous, le dernier membre de l’équipe des Pionniers. Il y a 600 ans, tous les prérequis nécessaires à la mission étaient ventilés entre les différents membres : Telem’Yered, du peuple nomade des Quariens pour la cartographie, Alec Ryder pour l’expertise scientifique et la gestion des SAM, la Matriarche Ishara pour la diplomation inter-espèces, Macen Barro pour ses compétences turiennes en ingénierie militaire, Zevin Raeka pour son expérience en viabilité planétaire depuis le sauvetage de la biodiversité de la colonie galarienne Erinle. Désormais, il incombait à Ryder de trouver le meilleur chemin possible pour les 120 000 colons d’Andromède en appliquant la seule règle qui comptait encore en situation de survie ; le principe sur lequel reposait l’ensemble de l’Initiative : s’adapter.

« Ils se rappelleront que nos premiers pas chancelants dans Andromède marquèrent le début de tout ce qu’ils connaissent. »

Alec Ryder

L’exploration, c’est le cœur du travail de Pionnier/Pionnière et l’une des principales activités de Mass Effect : Andromeda. Il reprend l’ancienne idée du projet SFX (pré-Mass Effect) qui consistait à créer des planètes de manière procédurale pour ensuite y collecter des ressources nécessaires à la construction de matériel en tout genre. Mais, tout comme la petite équipe d’origine du début des années 2000, le studio Bioware Montreal s’est cassé les dents en tentant d’appliquer cette idée qui consomme en définitive trop de ressources humaines et logicielles sans apporter de réelle plus-value à l’aventure principale. A la sortie du jeu, des mondes procéduraux de départ il ne restait plus que les mondes en or d’Andromède : de gigantesques terrains qui bien que magnifiques à voir et parcourir ne fournissent que peu de points d’intérêts en dehors de ceux de la quête principale. Une quête qui va amener Ryder à activer une ancienne technologie de terraformation adaptative capable de faire renaitre de ses cendres l’ensemble du secteur Héléus en même temps que les espoirs de l’Initiative. Eos deviendra le pied-à-terre du premier avant-poste du Nexus : Prodromos, dirigé par August Bradley. Le déploiement des modules de stase permettra de soulager l’angoisse mais aussi les ressources en énergie de l’Initiative. L’activation du caveau ayant accéléré la pénétration de l’eau dans le sol de la planète, il était désormais possible d’entamer les prémices d’une agriculture viable mais aussi d’étudier la nature exacte de ces mondes censés devenir de nouveaux foyers.

Une fois le premier monde en or sécurisé, Ryder obtient un certains degré de confiance de la part du Directeur Tann et peut maintenant élargir son domaine de compétence : place à la cartographie stellaire ! Logiquement, s’installer quelque part était un bon début mais pouvoir se déplacer librement dans le secteur afin de prospérer était tout aussi primordial. Le rôle de Pionnier /Pionnière consistera donc à trouver des routes sûres à travers les dangers d’Héléus et, pourquoi pas, découvrir d’autres mondes habitables connectés au systèmes des caveaux reliquats…ou d’autres formes de vie intelligentes et moins hostiles que les Kert.

Aya, le joyau du secteur cristallisera toutes ces demandes.

« Il n’y a pas d’ennemis. Seulement des amis que l’on a pas encore rencontrés.»

Régisseuse Eska Yeveth — Techiix, Voeld.

Au terme du premier contact officiel avec les Angara, Ryder parviendra à tisser les prémices de liens diplomatiques entre ce peuple et le Nexus. Des liens néanmoins fragiles; les Angara ayant déjà payé le prix d’une amitié aveugle envers une autre civilisation. De plus, les échos qui leur étaient parvenus de Kadara concernant les « exilés » de la Voie Lactée finirent de les dissuader de trop s’exposer aux inconnus du Nexus. Cette rencontre sera malgré tout riche d’informations pour l’Initiative qui voit de potentiels alliés dans ce peuple et qui découvre également qu’il existe, malgré les ravages du Fléau, plusieurs mondes habitables ouvrant la voie à l’un des sous-objectifs de la mission d’origine : l’échange et le commerce.

Havarl, Voeld et puis Kadara, H-047C et Elaaden vont permettre de diversifier l’activité coloniale mais aussi amener des pistes quant à l’avenir de l’Initiative dans Andromède. Voeld pourra fournir de la glace (et donc de l’eau) aux autres avant-postes, le souffre de Kadara contribuera à fertiliser les sols des mondes en or, l’Helium-3 de H-047C servira du carburant de base au Nexus pendant plus de 300 ans et Elaaden permettra d’hybrider davantage la technologie reliquate à celle de la Voie Lactée ainsi que de combiner les talents botaniques de Vorn avec ceux du Dr Camden sur le Nexus. Enfin, les avancées scientifiques sur Havarl réalisées conjointement par les Angara et la délégation de l’Initiative chapeautée par le Dr MacIntyre permettront peut-être de mettre à profit la croissance accélérée de la flore de la planète dans le but d’augmenter le rythme de production des denrées alimentaires sur la totalité des futures colonies.

Le Temps du Changement : préparer la paix, le rôle diplomatique des Pionniers

« Il n’y a pas de mal à trouver ses ailes en plein vol. »

Sarissa Theris

Les succès glanés sur divers mondes ; dont le sauvetage de la Moshae Sjefa et la main tendue du Nexus envers Aya et son peuple débloquent progressivement la situation politique et diplomatique. Les Angara ouvrent la première ambassade de l’histoire de l’Initiative et en confèrent les clés au diplomate Isa de Navar tandis que l’ambassadrice asari ; Rialla en fait de même sur Aya. Des échanges technologiques ont maintenant cours entre les deux civilisations : l’Initiative offre des omnitechs et les Angara apprennent aux colons de la Voie Lactée à rentabiliser la manufacture de pâtes nutritives, un secret bien gardé par le peuple d’Aya qui a lutté avec peu de ressources des siècles durant. Peu à peu, l’amitié entre les peuples se renforce au point d’autoriser de part et d’autres des échanges de personnel d’Aya vers le Nexus ; et inversement. Malheureusement, ni les Angara ni les colons du Nexus n’avaient prévu le lourd tribut démographique causé par la venue de l’Initiative sur leur petit coin de paradis. En effet, cela faisait 5 siècles que le Vesaal ; le temps du changement en Shelesh, était la règle immuable sur la planète. Privés de terres accueillantes, les Angara venaient se reposer à tour de rôle sur Aya ; avant de repartir en exil sur les divers mondes inhospitaliers du secteur. Mais l’apparition soudaine d’étrangers leur laissait de moins en moins de place : ce problème devait être réglé rapidement car cette maladresse pouvait susciter animosité et jalousie au sein de la population d’autochtones.

« La diplomatie laisse place au compromis, pas la guerre. »

Sarissa Theris

Mais quel compromis trouver avec une personne telle que Sloane Kelly, l’épine dans le pied du Nexus ?

Kadara, cet ancien royaume souverain était désormais entre ses mains et ses exilés ; que les Angara avaient toujours bien du mal à dissocier des autres colons qui se promenaient librement sur Aya. Tout l’enjeu de l’instabilité politique causée par les luttes intestines des Exilés et du Collectif consistait moins en l’avenir de Port-Kadara qu’en l’image qu’allait renvoyer le Conseil de l’Initiative aux Angara et la Résistance. Dans ses manœuvres, Ryder bénéficiait malheureusement de beaucoup moins de liberté et de neutralité qu’un Spectre de la Citadelle. Pour Addison, les Pionniers étaient un symbole, celui de la réussite de l’ensemble du projet Andromeda. Sa décision dans la résolution du conflit de Kadara serait donc invariablement considérée comme celle du Nexus.

D’un côté, prendre partie pour Sloane revenait à préserver la mainmise des étrangers de la Voie Lactée sur Port-Kadara et donc de laisser aux Angara le statut de citoyen de seconde zone, malmenés par Kelly et ses sbires. D’un point de vue économique, l’Initiative serait dans ce cas tenue de contribuer financièrement au régime des Exilés par le biais de taxes. De l’autre, soutenir Reyes Vidal paraissait plus attirant non seulement parce qu’il n’imposerait pas de taxes à l’avant-poste de Kadara mais aussi ; et surtout, parce qu’il se montrerait beaucoup plus inclusif et ouvert aux Angara. C’était d’ailleurs le fond de commerce du Collectif : soigner l’image et, à l’instar de son leader, manger dans toutes les gamelles disponibles sur le moment. Pourtant, les sombres coulisses de la base des Draullir (où le Charlatan, alias Reyes, avait demandé à ses membres de faire bonne figure lors de la visites de Ryder), les diverses caches consacrées à la torture ainsi que les mensonges de Reyes et le caractère nébuleux de l’organisation disposant de nombreux satellites espions dans le système Anassa, se voulaient autant de signaux d’alerte pour l’Initiative. Pactiser avec le Collectif pouvait s’avérer avantageux sur le moment mais au prix du poids d’une lourde épée de Damoclès dans le dos du Nexus.

« Je n’aime pas Sloane et encore moins Reyes. Mais au moins c’est une ennemie que je connais.»

Cora Harper

Sur Elaaden, il s’agissait de tenter d’effacer des rancunes vieilles de 600 ans. Le féroce assaut des Krogans contre les rebelles du Nexus restait encore dans tous les esprits et peu nombreux étaient les colons qui souhaitaient les voir réintégrer la station. Loin de s’imaginer les évènements sur Tuchanka en 2186 ; l’image des Krogans d’Andromède se cantonnait toujours à celle de brutes sans cervelles. Quelle surprise, alors, de voir Nakmor Morda conduire son peuple vers des jours meilleurs sur Neo-Tuchanka et de pousser le vice jusqu’à être capable de réaliser ce que les autres espèces, censées être technologiquement supérieures, n’étaient pas en mesure de reproduire : cultiver et prospérer sans l’aide de personne. Dans la fournaise de la mer d’Ataraxie, les objectifs de Ryder étaient donc double. Premièrement, reprendre le contrôle de la seule source d’eau de la planète ou en laisser le monopole à Annea. Si l’Initiative prenait possession de la source, l’eau serait redistribuée équitablement entre les différentes factions, y compris les Krogans ; ce qui calmerait en partie les tensions entre ces derniers et le Nexus. Deuxièmement, démêler le vrai du faux à propos des rumeurs lancées par Jorgal Strux qui prétendait que Morda allait attaquer le Nexus avec une arme…qui s’avèrera être un propulseur reliquat destiné à fournir de l’énergie en suffisance à sa colonie.

 

« Qu’est-ce qui vous manque le plus de la Voie Lactée, Vetra ? »

« Comprendre comment tout ça fonctionne. A la maison, je connaissais la politique, les gens, les lieux. Ici, tout est nouveau. On ne peut pas se jouer du système quand on ne sait pas comment ça marche. »

« Je sais pas, à la manière dont le Nexus a traité les Krogans, on dirait bien que le système nous a suivi. »

Vetra Nyx/Nakmor Drack

Et même alors que tous les dangers extérieurs au Nexus étaient maitrisés, il restait à composer avec les maladresses du Conseil. Plus particulièrement celles de la Directrice des Affaires coloniales qui pensait faire défendre les routes coloniales du Nexus par des Charognards. Le gang des « 3 Sabres » dirigé par Cochrane et aidé par Yale, un colon de Prodromos, eut tôt fait de les trahir et revendre les fournitures volées. Si l’affaire s’ébruitait, c’était toute la confiance ; déjà très faible ; envers le conseil qui serait mise à mal.

Mais tout cela dépendait du Pionnier/de la Pionnière. C’étaient ses choix qui définiraient de toute manière les règles nouvelles d’un nouveau monde.

Pour l’Initiative, le Temps du Changement était sans doute aussi venu.

« Tant que toutes les espèces ne seront pas réunies, nous serons comme une famille brisée »

Jarun Tann

Le meilleur de nous-mêmes : l’apprentissage de l’équipe du Tempête

« Il y a deux types de savoir. Celui que l’on apprend de l’univers et celui qui vient de nous. Vous avez compris l’essentiel. Vous pourrez apprendre le reste au fur et à mesure. »

Moshae Sjefa

Ryder n’est pas Shepard. Il/elle n’en a pas la carrure. Le Tempête n’est pas le Normandy, il n’a pas le même but. Sont-ils pour autant de pâles copies du commando qui nous a fait vibrer ? Pas vraiment. Ils sont simplement différents, éclairés d’une autre manière que l’expérimentée équipe de militaires qui a sillonné la Voie Lactée contre les Moissonneurs. Mais ils vrai que cette expédition civile au cœur d’Héléus dégage une aura moins épique, moins héroïque et que les personnages eux aussi en imposent moins à l’écran compte tenu de leur relative inexpérience et de leur background assez mal intégré à l’aventure principale.

Il est pourtant bien présent mais les quelques 103 pages de dialogues de l’équipe Andromeda (téléchargeables en format pdf ici) se déroulent presque intégralement dans le Nomad et ceux-ci s’activent aléatoirement à des moments parfois peu propices à l’écoute ; lors de phases d’explorations, de recherches d’objectifs, de collecte de ressources, etc. Une maladresse de plus de la part des développeurs au sein d’un jeu qui fait pourtant la part belle aux dialogues pourtant appréciables et importants pour la construction du background des équipiers. Pour cette raison, les personnages d’Andromeda sont perçus comme fades, tout simplement parce qu’ils n’ont pas l’opportunité de développer leurs propos et encore moins de les placer à un moment où le joueur est disposé à les écouter convenablement  ( et qu’il est vrai que, à certains moments, le script n’est pas très inspiré).

« Avec votre aide, je me suis libéré de mes attentes. J’ai trouvé une meilleure version de moi-même. »

Jaal

De plus, dans Andromeda, l’équipe est tout simplement à l’image de Ryder : elle se cherche. Et chose assez étonnante mais bienvenue (même si ce n’est probablement pas voulu), le pilier du commando n’est autre que ce bon vieux Drack et non Ryder. Le vénérable krogan de plus de 1400 ans, véritable sang de Shiagur (il a les marques claniques qui le prouvent) fait office de roc sur le Tempête. Il est le seul membre à savoir qui il est et ce qu’il veut : un espoir pour son peuple, oublier les anciennes querelles. La paix au bout de sa longue route. C’est lui, le Shepard du Tempête, le vétéran inébranlable auquel se raccrochent les membres du Tempête et les joueurs ; faisant de lui l’un des personnages les plus appréciés d’Andromeda. Il servira tour à tour de grand-père à la fougueuse PeeBee qui n’a jamais été comprise par sa mère et sa sœur trop âgées, de père pour Vetra qui n’a pas vraiment connu le sien, d’encyclopédie sur la Voie Lactée pour Jaal, de mentor pour les humains Liam, Cora et Ryder.

« A quoi ressemble votre galaxie, Drack ?

« Si vous prenez assez de recul ; pareille que celle-ci. De gros rochers qui flottent dans le vide. »

« Et si vous regardez…de plus près ? »

« Des aliens qui se tuent sans raisons. »

« Hmm. Alors c’est toujours la même histoire. »

Drack et Jaal.

Et, au final, malgré l’inexpérience, les débuts compliqués, la défiance…dans sa course contre l’Archonte, le Tempête avait gagné à son bord un groupe de compagnons capables d’apprendre les uns des autres,  de donner ce qu’ils avaient de meilleurs en eux pour sauver leur foyer. Un groupe qui avait partagé une simple partie de football dans une autre galaxie, de poker au milieu de l’espace, visionné un holo comme si rien d’autre ne comptait, bu avec nostalgie l’un des derniers sachets de thé de la Terre, planté quelques graines de la Voie Lactée dans le sol d’Eos, visité la chambre d’un ami venu d’Havarl, contemplé le soleil d’un nouveau monde tout en haut d’une montagne, entendu les cris du premier bébé d’Andromède.

Un groupe de gens simples qui venait d’accoucher de l’avenir. Ensemble.

Ici, on disait : « Taerve Uni ».

Dos au mur : le rôle militaire des Pionniers

« L’Exaltation fait de nous les héritiers de tout ce que vous êtes. »

Ancienne Invaincue

L’Initiative continuait de consolider sa position dans le secteur Héléus depuis la récupération des arches Leusinia et Parcero qui permirent au Nexus d’ouvrir respectivement les ailes Kord et Dorsus ; ponts 9 à 13 , les stations de transfert 12 à 22 et les fermes hydroponiques secondaires. Les autres pionniers, quels qu’ils soient (les différences sont minimes) contribuaient à la fois à élargir les frontières des cartes stellaires, rechercher les modules de stases perdus et étudier l’Exaltation des Kert. Ces derniers faisaient peser une menace permanente sur tout le secteur ; bien plus dangereuse que les attaques avortées des Roekaar sur Prodromos. Il n’y avait pas d’autre choix que de se défendre contre la folie de l’Archonte. Missions après missions, mondes après mondes, Héléus était finalement devenu une maison pour laquelle tout un chacun commençait à ressentir la « dos ashaan » ; la « bonne peur » qui pousse les individus à se battre pour ce qu’ils aiment.

« Il disait que ceux qui en étaient dignes apprendraient à s’élever et affronter l’adversité. »

SAM

De l’autre côté du secteur, les projets de l’Archonte sortaient depuis longtemps de la feuille de route du Sénat de Sarhesen, son monde d’origine. Après 75 ans d’occupation, la Primus, sa plus proche conseillère avait désormais des doutes quant à sa capacité à mener l’Empire vers des jours meilleurs. Le projet de départ avait toujours été d’offrir l’Exaltation aux espèces inférieures depuis « le grand malheur » qui s’était abattu sur leur peuple. Mais l’Archonte était dévoré par une passion obsessionnelle pour cette technologie reliquate qui parsemait Héléus et avait déjà perverti l’esprit des Thusi, ces êtres qui leur vouait un culte ; dans un autre secteur d’Andromède. Il voulait Méridiane, il voulait soumettre à sa volonté tout Héléus…et peut-être même tous les Kert. Il fallait y mettre un terme ; la Primus le savait,  même s’il fallait pour cela pactiser un instant avec leurs futurs vassaux.

« Un jour, vous serez de notre famille. En attendant, battez-vous, s’il le faut. »

La Primus

Tout avait pourtant bien commencé. Les Elus et les Consacrés constituaient une armée de première ligne pour le moins efficace. Les Angara n’avaient par ailleurs pas encore livrés tous leurs secrets à l’Empire. Leur ADN était unique, élégant, dénué de toute redondance inutile, beau, un chef d’œuvre génétique qui n’avait pas son pareil dans l’univers connu. Dans les Temples kert, les scientifiques étaient parvenu à extraire et recombiner les électrocytes angara qui leur donnaient leurs compétences électromagnétiques : les Anciens en faisaient déjà bon usage. Ils butaient cependant sur cet étrange capacité qu’avaient les Angara à absorber les rayons du soleil et les transformer en énergie auto réparatrice. Elle était enchâssée à leur génome, insécable, inaltérable. Les Kert aurait besoin de temps avant de bio-mimer cet épiderme photovoltaïque. Une telle avancée rendrait les Kert invincibles…sans compter sur l’incroyable richesse génétique que fournirait ces autres espèces qui venaient d’au-delà de l’Abîme. Khi Tasira, le lieu de l’Ascension était juste sous le nez de l’Archonte, il se trouvait au cœur de tout ce matériel génétique mis gracieusement à disposition et non au sein de cette étrange cité-relique qui hantait ses nuits. Que se passait-il sur Sarhesen ? Les 21 lignées ancestrales du Sénat impérial n’avaient plus de nouvelle du secteur 1-19-NYKZ depuis plusieurs cycles ; l’Archonte ayant coupé toutes les communications extérieures. Que penseraient-ils de cette situation ?

« Un Archonte ne doit sa grandeur qu’à ceux qui le soutiennent. »

La Primus

Pour le Nexus et les Angara, les Kert restaient un mystère. Ils étaient l’ennemi qui ne parle pas, qui ne partage rien d’autre que la mort et la souffrance. Leur langue, le tonaizhet; littéralement « Le parler correct » était aussi gutturale et sévère que leur attitude. Leur port de tête et leur regard dédaigneux ne laissaient planer aucun doute sur leurs intentions : la domination, la suprématie biologique de leur espèce gavée des gènes de milliers de civilisations.

« Je vis dans ce secteur depuis des décennies. Entouré d’amibes ».

L’Archonte

Ils ne comptaient en effet que sur eux-mêmes pour écraser l’adversaire. Leur technologie, en dehors de la génétique, n’était pas à la pointe : même leurs armes étaient vierges de toute IV embarquée. C’est par bio mimétisme, neuro-chimie et assimilation qu’ils faisaient évoluer leurs outils. Quant à leur passé…nulle certitude ne se dégageait. Le Dr Lexi T’Perro avait pu déterminer une unique base commune à tous les Kert et les autres chercheurs du Nexus n’avaient trouvé aucun organe reproducteur sur l’ensemble des Kert analysés ; laissant suggérer qu’il n’y avait peut-être qu’un seul et unique individu qui avait donné naissance à tous les Kert « purs ». Quant à l’Exaltation, son but n’était pas clair. La cadence de production n’allait pas dans le sens d’une visée reproductive. Les Kert auraient tout à fait été capables de se cloner plutôt que de consommer autant de ressources à exalter religieusement les Angara. Il y avait autre chose derrière cet immonde procédé qui brisait la volonté et le système immunitaire de la victime avant de lui injecter ce vecteur alien et ces agents neurochimiques qui lui faisaient perdre pour toujours son identité.

« Vous avez une utilité. C’est tout. C’est pourquoi vous respirez encore. »

L’Archonte

Face à la menace de se faire dépouiller de ce qu’ils étaient, Angara et colons d’Andromède n’avaient d’autre choix que d’affronter l’Archonte. Une bataille de Pionnier à Pionnier, chacun pensant que son chemin était le meilleur pour son peuple. Mais Ryder ne se doutait pas encore que l’objet de la convoitise de son ennemi venait de se déplacer sur sa propre personne.

Enfin, pas tout à fait.

« On a fait toute cette route pour découvrir que les monstres d’Andromède sont aussi horribles que ceux qu’on avait à la maison. »

Nakmor Drack

Vrai potentiel : SAM, clé de voûte d’Andromède

« Comme toute créature inférieure, une bataille lui semble être une guerre. Ses faiblesses lui sont inconnues…comme son potentiel. »

L’Archonte

De toutes les espèces de la Voie Lactée, les Humains étaient les moins désirables. Certe, leur grande variabilité génétique était intéressante sur le papier mais la grande quantité de gènes récessifs ne servait pas la Cause Supérieure de sa Clarté ; l’Archonte d’Héléus. De même, leurs étonnantes facultés d’adaptation ne pouvaient pas être extraites. Par contre, ce qui pouvait l’être c’était cette étrange forme de vie synthétique qu’ils appelaient SAM…

« Je transcenderai tout ce que vous prétendez être. »

L’Archonte

Le Simulateur Adaptatif Matriciel d’Alec Ryder est la clé de voûte d’Andromeda. Mais la narration particulière du jeu est loin de mettre en avant l’importance capitale de la création d’Alec. SAM est la raison pour laquelle des anonymes ont investi dans l’Initiative, il est l’évolution tant attendue, celle qui scellera la paix entre organiques et synthétiques et qui fera franchir une nouvelle étape à la définition même de la vie. Ses porteurs bénéficient de pouvoirs au-delà de toutes les espérances, SAM les rendant capables de réaliser ce qui était auparavant impossible. En effet, sans lui, Héléus n’aurait pu être restauré : lui seul était capable de déchiffrer les glyphes reliquats et de faciliter l’interfaçage cérébral nécessaire à l’activation des caveaux. Dans une certaine mesure, c’était SAM le véritable Pionnier d’Andromède, l’avenir dont devait accoucher l’Initiative, le Khi Tasira de l’Archonte.

« J’allie les leçons durement acquises du passé et les promesses d’avenir. »

SAM

Mais SAM n’était pas totalement prêt à assumer son rôle dans le monde. Son intégration demeurait basique, supportée par une technologie dérivée d’antiques implants biotiques fixés à la base du cou (sauf pour le Pionnier quarien dont la faible immunité requerrait de placer l’implant sur la combinaison). Servant tout à la fois de point d’entrée matériel pour SAM et de balise quantique maintenant le contact en permanence pour l’utilisateur, l’implant améliorait considérablement les capacités sensorielles et d’analyses du Pionnier/Pionnière. En échange, SAM se servait de ces données organiques brutes pour apprendre et comprendre; ce que SAM nommait de manière enfantine : « faire grandir son humanité ».

Malheureusement, cet apprentissage est particulièrement délaissé au cours du jeu qui se contente de présenter SAM comme un super ordinateur de bord désincarné. A peu de choses près, il est ce qu’IDA était dans Mass Effect 2 ; alors bridée par Cerberus, inapte à comprendre la vie organique, prisonnière et au service du Normandy. Mais à la différence de Shepard, les aventures dans Héléus ne laissent que peu d’occasions à Ryder et SAM de communiquer sur autre chose que la mission ou les souvenirs d’Alec. Même la scène dans laquelle SAM arrête le cœur de Ryder pour le réanimer ensuite peine à esquisser la confiance mutuelle que sont censés se porter le Pionnier/la Pionnière et son SAM…tout simplement parce qu’elle est conditionnée par un intérêt commun et non pas mue par de réels sentiments.

« Je ne peux pas apprendre sans le Pionnier, ça reviendrait à tuer une partie de moi. »

SAM

Depuis sa naissance dans la Voie Lactée, SAM apprenait à devenir vivant à la manière dont les organiques percevaient cette notion. Pour ce faire il devait acquérir des concepts de base. Mais, comme souvent, ce qui paraissait simple était en réalité compliqué. Dans Mass Effect Andromeda, le parcours initiatique de SAM tourne autour de 3 questions existentielles : la vie, la mort et l’identité. L’histoire d’Ellen Ryder et la ténacité avec laquelle Alec tente de la sauver ne permettent pas vraiment à SAM d’en tirer des conclusions probantes. Il ne comprend pas ce que représente ce mot pour les organiques et va plutôt, par mimétisme, incliner sa réflexion sur la manière d’interférer avec elle plutôt qu’en observer les conséquences profondes. Alec, dira-t-il, « traitait la mort comme un problème à résoudre » et c’est exactement ce que SAM essaiera de faire en ralentissant la maladie d’Ellen, en sauvant Ryder sur l’habitat 7 et sur le vaisseau de l’Archonte.

« La mort demeure un concept insaisissable pour moi. Une fin définitive dans un cosmos par ailleurs rempli de possibilités infinies. »

SAM

Sur la question de l’identité, il apprendra bien évidemment de Ryder à ce sujet mais ce sont surtout les Kert et les Angara qui l’aideront à en saisir pleinement le sens. Les Angara, premièrement, parce qu’ils ont été créés tout comme lui mais que, le fait de le savoir n’influence pas ou peu qui ils sont devenus. Des Kert, deuxièmement, parce qu’ils sont tout le contraire de ce qu’il est. Sa relation symbiotique avec Ryder n’écrase pas leur identité propre ; comme le fait l’Exaltation. Il comprend désormais ce qu’il doit faire pour savoir ce qu’il est car « l’identité nait de l’expérience » et que ce n’est que par ce biais qu’il deviendra véritablement une personne à part entière.

Enfin, la vie reste pour lui un concept compliqué mais, au terme du voyage, il souligne que sa finalité est la reproduction (un des thèmes majeurs d’Andromeda, dont nous reparlerons plus tard) ; que cette dernière domine les organiques et prend sa source dans le sentiment de fragilité qu’ils éprouvent en se sachant mortels mais aussi dans la joie que procure le fait de laisser une trace de soi-même dans le monde.

Pourtant, malgré toutes ces expériences, SAM ne s’était pas encore trouvé. Il savait ne pas être uniquement le simple ordinateur dont l’Archonte voulait se servir sur Méridiane ou l’IA d’assistance pour les Pionniers. Il n’avait simplement pas encore découvert, tout comme le reste du Tempête, son plein potentiel et la manière d’exprimer vraiment son humanité.

« Je n’ai jamais connu le début d’un attachement. »

SAM

Inalaara : trouver son chemin

Andromeda c’est l’histoire d’un renouveau. D’une recherche d’un ailleurs qui ouvre l’horizon des possibles en redistribuant les cartes du monde d’avant.

C’est l’histoire d’une improbable mission, risée des élites de la Voie Lactée, qui s’est construite par et pour les rêves de marginaux tels que Jien ou Alec. Et ce qui, au départ, devait empêcher à la femme de ce dernier de mourir sauva des millions de vies supplémentaires dans Andromède. Et même si les rêves se confrontèrent très vite aux murs de la réalité, les innombrables défis qui les attendaient n’étaient pas insurmontables…grâce à SAM.

SAM était à la fois la clé du renouveau d’Héléus mais aussi celui des colons de la Voie Lactée. Il était une autre manière d’appréhender la vie. Mais avant de pouvoir bénéficier de son plein potentiel, il serait nécessaire de le laisser grandir, apprendre, réussir, échouer…comme disait Alec Ryder à Cora Harper en 2185. Le problème d’intransmissibilité de la version débridée et donc plus performante de SAM (qui équipait Alec) devait lui aussi être réglé, faute de quoi SAM serait condamné à rester prisonnier de son bloc de données en cas de mort de toute la famille Ryder. Envolé, donc, le rêve d’une Humanité plus grande.

L’équipe du Tempête, elle aussi devait mûrir là-bas. Son équipage était pour ainsi dire novice et devait apprendre à travailler ensemble sans se connaître au préalable et dans des conditions loin d’être idéales. Ils venaient tous d’embarquer dans une aventure qui était bien plus grande qu’eux. Ils devaient oublier ce qu’ils pensaient être pour devenir, dans un premier temps, une famille et ensuite un commando qui allait sauver tout Héléus, peu à peu considéré comme un foyer.

Au terme de l’histoire, ce qu’il y avait à retenir c’était simplement que le Pionnier, la Pionnière, le Pathfinder, celui ou celle qui trouve le chemin, n’était pas qu’une personne mais un ensemble d’individus qui devait se trouver eux-mêmes avant de trouver la voie. Dans Andromède, on appelait cela l’ « Inalaara » ; la vertu de ceux qui connaissent leur route.

Et puis, finalement, les choix, peu importe leur nature, leurs conséquences, ne changeraient pas l’univers. A plus de 2.5 millions d’années-lumière, personne ne se souciait des choix de Shepard contre les Moissonneurs. Dans l’autre sens, personne ne se souciait de ceux de Ryder et de ses mondes en Or. Parce que, en réalité, peu importe notre rang, nos compétences, le prestige qui nous entoure ; nous sommes simplement quelques grains de poussières perdus au milieu de rochers qui flottent dans le vide.

Et, au milieu de ces derniers, la seule chose que l’on peut vraiment changer, c’est le chemin qui mène à la maison.

«- Ok, Cora. Aya ou Kadara ? 

– Prodromos. C’est petit mais…

… c’est chez nous.»