Chassés de leur monde d’origine par les Geth il y a près de trois siècles, les Quariens vivent à bord de la Flotte nomade, véritable caravane de cinquante mille vaisseaux allant de la navette de transport à la station spatiale mobile. Cette flotte regroupe plus de 17 millions de Quariens et ses ressources sont rares ; en conséquence, chaque Quarien doit entreprendre un Pèlerinage, rite d’initiation consistant à quitter la flottille pour n’y retourner qu’après avoir trouvé quelque chose de valeur à rapporter.
Les autres espèces ont tendance à mépriser les Quariens pour avoir créé les Geth et pour l’influence négative de leur flotte à son entrée dans un système. Il existe de nombreuses idées reçues sur les Quariens, selon lesquelles par exemple leurs vêtements et leur masque respiratoire cacheraient des êtres cybernétiques, mi-organiques, mi-synthétiques.
ÉCONOMIE
Le tissu économique de la Flotte nomade est fragile et ne se construit qu’au jour le jour. Si les vaisseaux quariens ont à leur bord de petites usines de fabrication et d’assemblage, ils manquent néanmoins d’industries lourdes de raffinerie ou de construction navale. Dotés de citernes permettant le traitement de l’eau et l’extraction de l’oxygène, les vaisseaux ne produisent pourtant qu’une quantité limitée de nourriture du fait que les exploitations agricoles se trouvent dans l’espace. La moindre catastrophe pourrait anéantir ce fragile équilibre.
Pour avoir des revenus, les Quariens ont développé des méthodes alternatives pour ainsi dire originales. L’État se trouvant dans l’obligation de subvenir aux besoins de ses habitants en nourriture, eau, air et assistance médicale, le Conclave détermine la trajectoire de la Flotte en fonction des sources de revenus et autres ressources croisant son chemin. Généralement, les espèces suspectant la Flotte migrante de s’approcher un peu trop près de leur espace « font don » au Conclave de quelques vaisseaux, d’un surplus de carburant ou de ressources pour la convaincre de dévier sa trajectoire.
Lorsqu’elle traverse un système, la Flotte envoie sur des astéroïdes des vaisseaux équipés de petits complexes miniers pour en extraire des métaux et de la silice, ou sur des comètes pour en extraire de la glace et des organiques. La localisation et l’extraction des ressources spatiales est le pain quotidien des mineurs quariens, ce qui leur vaut de nombreux conflits avec les sociétés exploitant officiellement ces systèmes. De grandes industries minières ont d’ailleurs déjà dépensé des millions en lobbies et en relations publiques pour que circule l’image des Quariens comme un véritable fléau de criquets, dévorant les ressources d’un système jusqu’à épuisement avant de migrer vers de nouveaux horizons.
Le principal atout des Quariens est leur savoir extrêmement pointu en matière de minage. Longtemps asservis et exploités, les Quariens, mineurs de longue date pour la plupart, se sont peu à peu forgé une solide expérience d’ingénieur et de technicien. Il n’est pas rare que les mêmes sociétés qui se liguent contre eux fassent appel à la Flotte afin de pourvoir des postes d’ingénieurs vacants avec des Quariens, généralement moins regardants sur la question des salaires. Au sein de la classe ouvrière, les Quariens sont rarement vus d’un bon il, et à l’approche de la Flotte, l’on entend souvent dire « les Quariens viennent nous voler notre travail ».
GOUVERNEMENT
Le peuple quarien vivant dans la précarité, son gouvernement, contraint d’établir un système de rationnement strict, a développé un goût certain pour l’autocratie. Les opérations menées par la Flotte nomade sont sous le commandement de l’Amirauté, une commission discrétionnaire composée de cinq militaires et conseillée par un corps législatif, le Conclave.
Chaque bâtiment envoie des représentants au Conclave, à bord du vaisseau-amiral. Le nombre de représentants est proportionnel à la taille de l’équipage. Aussi les plus grands clans, provenant des vaisseaux les plus gros, possèdent-ils davantage de voix et forment-ils le cœur des blocs politiques. L’opposition, quant à elle, naît de la Coalition extérieure, composée des délégués de milliers de vaisseaux plus petits.
Le plus souvent, l’Amirauté s’incline devant les décisions du Conclave. Mais si la collégialité s’accorde à dire qu’une quelconque décision du Conclave met la Flotte en péril, elle jouit d’un droit de veto exerçable contre cette décision, pourtant prise par voie législative. Si l’Amirauté use de son pouvoir extraordinaire, le Conclave n’a plus d’autre choix que de se résigner. Si l’Amirauté use et abuse de son veto, le reste de l’armée se trouve dans l’obligation de l’arrêter.
Chaque capitaine d’équipage fait figure d’autorité sur son vaisseau, tout en étant épaulé par un Conseil civil élu, à l’image de l’Amirauté qui est assistée dans ses décisions par le Conclave. De cette relation découle différents types de collaborations, allant de la tolérance cordiale à l’hostilité ouverte. Attention toutefois : tout capitaine osant aller à l’encontre d’une décision de son Conseil sans raison valable est aussitôt destitué de ses fonctions par l’Amirauté.
Nombreux sont les clans qui dilapident leurs ressources dans l’achat d’un vaisseau d’occasion, acquis auprès d’un revendeur privé. Si les grands vaisseaux illustrent le prestige des clans riches, les vaisseaux plus petits témoignent de la condition plus modeste de leur clan et des efforts fournis pour réunir les richesses nécessaires à son acquisition. Les capitaines des vaisseaux de clan ne sont pas assujettis à la destitution décidée par l’Amirauté. Ceux qui font preuve d’une autorité trop zélée représentent ainsi un problème « courant » mais transparent tant qu’il n’affecte pas le bon fonctionnement de la Flotte.
DÉFENSES ET LOIS
Comme tout système démocratique, la Flotte dispose d’un pouvoir législatif, le Conclave. Les pouvoirs exécutifs et judiciaires, quant à eux, se font plus discrets. Suite à la déroute face aux Geth, peu d’hommes seulement demeuraient pour contrôler les millions de civils restés à bord de la Flotte, si bien que plusieurs contingents de marines furent déployés pour maintenir l’ordre et faire respecter la loi. Aujourd’hui, si la marine quarienne s’entraîne et travaille sur le modèle de la police civile, elle reste très attachée à son mode de combat de prédilection : le combat dans les espaces confinés d’un vaisseau spatial et entièrement sous commandement militaire.
Après avoir été placés en détention, les accusés sont conduits devant le capitaine du vaisseau pour être jugés. Le Conseil donne généralement des recommandations, mais la tradition veut que le capitaine détienne le pouvoir absolu en matière de répression des problèmes disciplinaires.
Ce sont, pour la plupart, des sanctions légères, des condamnations à réaliser des tâches de maintenance supplémentaires ou ingrates à bord du vaisseau. Bizarrement, les récidivistes, sont « accidentellement » oubliés dans le premier monde habitable venu. De cette coutume de laisser les criminels sur les autres planètes naît de fortes tensions entre les Quariens et les mondes qu’ils traversent. Pourtant, les capitaines n’ont pas d’alternative : à bord d’un vaisseau où la moindre ressource vaut de l’or, garder une population carcérale inactive est tout bonnement suicidaire.
Dans les premiers temps, de nombreux cargos quariens furent armés dans le but de servir en tant que corsaires. Grâce à leur faible pour l’armement, les vaisseaux civils restent aujourd’hui encore des cibles craintes par les pirates. La Flotte n’est pas pour autant à l’abri des attaques, car, même avec une force militaire reconstruite, seule une petite centaine de bâtiments de guerre assurent actuellement la protection de dizaines de milliers de vaisseaux. Pour pallier ce manque, les Quariens suivent des routines de contrôle bien rôdées et appliquent la règle du « mieux vaut prévenir que guérir ». Si d’aventure un vaisseau dont les intentions ne sont pas clairement établies vient à se frotter d’un peu trop près de la Flotte, il est abattu sans autre forme de procès.
LE PÉLERINAGE
Lorsqu’un Quarien de la Flotte migrante atteint l’âge adulte, la coutume veut qu’il quitte son vaisseau d’origine pour trouver un équipage l’acceptant en tant que résidant permanent. Il incombe alors au jeune quarien de faire ses preuves auprès du capitaine du vaisseau « d’accueil » en lui ramenant quelque chose de valeur. Par cet acte, il démontre qu’il ne sera pas un fardeau venu pomper les maigres ressources de son nouveau vaisseau.
Cette quête initiatique s’appelle le Pèlerinage. Si l’on oublie son aspect rituel, ce Pèlerinage n’est autre qu’une méthode de maintien de la diversité génétique au sein de ces populations peu denses et souvent isolées qui composent la Flotte migrante. Dans le cas où le jeune resterait et se marierait sans avoir mis les voiles de son vaisseau mère, le risque de consanguinité s’accroîtrait de manière démesurée.
Depuis leur plus tendre enfance, les Quariens évoluent dans l’atmosphère stérile et impeccable de leur vaisseau, ce qui a comme inconvénient d’affaiblir leur système immunitaire. En vue de les préparer au Pèlerinage, les Quariens subissent donc des interventions chirurgicales consistant à leur poser des implants et visant à renforcer leur système immunitaire fragile, afin qu’ils affrontent sans encombre le monde extérieur.
RELIGION
Jadis, les Quariens pratiquaient le culte des ancêtres. Bien qu’ils aient abandonné la foi pour le laïcisme, nombre d’entre eux continuaient à vénérer la sagesse des anciens. Au fil du temps, ils s’appliquèrent à mettre des technologies toujours plus perfectionnées au service de leurs croyances, notamment en conservant la personnalité et la mémoire de leurs ancêtres sous forme d’intelligences virtuelles. Ces enregistrements se transformèrent peu à peu en un précieux recueil de savoir et de sagesse, stocké dans une banque de données centrale et disponible via toute connexion Extranet.
Pour eux, cela ne faisait aucune doute : leurs ancêtres prenaient une forme d’immortalité tout comme n’importe quelle intelligence virtuelle, certes, mais ils n’avaient pas encore atteint l’essence de la sagesse. Cela ne représentait guère de problème : après tout, pourquoi la sagesse ne pouvait-elle pas se réduire à une formule mathématique ?
Les Quariens se lancèrent alors dans de longues et exhaustives recherches pour créer une IA leur permettant d’échapper aux lois de la mortalité et de rendre aux enregistrements de leurs ancêtres la conscience véritable qu’ils méritaient. Par malheur, la vie qui en découla voyait les choses autrement, croyait en d’autres vérités et, surtout, comptait bien continuer à y croire. À leur apogée, les Geth détruisirent ces banques de données renfermant la vie de leurs ancêtres, poussant les Quariens à l’exil.
Dans les siècles qui suivirent leur fuite, la plupart des Quariens revinrent à la pratique régulière d’une religion, d’une forme ou d’une autre. D’aucuns pensent que l’ascension des Geth et la destruction de leurs ancêtres n’est que juste châtiment pour qui renonce avec arrogance aux rituels traditionnels et adorent des idoles créées de toutes pièces.
Pour d’autres, plus philosophes, leur race, quoiqu’arrogante, avait uniquement subi la révolte geth qui n’avait, par ailleurs, rien de surnaturel. Tout ce temps, les Quariens n’avaient fait que creuser leur propre tombe. Quoi qu’il en soit, tous les Quariens s’accordent à dire que leur prétention démesurée leur a coûté leur monde natal.
LA FLOTTE NOMADE
La Flottille, ou Flotte nomade, est un convoi d’environ cinquante mille vaisseaux regroupant plus de 17 millions de Quariens. Plus forte concentration de véhicules interstellaires de la galaxie, la flotte est si imposante qu’il faut parfois des jours pour que tous les vaisseaux franchissent un relais cosmodésique.
Les vaisseaux sont constamment réparés, remplacés et améliorés de façon à loger confortablement le plus de Quariens possible. Chaque bâtiment joue un rôle précis au sein de la flotte : énormes vaisseaux agricoles, vaisseaux-laboratoires blindés ou encore vaisseaux-foyers, des transporteurs reconvertis qui hébergent les enfants, jeunes parents et éducateurs. Les Quariens employés habitent généralement dans le vaisseau où ils travaillent pour éviter des procédures quotidiennes d’amarrage fastidieuses et coûteuses.
Même au sein de la flottille, les Quariens restent en permanence engoncés dans leur combinaison protectrice. Ce n’est qu’en de rares occasions qu’on se rencontre sur des « vaisseaux stériles » pour des besoins médicaux ou reproductifs. Le cas échéant, chacun enlève sa combinaison en sachant pertinemment qu’il aura des réactions allergiques pendant plusieurs jours, voire des infections, le temps que son système immunitaire affaibli compense la présence étrangère.