Critique des comics Mass Effect Foundation Simon N7 03/01/2015

Critique des comics Mass Effect Foundation

Pour clôturer l’ère Shepard, Bioware s’est associé une nouvelle fois avec l’éditeur Dark Horse pour proposer une série de comics centrés sur plusieurs coéquipiers de Shepard. Ces personnages sont tous liés d’une manière ou d’une autre à Maya Brooks (Rasa), personnage mystérieux connu par les joueurs depuis le DLC Citadelle. La série s’est établie sur 13 numéros à parution mensuelle, disponibles sous formes digitales puis papiers aux USA, au Royaume-Uni ainsi qu’en Allemagne.

En France, Delcourt, l’éditeur possédant les droits sur la licence Mass Effect, n’a pas encore annoncé d’édition française depuis le dernier numéro paru en juillet aux USA. C’est notamment pourquoi, nous vous avions récemment partagé les traductions françaises proposées par Geek-A, une fan française. Ce sont ces mêmes traductions (9 numéros sur 13 pour le moment) qui nous ont également permis de vous proposer ce bilan sur la saga Foundation. Cet article ne jugera donc pas la qualité des traductions des comics. Notez également que notre critique aborde nécessairement des spoils liés aux comics Foundation et au DLC Citadelle.

Les couvertures

Commençons parce qu’offre en premier lieu les comics : la couverture. Pour la saga Mass Effect Foundation, Dark Horse a fait appel à un français, Benjamin Carré, pour réaliser les 13 couvertures des 13 numéros.

Le français aurait pu réaliser un sans faute s’il n’avait pas proposé la couverture du dernier numéro, montrant un duel entre Kai Leng et Maya Brooks (alors que le premier cité n’est pas présent dans le numéro). Le visage et la chevelure de Kai Leng ont été particulièrement ratés.

Passé ce numéro, les 12 autres couvertures se révèlent très attrayantes et représentent fidèlement l’aspect physique des personnages. On aurait même apprécier un comics s’appuyant sur cette façon de dessiner.

Les dessinateurs, par ordre de préférence

  • Matthew Clark : tomes 5 et 6 – (nouveau dessinateur sur Mass Effect)
  • Omar Francia : tome 1 – habitué des Mass Effect (Homeworlds, Invasion, Evolution, Redemption…)
  • Tony Parker : tomes 2, 3, 4, 8, 9, 10, 11, 12 et 13 –  (nouveau dessinateur sur Mass Effect)
  • Garry Brown : tome 7 –  (Homeworlds, le One-Shot Comics sur Joker)

Les dessins

La multiplication des dessinateurs implique un changement récurrent de l’apparence des personnages de la saga. C’est l’un des points les plus déroutants de cette série, aucun personnage ne parvient à garder la même apparence physique à chacune de ses apparitions à travers les différents épisodes. Maya Brooks, étant le personnage central de cette série, elle est la première à se voir « massacrer » d’épisode en épisode.

Sa véritable apparence n’est respectée que sur le premier numéro. Les épisodes suivants enchaînent avec des personnages au look de pin-up affirmée et revêtant la tenue noire de Miranda, mettant le doute dans l’esprit du lecteur, jusqu’à des déguisements ridiculisant le personnage lors de certaines séquences.

Les autres personnages ne sont pas épargnés : Ashley et Kaidan, Kai Leng ou encore l’Homme Trouble passent d’une apparence à une autre, ou sont tout simplement méconnaissables. Étonnamment, ce sont souvent les personnages extraterrestres qui sont les mieux traités : Thane, Wrex ou encore Mordin.

Il aurait donc été souhaitable que la série soit prise en charge par un seul et même dessinateur. Pour cela, Matthew Clark aurait été un très bon choix ! Au niveau des décors, les différents dessinateurs ont fait le boulot avec de très jolies représentations de Bekenstein, de la Citadelle ou encore de vaisseaux.

Nous vous proposons de découvrir les dessins des comics sous deux angles d’approche : les dessins réussis (à nos yeux) puis les personnages dont l’apparence physique évolue à presque chaque numéro (à cause du changement de dessinateur principalement).

Exemples de dessins agréables à l’oeil :

Exemples d’évolutions de personnages, ou simplement de personnages ratés :

Les histoires

foundation-episode-jacob-mirandaTout d’abord, il est important de noter que ces comics sont censés narrer une histoire sur moins de 30 pages (exception faite de Miranda/Jacob). Partant de ce constat simple, il ne faut donc pas s’attendre à profiter d’histoires approfondies.

Néanmoins, certains épisodes parviennent à faire le job sur un numéro. Le numéro 12 parvient par exemple à relater la rencontre de Thane avec une drell qui deviendra sa femme et donc la mère de Kolyat, tout en approfondissant l’univers de la saga en nous montrant succinctement les relations entre Thane et les Hanari.

A contrario, le numéro 7 basé sur Jack est un échec, car en plus du dessin médiocre de Garry Brown, l’épisode ne fait que montrer la rage destructrice bien connue du sujet Zéro sans dévoiler quoique ce soit de son passé. L’achat à l’unité de ce type de comics pourrait s’avérer bien frustrant ! Globalement, c’est un problème qu’on retrouve fréquemment à certains passages où nous n’avons pas l’impression d’avoir tous les éléments clés de l’histoire en main.

Les numéros 5 et 6 possèdent une particularité, ils sont focalisés sur Miranda et Jacob et se font suite. Le nombre de pages doublé, on note par conséquent une histoire plus développée. Se pose donc la question suivante : pourquoi ne pas avoir segmenté cette série sur le même principe, un personnage sur deux numéros ? La série aurait pu approfondir l’univers Mass Effect tout en supprimant certaines phases répétitives.

foundation-maya-brooksMais revenons au personnage central de cette série de comics : Maya Brooks. Ce personnage que nous avons découvert dans le DLC Mass Effect 3 : Citadelle vient servir de prétexte à Mac Walter (scénariste de Foundation mais également des deux derniers Mass Effect) pour découvrir le passé de certains des coéquipiers de Shepard.

Dans certains cas, Maya rencontre les personnages lors de missions d’investigation, c’est notamment le cas avec Ashley. Elle va aussi consulter les profils des coéquipiers en vue de préparer la mission suicide, ce qui introduira des séquences de leur passé. Puis certains personnages se dresseront sur la route de Maya, comme Thane. Mac Walters a tenté de diversifier l’introduction des personnages plutôt astucieusement… même si malgré tout au 12ème numéro, cela peut commencer à devenir rébarbatif !

En ce qui concerne le personnage même de Maya Brooks, Mac Walters a imaginé une femme torturée psychologiquement suite à une enfance particulièrement difficile. En confrontation quotidienne avec Miranda ou Kai Leng, Maya Brooks s’avère être un personnage solitaire, dont le lecteur pourrait au final avoir de la compassion. Malheureusement, comme expliqué dans la partie consacrée aux dessins, le fait de multiplier les dessinateurs casse l’immersion du lecteur qui est amené à découvrir une nouvelle apparence physique de Maya Brooks à plusieurs reprises.

Malgré cela, les différents épisodes nous permettent de mieux comprendre les motivations de Maya Brooks, alias Rasa, lors des péripéties du DLC Citadelle. Brooks n’a confiance en personne, et ce dés son plus jeune âge, elle se cherche une place… se rend compte que Cerberus n’est plus un lieu accueillant pour ses ambitions personnelles, puis décide de forger son propre destin à l’aide du clone de Shepard. Un clone envers qui elle peut avoir confiance, car il s’agit ni plus ni moins d’un pantin. Cette folie va l’a mener à une quête utopique : remplacer Shepard à l’aide de son clone, et décider du sort de la galaxie en fonction de ses idéaux xénophobes. Une quête qui peut encore aujourd’hui faire sourire plus d’un joueur de la trilogie, mais qui reste pourtant pleinement encrée dans l’univers Shepard.

Enfin, terminons cette partie sur l’une des plus grosses incohérences de Foundation vis à vis du DLC Citadelle. Dans la série Foundation, Miranda Lawson rencontre régulièrement Maya Brooks, qu’elle connait sous le nom de Rasa. De plus, Miranda est tout à fait au courant du projet de clonage de Shepard, il n’en fait aucun doute. Or durant le DLC Citadelle, lorsque Shepard aborde le sujet du Clone/Maya Brooks avec Miranda, cette dernière prétend ne pas avoir été mis au courant de l’existence d’un clone, puis dit connaitre Maya Brooks sous le pseudo de Hope Illium…or elle, comme tous les collaborateurs de Cerberus, l’appelaient « Rasa ». Rappelons une nouvelle fois que l’auteur des comics est Mac Walters, auteur de Mass Effect 2 et 3 ! (extrait vidéo de l’incohérence)

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Les 5 comics préférés

12 : Thane rencontre Irikah, drell qu’il épouse. L’épisode nous montre la relation qui lie Thane aux Hanari, puis l’apparence d’une drell. Ce numéro vient parfaitement compléter l’histoire de Thane. Certains dessins de Thane sont très fidèles au personnage. On note tout de même certains dessins de Thane ou de sa compagne quelque peu expédiés par Tony Parker.

5 et 6 : Miranda Lawson et Jacob Taylor partent à la recherche du corps du commandant Shepard. L’occasion de découvrir les prémisses de leur relation professionnelle. Les dessins de Matthew Clark, nouveau dessinateur au sein de la saga Mass Effect, y sont très réussis. Le dessinateur a bien retranscrit la personnalité des personnages ainsi que leurs apparences physiques, et il n’a pas hésité à faire des plans rapprochés sur les atouts de Miranda, chose que les deux derniers jeux faisaient fréquemment.

11 : Zaeed est chargé de détruire un vaisseau militaire turien. Une mission chargée en rebondissement et en « humour ». Une mise en scène soignée et prenante. Zaeed s’avère être un bon client pour les comics.

9 : Ce numéro relate les péripéties de Mordin lors de la mise en place du génophage krogan, une brève introduction sur le passé du galarien mais qui reste bien construite et joliment mis en scène par Tony Parker. La personnalité du galarien y est très bien reproduite.

 

Les 5 comics les moins appréciés

7 : En plus de donner l’impression d’être bâclé au niveau du dessin, ce numéro n’offre aucune réelle révélation sur le passe du sujet Zéro. Le numéro donne le sentiment d’avoir été produit pour compléter la série d’un épisode supplémentaire. Nous espérons sincèrement que Garry Brown, dessinateur de ce numéro, ne sera pas rappelé pour d’autres comics Mass Effect (il avait déjà notamment œuvré sur le comics gratuit centré sur Joker).

3 : Centré sur Ashley Williams, ce numéro narre les combats d’Ashley et de son unité sur Eden Prime. Sur ce point là, rien à redire, l’histoire choisie est intéressante. En revanche, la jeune femme se voit torturer par le crayon de Tony Parker qui ne parvient pas à reproduire le visage « officiel » ni même à reproduire sa propre version tout au long de l’épisode.

4 : Nous découvrons le passé de Kaidan Alenko sur la station Gagarine, un lieu spécialisé pour les jeunes biotiques. La vingtaine de pages nous montre un Kaidan méconnaissable, doté d’une musculature et de pouvoirs dignes d’un manga japonnais. Alors qu’il tue un professeur lors d’un exercice (mort bien méritée, mais tout de même il s’agit de son professeur), Kaidan se voit contraint de retourner sur Terre chez ses parents. Une sanction assez surprenante…

13 : Tout d’abord, l’horrible couverture de ce dernier numéro s’avère mensongère : Kai Leng n’y est pas présent ! Ensuite, c’est le combat Brooks/Lawson qui manque clairement de clarté. Il s’avère très difficile de comprendre qui est qui dans cet affrontement tant Tony Parker n’a pas su différencier suffisamment les apparences des deux agents.

10 : Kasumi part en mission avec son ami… mais l’objectif n’est jamais vraiment cité clairement. On se retrouve donc à suivre les deux protagonistes sur Bekenstein, sans trop connaître l’objectif exact. Une introduction plus développée aurait permis de mieux cerner le contexte. Puis, l’épisode ne fait aucun lien avec Maya Brooks. Il pourrait presque être jugé à ce titre comme un hors sujet.

Bilan

Irrégularité, c’est le mot qui nous revient le plus à l’esprit après la lecture des 13 numéros. Surement pour une question de temps, Dark Horse a fait appel à plusieurs dessinateurs. Grossière erreur qui a entraîné de nombreuses déceptions au niveau des dessins. En ce qui concerne, le fond, l’histoire, cela reste plus harmonieux et s’enchaîne relativement bien. Les joueurs en apprendront davantage sur la plupart des coéquipiers de Shepard, mais surtout sur Maya Brooks, le fil conducteur de cette série. On se souviendra tout de même de l’énorme incohérence vis à vis de Miranda Lawson dans le DLC Citadelle qui prétend notamment ne pas connaitre l’existence du Clone.

A l’issue du dernier numéro, on pourrait regretter de ne pas avoir pu bénéficier d’un numéro centré sur la relation entre Maya Brooks et le clone de Shepard. Cela aurait permis de mieux cerner les intentions du duo lors de leur tentative de renversement du DLC Citadelle. Au final, malgré ses nombreux défauts, cette série de comics reste un indispensable pour les fans de la saga car elle offre un prolongement modeste mais correct de l’univers Mass Effect. Certains épisodes valent vraiment le détour. Pour en profiter, les fans peuvent soit acheter les versions papiers anglophones (un album complet est attendu pour mai), découvrir les traductions de Geek-A sur MEU ou espérer la sortie d’une édition française pour 2015 !

On a aimé

  • La qualité des dessins de Matthew Clark et Omar Francia
  • Les personnages extraterrestres, comme Wrex ou Mordin, très bien mis en valeur
  • L’hommage « bad ass » rendu à Zaeed dans son numéro explosif
  • Les doubles épisodes sur Thane puis Miranda/Jacob, prenant et plaisant
  • La construction de la personnalité de Maya Brooks, utile pour comprendre les événements du DLC Citadelle
  • Les couvertures de Benjamin Carré qui mériteraient parfois d’être proposées en poster
On a moins aimé

  • Plusieurs dessinateurs : irrégularité dans les dessins, surtout pour Brooks
  • Tony Parker ne parvient pas à garder de régularité dans ses dessins
  • La couverture du dernier numéro, j’en fais encore des cauchemars
  • Le numéro 7 sur Jack dessiné par Garry Brown (pauvre Jack)
  • Les visages d’Ashley et Kaidan
  • Le clash entre Cerberus et Brooks, pas très bien défini
  • L’histoire sur Kasumi, sans lien apparent avec Maya Brooks
  • Les incohérences vis à vis de Miranda dans le DLC Citadelle