L’histoire des Butariens, largement sous-estimée, est riche de nombreuses anecdotes disséminées partout dans Mass Effect. Elles permettent de recréer un récit de leurs péripéties depuis leur premier décollage de Khar’shan jusqu’à leur tragique destinée.
De plus, le Raid Skyllien initié sous leur impulsion est une part non négligeable du background de Mass Effect. Le Raid et la réponse militaire qui en résulte vont en effet sceller l’opinion galactique au sujet de l’Alliance et offrir ses premiers galons à Shepard (qui n’est pas encore Commandant à cette époque). Cet épisode étalé sur huit ans fait également intervenir de nombreux personnages secondaires qui mériteraient d’être mis davantage en lumière. Le récit qui en découle offrirait très certainement la base idéale à l’élaboration d’un jeu a part entière mettant en scène notre commandant préféré. Il est suffisamment détaillé dans sa trame de fond que pour permettre d’y greffer une aventure inédite pour le jeune Shepard.
Ajoutons que les Butariens sont loin d’être aussi inintéressants et cruels que supposés. Au regard des informations récoltées sur l’ensemble de la trilogie il est clair que les civils butariens sont simplement les victimes du régime dictatorial de l’Hégémonie et des forces qui le constitue.
La manière dont le régime fonctionne nous rappelle nos heures les plus sombres mais aussi les plus grandes victoires de la liberté sur la tyrannie. Sa fin, inévitable et violente ne sera finalement le fruit que des trop nombreuses erreurs d’appréciations sur le plan politique, une culture du secret bien trop présente et un isolement destructeur à une époque où la galaxie avait plus que besoin d’être soudée.
« Afin de réclamer notre place dans la galaxie »
Ka’hairal Balak
Coup d’œil sur le passé et la culture des butariens
Le passé des natifs de Khar’shan est nimbé de secrets détenus jalousement par l’Hégémonie.
L’on sait simplement que leurs ancêtres étaient dirigés par de grands monarques, dont le Roi Verush, qui donna son nom à une des planètes du système d’origine des Butariens, le système Harsa. Leurs coutumes sont également très opaques mais il est confirmé qu’ils vénèrent d’anciens écrits appelés « Piliers de la Force » et que les yeux étaient (et sont toujours) un élément central de leur culture. En effet, les Butariens croient que l’âme sort du corps par leurs quatre yeux au moment du décès. L’insulte suprême pour un Butarien consiste à arracher les yeux de son adversaire afin que son âme ne trouve jamais le repos. De surcroit, ils considèrent que les êtres disposant de quatre yeux sont supérieurs aux autres.
Sur ce principe de supériorité, leur société s’est constituée en castes permettant d’accéder à divers avantages et fonctions d’importances selon le niveau social. On notera ainsi de nombreux butariens lambda au cours de l’aventure mais aussi des aristocrates comme le personnage d’Edan Had’dah. A priori et contrairement aux Turiens qui prônent la méritocratie, il n’est pas possible de gravir les échelons chez les Butariens. Il est très mal perçu pour un Butarien de classe inférieure d’outrepasser ses prérogatives.
C’est très probablement l’association de ces deux principes (supériorité présumée et système de castes) qui rend la notion d’esclavage absolument banal dans une société où il est finalement normal de se soumettre à plus fort que soi. De nombreux rapports confirment l’utilisation constante de contrats de servage ou d’esclavage pur dans toutes les colonies et exploitations industrielles butariennes.
Une autre particularité intéressante chez cette espèce à quatre yeux est l’intérêt porté à la gestuelle. Un simple mouvement de la tête vers la gauche ou la droite peut souligner une marque de respect ou le plus profond mépris.
Au fil du temps, la monarchie cèdera peu a peu sa place à un gouvernement probablement dictatorial : l’Hégémonie. Elle centralise le pouvoir sur Khar’shan mais délègue ce dernier à des gouverneurs dans les colonies. Le Ministère du Contrôle de l’information assure pour sa part un énorme rôle de censure quant à l’information qui sort ou rentre sur l’extranet butarien ; accroissant davantage son emprise sur la population par la propagande et la déformation d’information.
Vraisemblablement, la haine vouée aux Humains est la conséquence des actes de cet état totalitaire qui tente de masquer ses erreurs diplomatiques en incitant sa population à haïr une espèce étrangère au Régime. Une manière comme une autre de détourner l’attention des citoyens pour mieux les garder sous contrôle. A défaut d’être une société bienveillante et visionnaire, haïr les Humains et les combattre permet a l’Hégémonie d’unifier par un but commun son peuple tout entier. En vérité, les civils butariens n’ont jamais vu d’Humains ailleurs que dans les journaux du régime ou au cours d’exécutions publiques…
Mais pour l’instant, remontons le temps pour revenir au Roi Verush.
Il baptisa les lunes de la planète portant son nom en l’honneur de toutes ses épouses (sa propension à se reproduire était telle que 0.6 % de la population butarienne descend probablement de lui) dont une qui prit le nom de Bira et qui allait devenir l’objet de toutes les convoitises sur Khar’shan.
C’est en effet sur cette lune secouée par d’intenses séismes que les premiers spationautes butariens découvrirent une balise prothéenne, graal suprême vers la conquête des étoiles. Bien qu’endommagée, la balise leur permit de voyager plus librement dans leur propre système mais aussi d’en sortir. Le fait d’avoir bénéficié de moins de données prothéennes que les autres espèces demeure encore aujourd’hui un objet de propagande et de fierté au sein du gouvernement butarien.
Leur première destination fut la planète voisine Dezda et plus tard Vana afin d’y puiser de l’uranium si rare sur leur monde d’origine. La planète Camala quant à elle, approvisionnait la flotte butarienne de précieux Ezo .
Les Butariens établirent ensuite rapidement des stations d’extraction d’hélium-3 sur Bastzuda, Azimire et Urmola et colonisèrent les planètes Aratoth (par terraformation intensive via des cyanobactéries) et Camala.
Expansionnisme butarien : Les yeux plus gros que le ventre
N’est pas Prothéen qui veut.
C’est la dure leçon qu’allait apprendre l’Hégémonie au cours des siècles qui suivirent leur expansion.
Leurs voyages conduisirent invariablement les Butariens sur la Citadelle où ils intégrèrent l’espace concilien avec une ambassade ouverte un siècle après celle des Volus. On pourrait imaginer que les Butariens se satisfassent de leur sort. Après tout, être intégré rapidement au sein du Présidium était déjà un prestigieux accomplissement et ouvrait de nombreuses portes économiques et politiques.
Mais si l’expression humaine « l’habit ne fait pas le moine » est vraie, elle ne s’applique visiblement pas aux Butariens.
Leur apparence agressive n’était pas qu’une simple manière d’intimider mais bel et bien un reflet de leur nature la plus profonde. L’Hégémonie se pensait déjà supérieure et prête à prendre les commandes de la galaxie…
Cependant, les illustres Prothéens qui ont bâti un immense Empire par la force et l’esclavage (tout comme le souhaiterait l’Hégémonie) avaient pour eux une technologie de pointe et des capacités d’analyse innées (via le sens du toucher) que ne possédaient pas les Butariens.
Leur seul point commun avec eux se résumait à l’arrogance…
Une arrogance qui les poussa à bousculer leurs récents voisins asaris et galariens en s’appropriant de force la colonie indépendante d’Esan dans la nébuleuse d’Omega en 1913 (rebaptisée Lorek) ou en bombardant auparavant le monde galarien de Mannovai en 1785. 2115 fut également le témoin d’une bataille mineure entre les forces conciliennes et les Butariens aux abords de la planète Enael.
Les Butariens se sentaient pousser des ailes car le Nid du Milan, véritable berceau de leur peuple, devenait trop petit pour leur insatiable appétit d’ogre malgré les quatre systèmes solaires de leur cluster d’origine : Harsa, Vular, Indris et Untrel.
Un appétit que peinait à combler le petit système Bahak dans la nébuleuse de la Vipère…
Toutefois, la réaction des autres espèces conciliennes face aux provocations butariennes fut plutôt modérée, en dehors de quelques sanctions diplomatiques et commerciales. La Rébellion Krogane et la Guerre Rachni avait laissé de profondes blessures derrière elles et il n’était pas question de relancer des manœuvres militaires d’envergure.
Leur vengeance attendrait.
Le Raid Skyllien : garder l’ennemi à l’œil…
En 2160, la récente espèce humaine commence à coloniser la Bordure Skyllienne et, de manière plus générale, la Travée de l’Attique, une zone disputée en permanence par les Systèmes Terminus et le Conseil du fait de sa très forte concentration en mondes-eden.
[Note : La Bordure Skyllienne est une zone aux contours non définis et non officielle ; à ne pas confondre avec la Bordure Extérieure (Far Rim, en VO) et la Bordure de Kepler. Il s’agit d’une ligne de démarcation entre l’espace humain et butarien, âprement disputé, et qui comprend les nébuleuses de la Vipère (Système Bahak, Arathot), de Petra ( Elysium) et d’Armstrong (encore mal explorée en 2183) ainsi que le Nid du Milan (Khar’shan, Camala)]
L’Hégémonie s’empresse de protester auprès du Conseil en déclarant la Bordure « zone d’intérêt butarienne » étant donné leur présence sur les lieux bien avant celle de l’Alliance mais le Conseil, qui n’a pas oublié l’attitude de l’Hégémonie et qui voit en l’humanité une espèce bien plus forte, s’empresse de balayer d’un revers de la main la plainte qui leur est adressée.
Mais il n’était pas question pour les Butariens d’abandonner si facilement. Du temps de Jon Grissom, le premier pionnier humain, les Butariens avaient déjà prouvé leur prétendue supériorité en colonisant Aratoth, une planète délaissée par Grissom à cause de sa faible gravité et son taux d’oxygène excessivement bas.
Dans l’ombre, l’Hégemonie tissait sa toile et contemplait de ses quatre yeux avides les jolies colonies humaines. Les sanctions du Conseil à son égard avait affaibli considérablement sa puissance militaire mais pas sa capacité à agir sous couvert d’intermédiaires…
Après tout, l’Armement d’Etat Butarien fabriquait des armes puissantes pour le compte du régime et le taux de mortalité des camps d’entrainement des Unités des Forces Spéciales avoisinait les 18 %, tant et si bien que chaque Butarien formé et équipé par l’Hégémonie valait bien 10 marines de l’Alliance, non ?
En réalité, la seule chose dont manquait vraiment l’Hégémonie c’était des ressources permettant d’accroitre la taille de sa flotte. Mais les sanctions du Conseil ne lui permettaient pas de concrétiser ses projets de conquête malgré sa sortie du traité de Farixen suite à la fermeture de ses ambassades devant la réponse du Conseil.
C’est pourquoi, dix ans avant les évènements du Raid, les mercenaires Butariens se réunirent sous la bannière des Soleils Bleus, une SMP (Société Militaire Privée) qui, à l’époque n’était qu’un groupuscule de hors-la-loi réuni autour de Zaeed Massani. Un appel d’offre venait d’être lancé par un certain Vido Santiago dans le but de recruter de la main d’œuvre bon marché. Zaeed n’était pas d’accord avec son associé Vido : incorporer des Butariens au sein des Soleils Bleus était contre ses principes (en particulier concernant l’esclavage). Il fut laissé pour mort et abandonné par son propre groupe. Vido partagea ensuite la gestion des mercenaires avec le butarien Solem Dal’Serah, ce qui lui permit de se faire oublier de tous (Et Zaeed avec lui) et dans le même temps satisfaire les mercenaires butariens qui se faisaient de plus en plus nombreux au sein des Soleils Bleus. Capturé mais relâché après avoir purgé sa peine, Solem transforma, officiellement, les Soleils Bleus en une véritable milice privée, au même titre qu’Eclipse afin de gagner en marge de manœuvre dans ses activités les plus douteuses… dont celles commanditées en secret par l’Hégémonie.
[Notons aussi que la prévalence des Butariens au sein de la pègre des Terminus permit de définir, par facilité linguistique, le Butarien comme langue officielle dans ces territoires.]
Les premières actions entreprises contre l’Humanité par les Butariens débutèrent en 2165 lors d’un assaut des Soleils Bleus à l’encontre d’une base de recherche de l’Alliance basée sur Sidon (pour le compte de Edan Had’dah) mais ce n’est que plus tard que les hostilités prirent de l’ampleur.
En 2170, un groupe d’esclavagistes butariens (dont le lien avec l’Hégémonie ne peut être établi) s’attaque à la planète Mindoir. (votre lieu de naissance si vous avez choisi un passé de « Colon »). Les esclavagistes frappent durement la petite colonie en emportant de nombreux humains ; dont des enfants. Ceux restés sur place sont atrocement tués ou mutilés en leur incrustant de force des implants crâniens de contrôle.
Les marines de l’Alliance se heurtent à une très forte résistance des esclavagistes et sont contraints de regarder de loin les horreurs infligées à leurs proches. Leur salut arrive enfin par le biais, entre autres vaisseaux, du SSV Einstein sur lequel sert Hannah Shepard ; la mère du Commandant (passé de « Stellaire »).
Six ans plus tard, la tension monte d’un cran : l’Hégémonie décide de se venger des humains qui colonisent à toute vitesse et qui, de surcroit, perturbent les activités plus sombres du régime comme la traite d’êtres vivants.
La cible est toute trouvée : Elysium.
Cette colonie humaine présente le double avantage d’être située à la frontière de l’espace butarien (Nébuleuse de Petra) et est symboliquement la première et l’une des plus importantes colonies de la Bordure. Le gouvernement butarien finance en secret une campagne de grande envergure rassemblant pirates des systèmes Terminus, esclavagistes et seigneurs de guerre butariens autour d’une seule personne : Elanos Haliat, un chef pirate turien qui voyait dans cette attaque un moyen d’augmenter son prestige au sein des systèmes Terminus.
L’assaut est lancé et voila Elysium sous le feu ennemi… qui ne dure heureusement pas très longtemps. Depuis la tragédie de Mindoir, les civils et l’Alliance se tenaient prêts : Elysium est bardée de canon Sol-Air. Cette fois, les esclavagistes se heurtent à une résistance tenace, notamment grâce à la 103ième division d’infanterie au sol (déjà célèbre pour sa participation au siège de Shanxi durant la Guerre du Premier Contact), que vient rapidement renforcer Charles Pressly (votre navigateur dans Mass Effect 1), en fonction sur le SSV Agincourt et taillant en pièces des vaisseaux pirates bien mal préparés. C’est aussi durant ce combat que l’Amiral Kahoku et le Commandant Shepard se feront remarquer pour leur bravoure et leur talent en tenant en échec l’ennemi (passé « Héros de Guerre » pour Shepard). Le futur Commandant Shepard obtiendra en récompense l’Etoile de Terra, une distinction de prestige dans l’Alliance.
Une fois Elysium sécurisée, la réponse cinglante de l’Alliance face aux assauts répétés des Butariens prendra forme deux ans plus tard. Torfan, une lune servant de base aux esclavagistes (et indirectement à l’Hégémonie) est pilonnée par la Flotte tandis que sur le sol les marines font le ménage. La bataille est sanglante et à sens unique : l’Alliance atomise toute trace des Butariens sur Torfan. Si Shepard a un passé plus sombre (« Impitoyable »), il participera à l’assaut et sera surnommé « Le Boucher de Torfan » après qu’il eut abattu jusqu’au dernier ennemi ; même ceux qui jetaient les armes.
[Note : Peu importe le passé de Shepard, elle/il est quoi que vous choisissiez, un vétéran du Raid Skyllien.]
Jamais les Butariens n’auraient imaginé pareilles représailles. Leur orgueil est mis à mal. Blessé par l’inaction du Conseil face à ce conflit qui prendra officiellement le nom de Raid Skyllien dans les livres d’Histoire, Khar’shan ferme définitivement ses ambassades sur la Citadelle et rapatrie tous les Butariens encore présents dans l’espace concilien.
Le Régime, déjà très reclus sur lui-même, rentre davantage dans sa coquille. Les satellites espions deviennent la norme sur toutes les planètes de l’espace butarien. La planète Bastzuda demeure la seule et unique planète de l’Hégémonie sur laquelle les étrangers peuvent se réapprovisionner en hélium-3 et réaliser leur décharge statique. Camala garde ses portes ouvertes aux aliens des colonies indépendantes de la Travée uniquement (Novéria, Feros,…) à condition que les résidents acceptent de ne pas bénéficier du statut de citoyen. Des exceptions existent cependant pour les personnes les plus influentes de la galaxie ; le Courtier de l’Ombre étant en mesure d’acheter le niveau de caste qu’il souhaite sur Khar’shan (niveau Elite, selon la discussion avec l’IV du Courtier). La colonie d’Aratoth permet aussi la venue de marchands étrangers mais le puissant protectionnisme butarien décourage en réalité tout investissement.
Les échauffourées se font beaucoup plus rares dans les années qui suivent le Raid. Les Butariens se contenteront de bassesses administratives et commerciales, comme par exemple lorsqu’ils écrivirent de faux rapports préliminaires sur la planète Klensal dans le but d’attirer des investisseurs humains et les contraindre à la faillite, faute de ressources à exploiter.
Au final, l’Hégémonie et la galaxie toute entière avaient pris conscience de la puissance militaire humaine. Le Conseil tenait sa vengeance sur les Butariens depuis leur conflit débuté en 1785 et s’assurait de bénéficier d’un cordon sanitaire entre l’espace concilien intérieur et celui des butariens grâce aux activités de l’Alliance. Le statut très particulier de la Travée préservait également la Citadelle de toute action militaire puisque la colonisation de cette zone se réalisait aux risques des investisseurs (afin de ne pas susciter de guerre ouverte avec les Systèmes Terminus).
Techniquement parlant, le Raid demeurait un petit conflit qui ne déboucha jamais sur une guerre ouverte ; l’Hégémonie agissant en permanence par le biais d’intermédiaires (Elanos Haliat, mercenaires, esclavagistes, pirates, etc.) et ne pouvant être directement incriminée, même si personne n’était dupe quant à sa participation.
L’Humanité, elle, était devenue le parfait épouvantail sur lequel se déversait la colère des Butariens et dans le même temps, son avancée coloniale dans la Travée permettait de mieux évaluer le potentiel de l’Alliance.
En secret, pourtant, se tramaient des évènements aux répercussions bien plus importantes encore que le Raid : un Butarien dénommé Ka’hairal Balak préparait la riposte à l’humiliation de Torfan. Dans le même temps, des scientifiques butariens travaillaient sans relâche depuis 2165 sur la carcasse d’une étrange machine longue de deux kilomètres qui dérivaient depuis des millions d’années dans l’orbite de la planète Jartar : le Léviathan de Dis.
Une légende d’Extranet…toujours démentie par les Butariens qui signera leur perte.
Terra Nova : L’œil du Cyclone
Cinq ans plus tard, nous sommes en 2183.
Shepard poursuit le Spectre Renégat Saren dans toute la Voie Lactée quand il reçoit un message prioritaire concernant Terra Nova.
Après Démeter, elle était la seconde planète colonisable lors de la toute première vague d’expansion de l’Alliance en 2150. Terra Nova est une planète agréable et surtout un symbole fort pour l’Humanité : c’est la première planète à avoir été colonisée au-delà du relais Charon. Elle fait partie de l’Histoire, du patrimoine de la Terre depuis que cette dernière s’est envolée dans les étoiles.
Balak et l’Hégémonie sont bien au fait de la situation et veulent frapper un grand coup sur la colonie la plus peuplée de l’Alliance…en éradiquant toute sa population.
La 6ème Flotte en poste sur Terra Nova ne peut réagir à temps. L’astéroïde X57 est détourné par les terroristes et menace de s’écraser sur la colonie. Une réponse armée ne servirait à rien ; seul un commando bien entrainé pourra s’infiltrer et agir avant qu’il ne soit trop tard.
La suite est connue : Terra Nova est sauvée. Balak est soit mort, livré aux autorités locales ou en fuite si Shepard sauve les prisonniers.
L’acte terroriste pose tout de même question. Détourner sciemment un astéroïde sur un monde-éden est un acte de guerre grave et strictement interdit par la Citadelle. Encore une fois, rien ne permet de remonter jusqu’à Khar’shan directement puisque Balak agit visiblement pour son propre compte.
Ce n’est qu’en 2186, si celui-ci est vivant, qu’il se présentera sur la Citadelle en tant que Ka’hairal Balak, dernier plus haut gradé des Forces Extérieures Butariennes, impliquant de fait son ancien gouvernement dans l’incident de Terra Nova.
Extrait du face à face entre Shepard et le terroriste butarien Balak sur X57 :
Conflits mineurs
Entre 2183 et 2186, les tensions sont toujours palpables entre Butariens et Humains. Néanmoins, l’hostilité entre les deux parties reste gérable.
Entres autres incidents, on peut noter :
- La tentative d’activation d’une arme biologique sur la Citadelle par des terroristes, couvert par l’ambassadeur butarien Jath’Amon et déjoué par Miranda Lawson et Jacob Taylor
- La tentative de destruction d’une base militaire de l’Alliance sur la colonie humaine de Watson (2 missiles Javelot)
- L’empoisonnement des humains sur Omega (serveur Butarien)
L’erreur de trop : Mourir en un clin d’oeil
Les petites escarmouches, depuis Terra Nova, ne suffisent plus. C’est l’échec de trop pour Khar’shan.
Les expérimentations sur la carcasse du Léviathan sont accélérées de manière à bénéficier d’avantages technologiques conséquents contre l’Alliance. Pour ce faire, le Léviathan est déplacé discrètement vers l’espace butarien et déposé sur Khar’shan. Cette décision, la dernière d’une longue série de mauvais choix depuis des décennies (on se souviendra de Grebosht le fou qui a vidé Illem de toute sa glace dans le but de rendre viables des planètes désertiques), entrainera en 2186 la destruction totale de tous les mondes butariens et de la majeure partie de sa population.
Les scientifiques et ensuite les dirigeants butariens qui supervisent les opérations sont peu à peu endoctrinés par le Léviathan de Dis, un Moissonneur. L’énorme quantité d’agents en sommeil va s’activer lors du passage de la Flotte Moissonneur dans le système Vular. Toutes les lignes de défenses sont alors soigneusement déconnectées, permettant à l’Augure et ses compagnons de raser très facilement Khar’shan et les planètes environnantes ; avant de s’étendre telle une trainée de poudre à l’ensemble de la galaxie.
De l’Hégémonie, il ne reste alors plus rien. Le système Bahak avait été détruit par nécessité de la main de Shepard (ce qui allait déboucher sur une guerre imminente entre l’Alliance et l’Hégémonie sans la venue des Moissonneurs) et, maintenant, le monde d’origine des Butariens était lui aussi perdu. Les derniers rescapés se rendent sur la Citadelle et l’espace de l’Alliance pour sauver ce qui peut encore l’être et annoncer l’horrible nouvelle de l’arrivée des Moissonneurs.
Malgré la tristesse de leur perte, nous pouvons tout de même préciser que la culpabilité du gouvernement butarien est double dans cette histoire : ils connaissaient l’existence des Moissonneurs depuis 20 ans via le Léviathan de Dis et le relais du système Bahak avait été analysé par leurs scientifiques dés le départ. Ils savaient pertinemment que le relais Alpha était différent des autres ; capable de connecter 16 destinations entre elles…dont la Citadelle. Sans se douter que ce relais était la « porte de derrière » des Moissonneurs en cas de problème, ils comptaient certainement faire bon usage de cette porte dérobée qui leur a finalement explosé à la figure, à l’image de tout le reste.
Bien entendu, on pourra argumenter que la venue des Moissonneurs n’est pas du fait des Butariens. C’est le Commandant Shepard qui a fait le choix nécessaire mais douloureux d’exterminer 300 000 Butariens en percutant le relais cosmodésique Alpha de plein fouet afin de ralentir l’arrivée des Moissonneurs. Cette catastrophe est la responsabilité du Commandant et non celle de l’Hégémonie. Néanmoins, une approche plus collaborative de la part des Butariens aurait probablement permis d’éviter une telle tragédie. Mais en réalité, aucune espèce concilienne n’a été encline à partager les données prothéennes (Mars pour les humains, Thessia pour les Asaris, par exemple) jusqu’au tout dernier moment…
Pour l’heure, tandis que les civils sont pris en charge par les services de sécurité de l’Alliance et la Citadelle, la toute dernière flotte butarienne se prépare à se venger de ses bourreaux en ralliant, à contrecœur et pour la première fois, les forces conjointes de tous les peuples de la Voie Lactée.
Notons que contre toute attente, les germes d’une civilisation butarienne libérée de l’Hégémonie commencent à prendre racine pendant la guerre : des voix se libèrent, les mentalités changent… trop tardivement.
Balak (s’il est vivant et que vous l’incitez à vous rejoindre) et Grothan Pazness ; l’ancien gouverneur de Camala (prônant désormais l’intégration butarienne au sein de la société galactique) sont le terreau duquel est sur le point de fleurir la civilisation butarienne telle qu’elle aurait dû être.
Malheureusement, ce changement intervient bien tard, au prix de millions de vies et de trois mondes-éden. L’isolement butarien causé par leur arrogance héritée des rois de jadis et associé aux décisions hasardeuses de leur gouvernement auront fait payer un lourd tribut à l’ensemble de leur peuple.
En 2186, les Butariens ont enfin compris que ce Cycle n’était pas celui des puissants Prothéens, pas plus qu’ils n’étaient l’espèce dominante. Leur arrogance et leur isolement les a mené irrémédiablement à leur perte dans un Cycle marqué par l’unité plutôt que la soumission à une seule espèce.
Une perte bien plus triste lorsque l’on se rend compte à quel point les Butariens ne sont que le produit de la propagande vicieuse de l’Hégémonie qui, après avoir lavé le cerveau de ses compatriotes… s’est retrouvée endoctrinée à son tour par ces êtres infiniment supérieurs qu’ils auraient tant aimé être.
Couverture de l’article de https://www.deviantart.com/efleck/