Leur territoire et leur influence allant croissant, les Turiens ont appris à se fier aux Galariens pour les renseignements militaires et aux Asari pour la diplomatie. La Hiérarchie turienne, malgré son attitude colonialiste, a compris qu’elle avait bien plus à gagner dans une collaboration interraciale que dans un règne totalitaire sur la galaxie.
Les Turiens constituent une société autocratique qui prône discipline et sens de l’honneur personnel comme collectif. Turiens et Humains se regardent en chiens de faïence depuis la guerre du Premier contact, ou « incident du relais 314 » comme l’appellent les Turiens, qui eut lieu en 2157. Officiellement, ces deux espèces sont toutefois alliées et entretiennent des relations diplomatiques courtoises à défaut d’être amicales.
BIOLOGIE
Les formes de vie sur Palaven sont faites de carbone, respirent de l’oxygène mais sont composées d’acides dextro-aminés. Cette particularité classe les Turiens dans une minorité d’espèces de la galaxie : les Quariens sont en effet la seule autre race connue à base de dextro-protéines. S’ils tentaient d’ingérer la nourriture des Humains, des Asari ou des Galariens (qui se développent dans des biosphères à base d’acides lévo-aminés), celle-ci ne ferait que traverser leur organisme sans être digérée. Dans le pire des cas, elle provoquerait une réaction allergique potentiellement fatale.
CULTURE
La culture turienne valorise également le sens des responsabilités individuelles : c’est ce « sens de l’honneur turien » qui fait l’admiration des autres espèces. L’éducation turienne apprend à « assumer » chaque décision, que celle-ci soit bonne ou mauvaise. La pire faute qu’un Turien puisse commettre aux yeux de ses congénères est de mentir sur ses propres actes. Ainsi, un Turien qui commet un meurtre tentera de se soustraire à la justice, mais si on lui demande directement d’avouer son crime, il le fera.
Leur propension au sacrifice pour la collectivité fait des Turiens de piètres entrepreneurs. Pour compenser cette lacune, ils ont vassalisé la race des Volus, leur fournissant une protection militaire en échange de leur expertise dans le domaine de l’économie.
La société turienne tout entière est axée sur l’armée. Il ne s’agit pas d’une simple puissance militaire : l’armée englobe tous les secteurs d’activité publics. La police militaire remplit une fonction de police civile ; les combattants du feu travaillent pour la population comme pour les militaires ; les corps d’ingénieurs construisent et entretiennent les spatioports, les écoles, les usines de traitement des eaux ainsi que les centrales de production d’énergie. La flotte marchande, enfin, assure l’approvisionnement de toutes les planètes turiennes.
GOUVERNEMENT
La Hiérarchie sociale comporte 27 « grades de citoyenneté » : au bas de l’échelle, les « civils », c’est-à-dire les races inféodées et les enfants. Le début du service militaire, à l’âge de quinze ans, correspond au passage au deuxième grade. Au terme d’une année de camp d’entraînement, les Turiens accèdent au troisième grade, celui de la « citoyenneté formelle ». Les races inféodées, comme les Volus, accèdent à la citoyenneté au moment du retour à la vie civile, vers l’âge de 30 ans. Les citoyens de grade élevé sont censés guider et protéger leurs subordonnés tandis que ceux de grade inférieur doivent obéir à leurs supérieurs et les soutenir. La promotion à un niveau de citoyenneté s’effectue sur une évaluation faite par des citoyens de niveau supérieur ou identique.
La vie d’un Turien est rythmée par les promotions sociales. Il arrive cependant que certains individus soient « rétrogradés », auquel cas la honte rejaillit non pas sur l’individu lui-même, mais sur ceux qui l’ont promu alors qu’il n’était pas prêt à assumer de nouvelles responsabilités. Ceci permet de limiter le favoritisme et les promotions inconsidérées.
Il n’est pas dévalorisant de rester au même grade et d’occuper le même rang social pendant des années. Les Turiens valorisent en effet davantage la connaissance de ses propres limites que l’ambition. Au sommet de la Hiérarchie se trouvent les Primarques, qui dirigent chacun un secteur des colonies. Les Primarques débattent et votent les affaires politiques lors de conclaves. Ils n’interviennent que rarement en matière de politique sociale, faisant confiance à leurs subordonnés pour accomplir leur devoir efficacement à tous les niveaux de la société.
Malgré la rigidité de la Hiérarchie, les Turiens bénéficient d’une grande liberté. Tant qu’un citoyen accomplit son devoir et qu’il n’empêche pas les autres de faire le leur, il ne souffre d’aucune contrainte. Il n’existe ainsi aucune loi interdisant l’usage des drogues euphorisantes. Cependant, si un individu s’avère incapable d’accomplir son devoir parce qu’il en a consommé, ses supérieurs n’hésiteront pas à intervenir. Les procédures judiciaires s’effectuent sous forme d’interventions de supérieurs et citoyens du même grade, qui signalent au fautif le problème et tentent de le convaincre de redresser le tir. Si la tentative de réhabilitation échoue, les Turiens n’ont aucun scrupule à condamner les individus dangereux aux travaux forcés à perpétuité.
DOCTRINE MILITAIRE
Dès 15 ans, un jeune Turien doit faire ses classes. Après une formation d’un an, voire plus s’il s’agit d’un officier, il est assigné à une unité de terrain. La plupart des Turiens servent jusqu’à l’âge de 30 ans, après quoi ils deviennent réservistes. Les soldats blessés quittent rarement le service actif mais sont plutôt réorientés vers des tâches logistiques.
Les pouvoirs biotiques sont rares chez les Turiens. Bien qu’ils soient appréciés pour leurs talents, les biotiques sont regardés avec méfiance par leurs camarades et sont généralement regroupés dans des unités spéciales, les Cabalistes.La chaîne de commandement est flexible et décentralisée. Les escouades peuvent recevoir le soutien de l’artillerie ou de l’aviation et sont régulièrement épaulées par des drones de combat. La tactique des armes combinées est largement répandue : l’infanterie et les blindés opèrent de concert sous la protection des aéronefs. L’armée turienne est patiente et méthodique, elle évite autant que possible les opérations à haut risque.
La tradition occupe une place importante. Chaque légion possède ses propres historiens, qui consignent scrupuleusement les honneurs de bataille. Les archives les plus anciennes remontent à l’âge de fer turien. Si une légion est détruite au combat, elle est reconstituée plutôt que remplacée.
Les Turiens recrutent des unités auxiliaires parmi les races conquises. Il s’agit généralement d’unités légères d’infanterie ou de cavalerie qui jouent un rôle de protection ou de soutien. Une fois leur service effectué, les auxiliaires se voient accorder la citoyenneté turienne.
RELIGIONS
Pour les Turiens, les groupes et les lieux ont un « esprit » qui transcende l’individu. Ainsi, ils pensent qu’une unité militaire possède une âme au sens littéral, produit du courage et de l’honneur des soldats qui la composent. De même, l’esprit d’une ville reflète les actes et les réalisations de ses habitants, et celui d’un vieil arbre la beauté et la sérénité de la nature qui l’entoure.
Là encore, les Turiens n’attachent aucun idéal de bien ou de mal à ces esprits, pas plus qu’ils ne leur vouent un culte. Pour eux, les esprits n’ont pas le pouvoir d’affecter le monde, mais doivent être une source d’inspiration : c’est l’objectif premier des prières et des rituels. Par exemple, un soldat turien dont la loyauté est mise à l’épreuve implorera l’esprit de son unité dans l’espoir de renouer des liens avec la fierté et l’honneur de son groupe. Un artiste en quête d’inspiration tentera d’entrer en contact avec l’esprit d’un site particulièrement évocateur.
Les Turiens croient en la liberté de culte tant que ce culte n’entrave pas l’accomplissement des devoirs de chaque individu. Les pratiquants de la philosophie asari « siariste » sont ainsi relativement nombreux et, depuis l’ouverture du dialogue avec les Humains, un nombre croissant de Turiens se tournent vers les préceptes du bouddhisme et du confucianisme.
GUERRE DE L’UNIFICATION
Ces colonies étaient sous la coupe de seigneurs locaux qui n’entretenaient que de lointains rapports avec la Hiérarchie. Sans l’influence galvanisante du gouvernement, les colonies tombèrent bien vite dans l’isolationnisme et la xénophobie. Les colons se mirent à porter des emblèmes ou des tatouages faciaux pour marquer leur appartenance à une nation, et les actes d’hostilité se multiplièrent.
Lorsque la guerre éclata enfin, la Hiérarchie respecta sa neutralité diplomatique. Ce n’est qu’après plusieurs années de combats sanglants qu’elle se décida enfin à intervenir. En quelques mois à peine, les seigneurs des rares factions survivantes, trop faibles pour résister, durent se soumettre et renouveler leur allégeance à la Hiérarchie.
La paix était revenue, mais l’animosité entre les colons subsista pendant plusieurs décennies et aujourd’hui encore, la plupart des Turiens portent un tatouage facial symbolisant leur colonie. À ce sujet, il est intéressant de noter que le terme turien « glabre » désigne à la fois une personne ambiguë, aux motivations suspectes, et un politicien.