Le moins que l’on puisse dire, c’est que le voyage vers la galaxie d’Andromède aura été difficile… Pour les colons de l’Initiative Andromède bien entendu, mais aussi pour Bioware et les plus grands fans de la saga : après un épisode Mass Effect Andromeda qui divise et a pu décevoir, et un premier roman lui aussi en demi-teinte, il devenait alors de plus en plus difficile de croire en l’avenir dans cette dangereuse galaxie.
Plusieurs mois plus tard, le second roman Mass Effect Andromeda : Initiation, voit le jour. Et l’heure du bilan sonne donc à son tour : va-t-on suivre ce chemin semé d’embûches depuis que nous sommes arrivés dans Andromède, ou va-t-on enfin sentir un vent de fraicheur et d’enthousiasme ? Nous allons tenter d’y répondre en limitant autant que possible les révélations (spoilers) sur le contenu du livre.
Synopsis et contexte général
Le lieutenant Cora Harper a rejoint l’Alliance afin de développer ses capacités biotiques. Dépêchée dans une unité commando asari, les Filles de Talein, elle a peaufiné ses pouvoirs jusqu’à devenir une chasseresse redoutable.
De retour sur Terre, Cora est devenue une étrangère parmi les Humains. Elle s’engage dans l’Initiative Andromeda en tant qu’adjointe d’Alec Ryder. L’objectif : lancer dans l’inconnu 100 000 volontaires pour un voyage de six cents ans… Mais une technologie essentielle au projet, et très dangereuse, a été dérobée. La première mission de Cora consiste à la récupérer avant qu’elle soit utilisée contre l’Initiative. En cas d’échec, le vaisseau Andromeda pourrait ne jamais parvenir à bon port.
Premier constat de ce synopsis : les évènements se déroulent avant le départ des arches vers Andromède, donc chronologiquement encore avant les évènements du roman La Révolte du Nexus. Nous restons donc dans la Voie Lactée exclusivement, mais avec des protagonistes introduits seulement dans Mass Effect Andromeda. Ce détail a toute son importance : là où le jeu Mass Effect Andromeda et le roman La Révolte du Nexus prenaient place exclusivement dans la galaxie d’Andromède avec seulement des références aux éléments de la Trilogie Shepard et de la Voie Lactée, ce roman-ci fait vraiment office de passerelle entre les deux galaxies, brisant cette barrière que nous rencontrons jusqu’à présent.
C’est un véritable retour aux sources mettant en scène de nombreux éléments bien connus de la saga, qui en sont venus à nous manquer : des personnages connus (notamment une journaliste que le poing de Shepard connait très bien), des lieux connus tels qu’Illium ou encore la présence de différentes races absentes de l’épisode Andromeda comme des Quariens. Et de manière générale, on retrouve une parfaite cohérence avec l’univers de Mass Effect avec de nombreux petits clins d’œils que les plus assidus ne manqueront pas de remarquer tant ils sont subtils. Ces éléments permettent de nous retrouver rapidement dans un contexte dans lequel nous sommes à l’aise et rend la lecture très confortable.
Déroulement de la lecture
La première chose qui frappe lorsqu’on a le roman en main, c’est sa taille : il fait seulement 372 pages, contre 571 pour la Révolte du Nexus, soit une taille d’environ un tiers de moins que ce dernier. Cela dit, lorsque certains chapitres entiers de la Révolte du Nexus pouvaient décrire dans ses moindres détails une conversation d’à peine quelques minutes entre deux personnages, il devient alors facile d’agrandir la taille du livre. Rien de tout ça pour Initiation : si les descriptions des lieux, des évènements même les plus rapides (lors de phases de combat notamment) ou de certains dialogues restent suffisamment précis et permettent une bonne immersion, on est pas dans le superflu ou le remplissage (même sans être inintéressant). On a beaucoup moins la sensation d’être figé, que rien n’avance, car les évènements du livre ne se résument pas à de longs discours politiques, mais alternent intelligemment entre les phases d’action et de dialogue par exemple. On retrouve assez subtilement ce que l’on vit dans un jeu Mass Effect : les phases de combat sur le terrain et de retour dans le vaisseau auprès de nos coéquipiers…
Fait plutôt inattendu : Le roman prend une tournure générale assez proche du policier. Déjà, le synopsis se montre peu précis sur la nature des éléments dérobés à l’Initiative et cela restera le cas au début du roman, mêlé à d’autres éléments qui poseront un certain nombre de questions. Cet aspect suscitera votre curiosité lors de la lecture, une volonté de vouloir trouver les réponses aux différentes questions. Évidemment ce n’est pas exclusivement un roman policier : comme expliqué précédemment, les phases de révélations seront précédées de plusieurs phases d’action ou d’infiltration naturellement liées à la mission de Cora et de plusieurs phases de dialogues. L’ensemble se montre efficace, diversifié et plutôt bien dosé.
Autre comparaison avec La Révolte du Nexus : dans ce dernier, on sait d’avance dans les grandes lignes comment finira le roman (la révolte en elle-même), ce que l’on ignore ce sont les raisons qui y mènent et c’est l’objet même de sa lecture. Ici, l’effet de surprise est étonnamment bien orchestré. On ignore ce que le roman est censé nous apporter, sur quoi il va porter et surtout vers quoi on abouti. Sans donner les réponses à ces questions dans cette critique qui gâcheraient la lecture, le thème principal se dessine au fil de la lecture, mais sans forcément soupçonner son ampleur que l’on découvre au fur et à mesure de l’enquête menée par Cora.
A la fin du roman, la boucle est presque bouclée : l’enquête semble arriver à son terme, les zones d’ombres s’éclaircissent, mais le chapitre final fini par nous donner le vertige. D’abord à travers de nouvelles révélations majeures, mais aussi (et surtout) par un lien direct avec l’aboutissement d’une des quêtes secondaires de Mass Effect Andromeda qui a laissé les joueurs sur leur fin à travers des questions laissées sans réponses. Le roman n’apporte toujours pas ces réponses, mais cette précision confirme la volonté de Bioware de laisser planer un mystère et prouve une fois de plus que les choses ne sont pas faites au hasard : l’aventure Mass Effect Andromeda semble bien plus solide qu’elle n’en a l’air…
Un dernier mot sur la traduction : comme le précédent roman, aucun élément ne semble avoir été négligé car aucune erreur n’a été relevée lors de notre lecture, que ce soit sur des noms de lieux ou de races, rien ne viendra entraver la lecture.
Le casting
Venons-en aux personnages eux-mêmes, à commencer par l’héroïne en couverture du roman : le lieutenant Cora Harper. Inutile de revenir sur son histoire, les joueurs de Mass Effect Andromeda ne la connaissent que trop bien. Dans ce roman, elle est fidèle à l’image que nous nous faisons d’elle lors de ses conversations avec notre Pionnier. C’est probablement le premier point négatif à mentionner : la personnalité de Cora ne nous surprend jamais.
Son passé avec son commando asari l’a profondément marquée et c’est la source de sa personnalité et de sa très grande force. Le roman ne fait que préciser certains aspects de son entraînement et de son attitude dans les situations difficiles, mais rien de bien nouveau n’est à mentionner de ce côté-ci.
Seconde personnalité majeure du roman : Alec Ryder. Là encore, il n’y a pas de grosses surprises à son sujet quant à sa personnalité ou ses objectifs qui lui tiennent à cœur : les différentes manières de le connaître dans Mass Effect Andromeda à travers ses actes passés suffisent à cerner le personnage.
Froid, peu sociable, mais dévoué à sa mission et extrêmement compétant, indispensable même pour l’Initiative. Cela dit, étant donné son rôle très secondaire dans le jeu et du peu de détails connus à son sujet, il devient légèrement plus intéressant que Cora d’en apprendre un peu plus sur l’ancien soldat N7.
Finalement, la Révolte du Nexus se montrait plus intéressant de ce côté : ce dernier nous a permit d’en apprendre plus sur les dirigeants du Nexus et les décisions difficiles qu’ils ont dû prendre dans des situations dans lesquelles on aurait préféré éviter de se trouver, ce qui permettait soit de revoir notre opinion à leur sujet par rapport à notre expérience dans Mass Effect Andromeda, soit de les détester encore d’avantage. Dans Initiation, votre jugement vis-à-vis de Cora ou d’Alec a peu de chances de changer après la lecture du roman, mais il apparait assez clairement que ce n’est pas le but du roman.
Non, car c’est un autre personnage central, que nous n’évoquerons pas d’avantage dans cette critique qui retiendra d’avantage votre attention…
Apport du roman pour l’univers et le jeu
Maintenant, est-ce qu’après la lecture du roman notre vision des choses changera dans Mass Effect Andromeda ? Finalement, peut-être encore moins que la Révolte du Nexus. Si on pouvait très vite faire le lien entre les choses que nous avons découvertes dans ce roman et les différentes informations disséminées dans le jeu en rapport avec la Révolte (et il y en a pas mal) pour se reconstituer une trame quasi-complète des évènements, il n’en est pas de même pour Initiation : presque aucun évènement survenu lors de l’enquête de Cora et Alec n’est mentionné dans le jeu. A quelques exceptions près, rien dans le jeu ne laissait entrevoir ce qu’a vécu la guerrière biotique avant son départ pour Andromède, et ce, en dépit de son importance pourtant significative.
Indépendamment du jeu lui-même, le roman présente pourtant bien un intérêt pour l’univers Mass Effect, mais pas là où on aurait pu l’attendre. Si les deux personnages principaux n’ont pas brillé sur ce point, c’est bien ce même autre personnage central mentionné précédemment qui nous ouvre les yeux et apporte un véritable plus sur un sujet en particulier : ce même thème principal du roman, presque central dans l’univers Mass Effect. Et avec la fin du roman qui enfonce d’avantage le clou en se liant à une intrigue de Mass Effect Andromeda, on savoure la prise de conscience de l’importance de la chose et des répercutions qu’elle pourrait avoir pour l’avenir…
Nous restons volontairement très évasifs sur ce sujet pour vous laisser le découvrir par vous-même, mais l’intérêt du roman étant centré là-dessus, nous devons bien le mentionner.
Conclusion
Agréablement surprenant, voilà comment résumer le plus succinctement possible Mass Effect Andromeda : Initiation après sa lecture. C’est un bon spin-off tourné vers une thématique phare dans l’univers de Mass Effect en adoptant un côté policier qui alterne entre différentes phases de combats ou de conversations. Il fait preuve d’une parfaite cohérence avec l’univers en se mêlant avec la plus grande aisance aussi bien dans la Voie Lactée que dans Andromède. Bien que les personnages principaux se montrent peu surprenants et que la majorité des évènements qu’ils y vivent sont ignorés dans Mass Effect Andromeda, ce détachement n’entrave en rien la lecture. C’est ainsi qu’il faut voir ce roman : si son contenu lui est réservé, les questions qu’il pose arrivent quand même à toucher l’essence même de Mass Effect et augurent de grandes choses pour l’avenir.
On ne peut que souhaiter à Bioware de continuer sur cette lancée, car le studio sera de toute façon très attendu au tournant pour le prochain roman, porté sur la tant convoitée 5ème arche à rejoindre Andromède : l’arche Quarienne.
On a aimé :
- Le retour dans la Voie Lactée, qui brise la barrière avec Andromède
- La parfaite cohérence avec l’univers, quelle que soit la galaxie
- La diversité des évènements tout au long de la lecture
- Le côté policier et les effets de surprise que cela implique
- La thématique abordée tout au long du roman
On a moins aimé :
- Peu d’apport vis à vis de Mass Effect Andromeda, les événements y étant détachés
- Pas de surprise concernant les personnages principaux
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