Mass Effect : Paragon Lost est un film d’animation centré sur le passé du Lieutenant James Vega, un des nouveaux personnages jouables de Mass Effect 3. Le but de l’animé est de développer son passé pour lui donner plus de relief au milieu des autres protagonistes extrêmement charismatiques tels que Liara, Tali, Wrex et bien d’autres. En développement depuis la sortie de Mass Effect 3, ce projet a été encadré par l’équipe de Bioware en charge de la license « Mass Effect » afin d’éviter les incohérences temporelles et de trop grands écarts d’interprétation par rapport à l’univers de la série.
En effet, Bioware a pris le risque de marier le savoir-faire asiatique à l’orientation très européenne de « Mass Effect ». C’est ainsi que FUNimation et Production IG, se lancent dans l’aventure et tentent de proposer leur vision de l’univers futuriste dépeint dans la trilogie du Commandant Shepard. Paragon Lost, déjà disponible en version anglaise depuis le mois de Décembre 2012, sortira en Mars 2013 dans sa version francophone et vous êtes sans aucun doute nombreux à vous demander si ce film mérite un investissement financier de votre part.
Paragon Lost en vaut-il la peine ? Notre avis, en détails.
« But you are not Commander Shepard. You are James Vega »
Dr. Treeya Nuwani
Le scénario
La première scène de Paragon Lost s’ouvre sur l’attaque d’une colonie humaine du nom de Fehl Prime. Située dans les Systèmes Terminus, cette dernière est sujette aux fréquentes attaques des pirates et esclavagistes qui rôdent dans cet espace dénué de lois et en dehors de la juridiction du Conseil et de l’Alliance. Cette fois, la capitale de Fehl Prime est assiégée par les Berserkers, un gang criminel basé sur Oméga et constitué principalement de Krogans, Vortchas et Varrens. Les barrières cinétiques sont en train de céder sous l’assaut du Krogan Archuk et de son second : Brood. L’appel de détresse est reçu par l’Alliance qui se hâte de rejoindre la colonie pour la défendre. Au sein de l’une des équipes d’intervention (l’Equipe Delta) se trouve un certains James Vega. Le scénario est, de prime abord, relativement classique. La première partie du film se résume à de l’action frénétique alors que l’équipe Delta se retrouve en difficulté contre les Berserkers. L’évolution du combat ne surprend pas vraiment puisque James Vega sort bien entendu vainqueur du terrible combat livré contre Archuk et sa bande.
Par la suite, James et son équipe restent sur la colonie sur l’ordre de l’Amiral Hackett et du Capitaine Anderson. L’Alliance souhaite améliorer les défenses de la colonie en y intégrant de meilleures barrières cinétiques et un canon de défense. Après une ellipse de deux années, un étrange signal est capté par Fehl Prime. Ce signal amène l’équipe Delta tout droit vers un artéfact étrange et d’origine inconnue. Ce dernier ressemble étrangement au monolithe Arca, dessiné pour le comics « Mass Effect : Evolution ». On se doute dès lors que les Moissonneurs et leurs esclaves ne sont plus très loin. L’artéfact est en réalité une balise qui va diriger les Récolteurs en direction de Fehl Prime…
C’est ainsi que la seconde partie du film commence, après 45 minutes d’introduction aux évènements qui vont suivre. Le rythme est alors plus soutenu et la tension devient largement plus pesante. On ressent, en effet, l’impuissance des colons et de James Vega face à une menace dont ils ne connaissent rien. L’animé prend une tournure beaucoup plus dramatique et réaliste qu’auparavant. Le Lieutenant va essuyer de nombreux échecs face aux Récolteurs et perdre une grande partie de son équipe. L’image du super-héros tout puissant s’efface à mesure que l’équipe Delta se fait décimer et que la totalité de la colonie humaine est récoltée inexorablement.
Cependant, le film d’animation ne parvient réellement à surprendre que dans son dernier tiers, grâce à la tournure tragique que va prendre l’assaut final et la mission suicide (qui n’est pas sans rappeler Mass Effect 2) entreprise par James Vega et ce qui reste de ses collègues. Cette ultime partie est très intense sur le plan émotionnel et va à l’encontre des schémas classiques généralement attendus pour ce type de production. Bien loin de la grande et belle fin hollywoodienne, nul doute que Paragon Lost réussira à vous vous immerger alors complètement dans l’histoire, malheureusement un peu trop tard.
Le respect de la série
Le souhait primordial des fans dans ce genre de production est le respect de la série qu’ils affectionnent. Mass Effect est un véritable monde à part entière avec ses règles, ses lois, son histoire, ses créatures. Il s’agit donc d’un aspect du film qu’il est important de ne pas rater puisque de lui dépend le succès ou l’échec marketing. Pour Paragon Lost, force est de constater que la série « Mass Effect » est globalement bien respectée. Explications.
L’aspect graphique très japonais est déstabilisant de prime abord et contraste parfois grossièrement avec la maturité propre à la série. Cependant, au fil des minutes, les yeux s’habituent à cette direction artistique, cette nouvelle vision souhaitée par Bioware et une esthétique générale se dégage de l’ensemble. On notera toutefois de grandes inégalités entre des scènes très bien dessinées et d’autres beaucoup moins réussies : le rendu final donne l’impression d’un travail réalisé dans la précipitation. Les visages , en particulier, sont excessivement mal dessinés de profil et lorsque la caméra adopte une position haute. Les personnages connus de la série, tels que James Vega, Hackett, Anderson et Liara sont également un peu trop éloignés du character design de départ, ce qui nuit à l’immersion d’un fan habitué à voir ces personnages modélisés en 3D dans leur style occidental d’origine. La palme d’or de la laideur revient aux Krogans et aux Vortchas qui ne ressemblent tout simplement pas aux espèces extra-terrestres qu’ils représentent. Les Récolteurs, quant à eux ne sont pas dessinés assez finement, leurs traits sont grossiers alors qu’ils représentent l’ennemi principal de l’animé. Les Engeances et le Général Récolteur sont, quant à eux, assez bien dessinés.
Toutefois, malgré ces imprécisions et ces libertés graphiques, le background de « Mass Effect » est scrupuleusement respecté. Il est ainsi appréciable de voir les soldats de l’alliance équiper leurs armes avec des cartouches thermiques, de retrouver le design parfaitement respecté de toutes les armes de la série (Vindicator, Mattock, etc), leur bruitage, les pouvoirs biotiques (Singularité, Stases, Projection, Déchirure), certains pouvoirs spéciaux (Fortication des Krogans), certains objets du jeu comme le Viseur Umbra et les Omnitechs, le Mako, le Kodiak et bien d’autres encore. Le comportement des différentes espèces est en adéquation avec le Codex de Mass Effect.
On retrouve donc avec plaisir la caractère violent des Krogans qui foncent dans le tas avec des armes lourdes et la polyvalence tactique des Humains qui débordent les ennemis sur les flancs et utilisent des drones de soutient en situation de combat. Aucune incohérence temporelle n’est à dénoter, la trame s’insérant parfaitement dans la ligne du temps de Mass Effect. Une erreur se glisse malheureusement à la fin de l’animé où l’on aperçoit James Vega habillé avec un uniforme ‘N7’ alors que ce dernier ne reçoit son invitation au programme d’entrainement N7 que le jour de l’attaque des Moissonneurs en 2186. On regrette aussi quelques ratés comme l’apparition étrange de Récolteurs géants qui ne font pas partie du background de base de la série, une balise prothéenne utilisée par le Dr. Treeya alors qu’elle ne possède pas l’Enigma (esprit collectif Prothéen) comme Shepard et la Citadelle qui flotte en orbite autour d’une planète alors qu’elle se trouve en plein milieu d’une nébuleuse.
Les mouvements des personnages, quant à eux, restent tout de même largement exagérés. On assiste, de fait, à des combats parfois plus proches de Matrix que de Mass Effect. James Vega devient un véritable acrobate capable de faire des bonds de 10 mètres avec une armure lourde et de terminer sa chute par un double saut périlleux. Néanmoins, ces détails ne perturbent que faiblement l’animé qui reste relativement fidèle à la série grâce à l’encadrement du studio de production par les équipes de Bioware.
Musicalement parlant, Paragon Lost est une bonne surprise. Les compositions de Joshua Mosley et David Kates s’inscrivent parfaitement dans la lignée de celles créées par Sam Hulick et Jack Wall. Pas de doute : Mass Effect est bien présent dans la musique de cet animé. Elle accompagne sublimement les combats et les instants dramatiques qui viendront rythmer l’aventure de Vega. L’apothéose se trouve dans les dernières trente minutes, absolument sublimes sur le plan musical.
Enfin, le thème du Paragon Lost est superbement amené tout au long de l’animé. Les différents choix que Vega effectue sont similaires à ce que l’on retrouve dans le jeu vidéo : ceux qui semblent bons sur le moment peuvent amener de graves conséquences tandis que ceux qui semblent mauvais ou cruels se justifient parfois avec le temps. James Vega apprendra à ses dépends que choisir se révèle plus difficile encore que de prendre simplement les armes et combattre une cible. La fin du film fait d’ailleurs particulièrement honneur aux choix concilliants/pragmatiques de Mass Effect, ce qui mérite d’être souligné.