Mass Effect : les voies de l’Evolution Abyss 21/07/2021

Mass Effect : les voies de l’Evolution

Sans l’Ezo (élément zéro), les organiques en seraient toujours à ramper dans les tréfonds de leur système d’origine à grand renfort d’Helium-3 et d’antiproton.

Mais les petits insectes sous surveillance des Moissonneurs ont déployé leurs ailes par delà les Relais et rien ne semble plus les empêcher de conquérir ce qu’ils pensent être leur univers. Les sociétés spécialisées dans l’exploration et la cartographie spatiale, à l’image de Barria Frontiers, s’en donnent à cœur joie et vendent chaque jour plus de mises à jour des cartes stellaires. De grands noms émergent également peu à peu au sein de l’industrie avec, en tête de liste l’Humanité et Eldfell-Ashland Energy qui s’imposent en grands patrons de l’extraction de matières premières ; comme l’Helium-3 et la création d’infrastructures nécessaires à la colonisation grâce à la fusion de Eldfell Constructions et Ashland Energy. Ça et là des entreprises telles que ExoGeni coordonnent la colonisation de planètes habitables tandis que d’autres comme Heyuan Genomics étudient et préservent la biodiversité sur Ontarom.

A plus petite échelle, les citoyens de ce petit bout d’univers sont assistés par de nombreuses technologies dont les Intelligences Virtuelles (IV), les omnitechs, les datapads, extranet, les ansibles quantiques et les interfaces haptiques. Tous ces jolis écrans lumineux, non contents de donner vie au monde de Mass Effect, lui confèrent indiscutablement sa signature visuelle si particulière.

Aux côtés de ces bijoux de technologie, la médecine et la génétique ne sont pas non plus en reste puisqu’une large majorité d’individus est d’une manière ou d’une autre modifiée par thérapie génique, que ce soit pour le plaisir d’obtenir un galbe crânien plus joli pour une Asari sur Illium ou pour créer une seconde jambe à un soldat blessé sur la Citadelle. Qu’elles soient cosmétiques ou curatives, les sciences médicales tapissent la toile de fond sonore ou visuelle de tous les lieux de vie de Mass Effect via les panneaux publicitaires et les annonces diffusées sur les places publiques, enrichissant davantage des lieux mythiques comme la Citadelle, Illium ou Omega.

Seule ombre technologique au tableau de ce monde idyllique : la maitrise de la gravité via l’Elément Zero et les courants électriques qui le traversent. La galaxie, pourtant débordante de talents, se repose depuis des milliers d’années sur une technologie imparfaitement comprise mais dont l’enjeu capital éclipse tout danger potentiel lié à son utilisation. Chaque jour, les relais sont usités sans vraiment en comprendre la nature et des milliards de vaisseaux passent en mode SLM par réduction de masse. Comment une galaxie aussi évoluée peut-elle se résoudre à utiliser la technologie de quelqu’un d’autre ? Qu’induit cette complaisance, cette facilité pour les races organiques ?

En analysant la galaxie de Mass Effect à partir de l’arrivée des Humains et au travers de son histoire et l’évolution ; au sens large ; de son univers, sa technologie mais aussi les choix généraux de ses contemporains, une grande ligne se démarque depuis les premiers spationautes jusqu’au moment fatidique où le Creuset va décider de son sort. La technologie du Creuset sera par ailleurs expliquée plus en détail. Vous découvrirez probablement avec surprise qu’un minuscule oubli de la part des développeurs aurait pu mettre en lumière cette arme souvent considérée comme tenant plus du space magic que du background général de Mass Effect.

Vous constaterez également que ce dossier laissera autant de réponses que de questions mais c’est là aussi, d’un certains point de vue, ce qui fait la beauté de ce monde si vaste et tangible que nous aimons parcourir encore et toujours.

« L’évolution est une chose incroyable. »

Commandant Shepard.

Gène-Ethique et transhumanisme

Bien avant les archives de Mars et les secrets du voyage SLM, l’Humanité entamait un profond changement dans sa manière d’aborder la vie organique et ses limitations. A force de persévérance, les scientifiques et chercheurs du 22ème siècle étaient parvenus à repousser davantage les barrières humaines par le biais de la bio-ingénierie.

La thérapie génique, bien que controversée, ne cessait de prendre de l’ampleur au sein des classes les plus aisées, qui pouvaient se payer le luxe d’un enfant « sur mesure » in utéro ou dans une éprouvette, de modifier leur génome afin d’éradiquer des maladies comme le cancer ou encore d’optimiser leur animal de compagnie. Mais le procédé restait cependant onéreux et lent, prenant plusieurs années à apporter des gains significatifs. Les études démontrèrent également que la thérapie génique fonctionnait mieux sur un sujet fabriqué en laboratoire plutôt que sur un fœtus déjà formé naturellement.

Sur Terre, l’espérance de vie humaine franchit la barre des 100 ans à mesure que la plupart des maladies génétiques disparurent. Forte de ses 11 milliards d’humains (hors population en orbite), la Terre n’allait pourtant pas mieux, souffrant de surpopulation et de problèmes environnementaux majeurs pour lesquels peu de solutions furent trouvées ; en dehors des villes les plus riches comme Vancouver et Londres, à titre d’exemple. Comme un signe de la providence, la découverte du relais de Charon propulsa in extremis l’Humanité vers d’autres cieux où elle put s’épandre sur d’autres mondes avant de rencontrer assez brutalement ses homologues aliens.

Peu après le 1er Contact avec les Turiens, le Parlement de l’Alliance se vit contraint de statuer au sujet d’un encadrement plus strict concernant la thérapie génique. Il était en effet tentant à l’époque d’essayer de combiner les ADN aliens avec celui des humains dans le but d’obtenir certaines de leurs capacités.

En 2161, la Loi Sudham-Wolcott voit le jour ; interdisant tout procédé génétique visant à créer de nouvelles capacités aux êtres humains. Seuls les traits préexistants pouvaient être améliorés (comme la masse musculaire, par exemple) afin de préserver le patrimoine génétique et la biodiversité humaine. A cela s’ajoutèrent les Lois Conciliennes limitant la création de tissus et animaux vivants doués de conscience au cadre strictement scientifique et médical. La sélection naturelle travaillait déjà bien assez sans que l’homme n’y ajoute son grain de sel. A titre d’exemple, les humains blonds devenaient rares au 22ème siècle car leur gêne récessif perdait du terrain face aux dominances brunes.

Au cours de la trilogie, plusieurs passages font référence à ces modifications sous contrôle; à l’image de Ashley Williams qui fut guérie de sa myopie par thérapie génique (l’Alliance offre un pack d’améliorations gratuites de la société MarsGene à tous ses membres) ou encore Mordin qui clone des tissus uniquement pour étudier et modifier le génophage.  Nous pouvons également citer quelques transgressions aux Lois sur la génétique, notamment lors de la création des Rachnis sur Noveria par la firme Binary Hellix ou celle du soldat krogan parfait, Grunt, par le professeur Hokir. Malheureusement, ces lieux échappaient complètement à l’emprise du Conseil et de l’Alliance et aucune sanction ne pouvait donc être appliquée.

Dans le même temps, certaines firmes élaborèrent des solutions qui ne reposaient pas sur la génétique mais plutôt sur les implants synthétiques. En 2160, soit 1 an avant la Loi sur la thérapie génique, la firme Synthetic Insights, dont le domaine de prédilection est la création d’IV pour les Mecas mais aussi l’élaboration secrète d’IA (pour plus d’infos sur ce sujet, voir la section « robotique » du dossier « La Guerre de l’Eveil ») met au point un appareil pensé au départ pour éliminer les effets secondaires de la maladie d’Alzheimer : la Boite Grise. Implantée chirurgicalement dans le crâne ; elle permet de classifier les données de la mémoire d’un individu en fichiers vidéos et en images. Sa pose et sa dépose ainsi que les bugs logiciels potentiellement dangereux pour les patients firent sombrer le marché des boites grises. Ces dernières furent conservées et utilisées par les agents secrets de divers gouvernements mais aussi par les voleurs professionnels comme le célèbre Keiji Okuda. On peut en quelque sorte considérer les boites grises comme le penchant logiciel de la mémoire parfaite des Drells.

Plusieurs décennies plus tard et malgré la banalité qu’est devenue la thérapie génique et l’augmentation par implants synthétiques en 2183, certains citoyens de la galaxie continuent de se poser des questions sur le bien fondé de ces pratiques. C’est le cas de Rebekha Petrovsky concernant son fils à naitre. Les médecins préconisent une thérapie in utéro afin d’éviter une hypothétique maladie cardiaque d’origine génétique mais doit-elle réaliser l’opération pour autant ? Après tout, rien ne garantit que son fils sera véritablement malade !

Miranda Lawson, personnage ô combien emblématique, s’interroge également sur sa nature artificielle, construite entièrement par son richissime père. A-t-elle droit à des éloges, elle qui n’a rien fait pour mériter de devenir ce qu’elle est ? Peut-elle se valoriser et s’aimer ?

Mass Effect nous esquisse de cette manière une humanité et une galaxie certes plus belles, plus fortes et plus intelligentes par le biais des avancées scientifiques mais, en définitive, que leur reste-t-il de naturel malgré les restrictions imposées par les responsables ?

Nous sommes en effet en droit de nous poser la question si l’on prend en considération que notre propre avatar, Shepard, est presque mort lors de la désintégration du Normandy. Il ne restait plus rien de son corps, qui a été entièrement reconstruit durant 2 ans au cours du projet Lazare ; par clonage de tissus, voire de membres entiers ainsi qu’avec l’aide de nombreux implants nano-technologiques. Le Dr Chakwas scannera de principe le Commandant au début de Mass Effect 3 et lui précisera qu’il est « on ne peut plus humain » mais peut-on encore le considérer comme un organique au sens strict du terme?

Medi-gel : le lien universel

Si l’antique technologie gravitationnelle à base d’ézo est ironiquement le lien entre les civilisations du futur, il existe aussi une autre invention qui est tout aussi unique et importante. Elle est de plus, et à la différence du voyage spatial trans-relais, l’entière création des espèces de ce Cycle.

Depuis l’envol des Terriens, une société humaine spécialisée dans la génétique, l’augmentation humaine et les soins de santé s’est largement démarqué de la concurrence : il s’agit de la Fondation Sirta.

Son succès, elle le doit principalement à ses recherches sur une toute nouvelle méthode de soins universels en situations d’urgence : le medi-gel. Bien qu’il soit le fruit de la modification génétique, l’ensemble de la galaxie fut bien obligée de faire une entorse à ses propres lois tant le rapport bénéfice/risque de l’application du medi-gel était largement en faveur de toutes les espèces vivantes de la Voie Lactée.

Ce gel modifié possède des propriétés anticoagulantes, anesthésiantes et réparatrices avec effet immédiat. En outre, il est totalement imperméable aux liquides et aux gaz, ce qui permet de sceller les plaies ouvertes et donc de diminuer drastiquement les infections locales et les septicémies. La portée d’une telle découverte est bien entendu immense en particulier en situation de combat où son utilisation peut sauver la vie des soldats. Il est donc naturel de voir son utilisation médicale détournée au profit d’une utilisation militaire.

Et bien souvent, dans Mass Effect, tout comme dans le monde réel, ce sont les tensions, les conflits, les guerres qui vont accélérer l’évolution de tels dispositifs. En 2185, soit 2 ans après l’attaque de la Citadelle par Saren, le medi-gel est incorporé aux armures des soldats. Des microprocesseurs vont gérer sa diffusion permanente sur le corps en cas de blessures. Cette petite astuce bien pensée par les scénaristes permet dans le même temps de justifier l’évolution du gameplay de Mass Effect 2 : c’est pour cette raison que Shepard récupère désormais sa barre de santé automatiquement alors que dans Mass Effect 1 il fallait utiliser manuellement le medi-gel pour la restaurer.

Notons aussi que l’universalité et l’efficacité du medi-gel mis au point par la Fondation Sirta propulse la firme au rang de leader galactique dans le domaine médical ; à tel point que les riches investisseurs Asaris de la colonie de Lusia sont prêts à sauver l’entreprise de la faillite si Shepard n’intervient pas (ou ne sauve pas assez de scientifiques) dans Mass Effect 1 lors de la prise d’otage par les fanatiques biotiques.

Malgré leurs connaissances scientifiques pointues (bien aidées par la balise prothéenne cachée) et l’appui de l’Université d’Aurais sur Thessia, les Asaris ne sont jamais parvenues à égaler les humains dans ce domaine. C’est plutôt vers les technologies de pointes liées aux omni-techs et les amplis biotiques qu’elles excellent ; avec comme fer de lance le Conseil de Serrice et d’Armali, gage de qualité et de cahier des charges rigoureux en ce qui concerne la sécurité des utilisateurs. Dans leur grande sagesse, elles mesuraient donc toute l’importance de la Fondation Sirta pour le bien commun.

La Fondation Sirta continuera quant à elle à développer des vaccins multi-espèces, une large gamme d’armures de combat axée sur l’état de santé et l’aide à la mobilité (mais se refusera à créer des armes létales) ainsi qu’une toute nouvelle technologie de screening biométrique dérivée du monde médical et utilisée massivement sur la Citadelle en 2186 par le SSC ; qui se trouve justement au mains des humains depuis la mort de l’Exécuteur Pallin.

En bref, s’il y a bien une création iconique qui symbolise le degré de connaissances scientifiques, le leadership humain et la volonté affichée de vivre ensemble dans le Cycle de la trilogie Shepard, elle ne pourrait être mieux représentée que par le medi-gel.

« Les gouvernements de votre cycle semblent vouloir assurer la survie de tous »

Javik

Domination pacifique

Les grandes évolutions scientifiques et technologiques trouvent bien souvent leur origine dans les conflits, le choc de deux cultures. Chaque espèce tente alors d’apprendre de l’autre et la surpasser dans certains domaines. Dans Mass Effect, la plupart des habitants de la Voie Lactée possède le même niveau technologique ezo-dépendant. Tout tourne en effet autour de l’élément zéro et ses effets sur la gravité.  Les différences sont donc minimes entre les espèces dominantes, notamment parce que la technologie actuelle n’est pas totalement maitrisée, qu’elle ne provient pas des espèces organiques mais bien des Moissonneurs, qu’elle n’a jamais été améliorée depuis des dizaines de milliers d’années et que le Conseil fait tout son possible pour privilégier la paix et le statu quo. Toutefois, dans l’ombre de cette paix fragile, chacun tente bien entendu d’avancer ses pièces sur l’échiquier galactique plus rapidement que ses voisins.

C’est donc tout naturellement que les Turiens, au passif guerrier conséquent, tiennent la dragée haute dans le domaine de l’armement avec comme champions les sociétés Haliat Armory pour l’entrée de gamme et Armax Arsenal pour le haut de gamme.

Tout comme le medi-gel en 2183, les armes ont, elles aussi, connu une amélioration importante. Grâce à la technologie geth récupérée après la bataille de la Citadelle, la surchauffe des armes cinétiques fait désormais partie du passé. Les cartouches thermiques, capables d’emmagasiner la chaleur, sont la nouvelle norme partout dans la galaxie. A bien y réfléchir, les Turiens et les Humains avaient déjà pensé à cette technologie lors de l’élaboration du Normandy SR-1 qui était capable de capturer la chaleur de ses moteurs gravitationnel et  antiprotonique dans des puits thermiques afin de le rendre « furtif ». Le Normandy était déjà une gigantesque cartouche thermique volante mais il aura fallu un contact avec les Geth pour décliner cette idée et l’inclure dans toutes les armes standards.

Dans le même temps et afin de consolider leur avantage militaire, les « volontaires Turiens » qui ont participé à la rénovation de la Citadelle après l’attaque étaient en réalité chargés de récupérer le maximum d’éléments de l’arme principale de Sovereign. Leurs trouvailles serviront, 11 mois plus tard, à créer un tout nouveau canon principal longue portée appelé… Thanix. Ce dernier est chargé avec un alliage liquide de tungstene, fer et uranium maintenu en l’état par un champ de contre-gravité généré par un cœur d’élément zéro. Lorsqu’il est propulsé, l’alliage en fusion se solidifie et déchire sa cible avec une puissance qu’aucune autre espèce n’est capable d’égaler. La miniaturisation des canons moissonneurs, heureusement largement partagée par la Hiérarchie Turienne, permettra au Normandy de se défaire du Cuirassé des Récolteurs en 2185 et aux armées de l’Alliance et de Palaven de répliquer à l’attaque de l’Augure et ses compatriotes en 2186.

Face à la menace potentielle, y compris celle des Geth, l’évolution de l’armement militaire conventionnel n’est que la pointe émergée de l’iceberg. Les tensions latentes dans la galaxie poussent irrémédiablement les gouvernements, les sociétés privés et leurs scientifiques d’horizons divers à développer davantage de solutions techniques diverses afin de prendre le dessus sur leurs concurrents ou vendre leurs découvertes aux plus offrants.

Au gré des missions, Shepard découvre la face cachée de la paix toute relative qui règne dans la galaxie. Si l’on peut en effet accepter la raison des expériences privées menées sur Noveria par le Dr Cohen (Binary Hellix ; à la solde de Saren et Benezia) au sujet du virus Thoros-B, capable de cibler et de rendre malades les espèces définies par l’utilisateur, il est plus choquant de voir les Galariens de Sur’Kesh mener des études sur les Varrens dans le but d’en faire une arme biologique contrôlable à souhait.

Les humains, eux aussi, sont loin d’être exempts de tout reproche, que ce soit pour leurs premiers programmes d’entrainement biotique maladroits dont faisait partie Kaidan Alenko ou les horribles expériences menées par Cerberus sur les Rachnis, les Zombis, le Sujet Zéro ou le projet Suprématie. On peut également évoquer la mascarade des Républiques Asaris qui se gardent bien d’évoquer la balise prothéenne de Thessia, du Leviathan de Dis capturé et exploité par l’Hégémonie Butarienne durant 20 ans et tant d’autres secrets jamais révélés.

« Je sens la haine dans l’air ; mais il n’y a pas de combats. C’est comme si… ils n’avaient pas envie. C’est bien ça ? Parce que ça m’a l’air idiot. Des règles et des paroles pour masquer leurs masques. »

Grunt.

Des Relais au Creuset : choisir l’impossible

Contre toute attente, la galaxie parvient enfin à se réunir autour d’un projet scientifique commun : le Creuset. La menace des Moissonneurs en 2186 est telle qu’il n’est plus question de chercher à prendre l’avantage sur les autres organiques mais bien de collaborer pour survivre.

In extremis, les archives prothéennes de Mars révèlent un énième secret, une nouvelle technologie mise au point durant des millions, peut-être des milliards d’années par d’autres Cycles. Il s’agit d’un dispositif dont la nature n’est pas vraiment claire et qui a déjà été déployé par les Prothéens il y a 50 000 ans. Malheureusement, les dissensions causées par les endoctrinés de leur époque firent échouer le projet.

Dans le Cycle actuel, mis à part les plans d’assemblage et la mention d’un « catalyseur » nécessaire à son utilisation, personne ne comprend son véritable fonctionnement. L’amorce de l’arme nécessite des quantités astronomiques de platine et son cœur d’élément zéro peut être amélioré par des condensateurs à Ezo optimisés qui ont été théorisés par les ingénieurs Adams, Donnelly et Daniels sur base du moteur gravitationnel du Normandy. Malgré d’intenses recherches, le Creuset reste une arme basée sur une technologie qui n’a pas été élaborée au départ par les organiques. Il demeure après tout un dispositif dérivé de l’ancestrale technologie gravitationnelle des Moissonneurs.

Les entrées du Codex le concernant devaient en principe être étoffées de croustillantes informations qui n’ont malheureusement pas été incorporées dans le jeu. Selon les rumeurs, le fonctionnement du Creuset reposerait en quelque sorte sur le même principe que le virus Thoros-B que nous avons évoqué plus haut : il  est capable de sélectionner sa cible lors de son déclenchement. La vague d’énergie déployée et amplifiée par le Catalyseur/Citadelle fait la distinction entre les éléments à faible poids atomique (comme le carbone, de numéro atomique 6 et qui compose toutes les espèces organiques) et les éléments à haut poids atomique. Le champs d’action du Creuset se situerait à partir du numéro atomique 41 : le Niobium. Cet élément, à la base des prothèses et des implants nano-technologiques Moissonneurs (il est utilisé de nos jours dans la plupart des prothèses chirurgicales) devait servir de moyen de ciblage pour le Creuset. Ce minuscule détail expliquerait avec précision pourquoi les organiques ne sont pas impactés par la vague d’énergie du Creuset tandis que les Moissonneurs et l’ensemble de leurs créations et technologies, Relais Cosmodésiques compris (mais aussi les Geth et IDA), sont endommagés ou détruits en totalité.

Malheureusement, ces entrées du Codex ont simplement été recyclées dans la description de l’Arme Moissonneurs « Etoile Noire » capable de cibler distinctement les éléments en fonction de leur poids atomique. Ces détails auraient pourtant permis aux joueurs de mieux appréhender et intégrer le Creuset à la fin de Mass Effect 3. Mieux encore, ils auraient rendu beaucoup plus évident le niveau de préparation galactique maximal nécessaire dans la fin Destruction pour que le Creuset ne détruise pas les Relais… et Shepard ; puisqu’il est lui-même reconstruit presque entièrement par nanotechnologie dans Mass Effect 2.

Moissonneurs : l’antithèse de l’Evolution

Loin des limites que s’imposent les organiques concernant la génétique, l’intelligence artificielle et la nanotechnologie se trouve le spectre des Moissonneurs.

Leurs abominables créations que sont les Brutes, les Cannibales, les Récolteurs, les Engeances, les Prétoriens, Zombis, Adjudants, Saren et tout le reste de leur armada illustrent parfaitement l’exacte situation que tentent d’éviter les Lois de Sudham-Wolcott, les restrictions sur les IA et l’interdiction concilienne de créer toute nouvelle forme de vie consciente par la science en dehors du medi-gel et de tout produit améliorant la terraformation d’une planète.

Le résultat parle de lui-même : sans cadre strict les dérives peuvent s’avérer inimaginables. Et bien que le Catalyseur se retranche derrière l’idée qu’il préserve la vie sous une forme nouvelle, il est évident que la biodiversité originelle a disparu depuis longtemps. De plus, les Moissonneurs sont certes le summum de l’évolution mais uniquement parce qu’ils ne laissent que peu de chances aux autres espèces.

Ils jouissent premièrement d’une parfaite maitrise de leur technologie. Ils connaissent évidemment tous les secrets de la Citadelle et des Relais. La Citadelle est gardée par les Veilleurs qui empêchent les occupants d’accéder aux zones critiques et les Relais quant à eux sont impénétrables, conservés par un puissant bouclier quantique et un système d’entretien automatisé, ne laissant aux autres aliens que le soins de les activer et les utiliser pour le voyage spatial et les communications extranet. Les Moissonneurs possèdent également l’avantage technologique d’une propulsion SLM qui ne dépend que du moteur gravitationnel ; là où les espèces inférieures doivent combiner un noyau gravitationnel et une propulsion classique a l’hélium 3 ou aux antiprotons. Les Moissonneurs de classe Sovereign ne font donc jamais « le plein » de carburant.

Deuxièmement, ils évitent soigneusement tout contact avant la Moisson ; ce qui ne laisse pas l’occasion à leurs ennemis d’apprendre d’eux et donc d’évoluer face à l’adversité. L’une des raisons de leur échec face à Shepard réside dans le fait que, de par ses actions, il a permis aux organiques d’entrer en conflit avec Sovereign avant la Moisson, de le battre et de récupérer des technologies auparavant hors de portée ; à l’image du canon Thanix pour les Turiens.

Sans ce contact initial, la supériorité des Moissonneurs aurait décimé le plus gros des forces alliés avant qu’elles n’aient pu avoir le temps d’adopter des contre-mesures adaptatives, d’évoluer en somme vers une forme de vie plus puissante et perfectionnée que celle souhaitée par les monstres de l’Abîme.

« L’extinction est la Loi du Cosmos, l’ordre naturel des choses. Les races les plus faibles sont condamnées à disparaitre »

Javik

Conclusion

Avant la venue de l’Humanité et, plus tard, le contact avec les Moissonneurs, la galaxie se complaisait dans ses habitudes. Engoncée dans l’utilisation systématique de la technologie gravitationnelle et le statu quo politique et militaire maintenu par le Conseil, aucune grande avancée technologique n’a vraiment eu lieu durant plusieurs dizaines de milliers d’années. Hormis quelques procédures de sécurité sur l’ouverture des relais en sommeil et quelques Lois sur l’utilisation régulée des armes de destruction massives, rien de transcendant n’a vu le jour depuis la Guerre Rachni et la Rébellion Krogane. Comme le dit si bien Javik, la Paix est « un mode de vie statique ». Et ce mode de vie, bien qu’honorable à tous les égards, a donné naissance à une galaxie moins étendue et technologiquement inférieure à celle de l’Empire colonial Prothéen mais bien plus confortable à vivre et profitable pour la majorité des êtres qui la compose.

L’Humanité,  bien plus téméraire et empressée que les Asaris va bousculer les habitudes des autres espèces. Pressentie comme un sérieux concurrent par le Conseil depuis leur résistance courageuse lors de la Guerre du Premier Contact, elle va stimuler les autres aliens et les pousser à s’améliorer.

Fort heureusement, cette course contre les autres ne dépassera, dans la plupart des cas, jamais les limites du raisonnable. Les organiques de Mass Effect ont le mérite de vouloir évoluer, s’augmenter sans se perdre en chemin. La thérapie génique a depuis longtemps démontré ses limites en permettant, certes, d’améliorer certains traits et d’abolir la plupart des maladies (mis à part le syndrome de Kepral) mais aller plus loin sur cette route c’est risquer de devenir « autre chose », de perdre de vue la nature si fragile de la vie. C’est pourquoi la société a imposé des barrières légales à cette pratique.

Pour pallier aux limitations de la thérapie génique, l’inclusion d’éléments synthétiques est monnaie courante dans la galaxie. De l’implant oculaire des Drells pour voir la bioluminescence des Hanari en passant par la jambe de synthèse du soldat blessé de Mass Effect 3 sans oublier le corps entièrement reconstruit de Shepard, la tendance semble clair. Si le rapprochement entre l’organique et le synthétique se profile comme inévitable, il est lui aussi bien plus encadré que celui prôné par les Moissonneurs.

Cette lecture du monde de Mass Effect au travers de la science et l’évolution tels que présentés dans la trilogie permet en outre d’ouvrir la discussion sur la Synthèse proposée par le Catalyseur à la toute fin du troisième opus. Si tout tend vers cette fusion de la vie, si la synthèse est belle et bien l’évidente prochaine étape de l’évolution, la solution des Moissonneurs n’est pas du tout dénuée de sens. Elle mettrait effectivement fin au chaos des organiques. Sa mise en pratique, par contre, l’est beaucoup moins compte tenu des nombreuses interrogations que suscite le Creuset. Quelle sera son action sur les organiques puisque son énergie est calibrée pour détruire uniquement les éléments synthétiques à haut poids atomique ?

Ne serait-il pas préférable de ne finalement rien choisir et conserver le Libre Arbitre de toute une galaxie afin de laisser une chance à la vie de continuer sur le chemin qu’elle s’est elle-même fixé ? Et que dire alors du Contrôle des Moissonneurs qui est totalement dénué d’explications ? Dans le cas de la Destruction, comment se passer des Relais puisqu’aucune autre technologie de voyage spatial n’a vu le jour ? Au mieux, Samantha Traynor évoque la possibilité d’adopter une méthode de communication quantique instantanée ; supérieure aux ansibles grâce aux données recueillies auprès des Rachni mais à aucun moment dans Mass Effect, le voyage SLM basé sur l’Ezo n’a été remis en cause… car aucune autre solution n’a émergé des esprits les plus brillants de la Voie Lactée.

Mais il est trop tard. Vous n’avez plus beaucoup d’options. Chaque fin de Cycle voit apparaitre des technologies au-delà du niveau scientifique de l’époque. Et tout comme les derniers Prothéens sur Ilos face au Canal, vous voilà à votre tour face à votre ultime création, le Creuset, dont vous ne connaissez finalement pas grand-chose.

Appuierez-vous sur la gâchette du Creuset ? Que choisirez-vous pour votre Univers ? Quel nouveau chemin donner à 50 000 ans d’Evolution ?

Hâtez-vous mais sachez que tout comme lors de votre traversée du Canal sur Ilos…

… il n’y aura plus jamais de retour en arrière.

« C’était une époque désespérée »

Primarque Victus