Chapitre 36!Spoiler
Chapitre 36 :
4 décembre 2168…
L’ennui régnait dans la grotte. Ils ne pouvaient rien faire. Ils ne voulaient rien faire. La peur de se faire repérer à cause d’un faux mouvement était très présente. Les journées paraissaient très longues. Et la nuit n’arrangeait rien. Ne faisant rien la journée, ils n’étaient pas fatigués le soir.
Comme à son habitude, Zéphyr était assis contre le mur et attendait. Il ne voulait pas s’éloigner, au cas où ils devaient tous pousser le rocher. Les soldats jouaient toujours aux cartes. Au moins, ils pourraient se reconvertir dans un casino, pensa Zéphyr.
Saurion ne bougeait toujours pas. Le commandant le relayait qu’une fois par jour. Le Turien ne mangeait qu’une fois par jour. Il était toujours droit et alerte. Comment fait-il pour tenir ? Se demanda L’étudiant. Aucunes poches n’apparaissaient sous les yeux du Turien. L’Allemand trouva sa remarque inutile, il ne savait pas si les Turiens en avaient.
Après le repas de soir, Zéphyr se dit qu’il devait s’occuper, sans pour autant baisser son attention. Il regarda le sol. Il commença à compter les cailloux. 1. 2. 3… 47 588. 47 589. Zéphyr avait le cerveau qui bouillonnait. Il devait trouver autre chose.
Tout d’un coup, Saurion siffla. C’était le signal d’urgence. Tel un seul homme, ils se levèrent tous et commencèrent à pousser le rocher. Le danger approchait. Le moissonneur avait arrêté de chercher du côté de la base. La machine se rapprochait. Les survivants firent rouler la pierre vers l’entrée. Exactement comme les hypothèses de Saurion, ils mirent dix neuf secondes pour mettre le rocher en place. La pièce devînt extrêmement noire. Le silence lourd et puisant s’installa dans la salle. Plus personne ne bougeait.
En effet, le Moissonneur approchait. Depuis le début, il avait sentit une présence dans cette grotte, mais il ne pouvait pas le prouver. Il n’était pas pressé. Il avait d’abord voulut détruire leurs bases. La machine avait ensuite fouillé la zone autour. Elle avait remarqué que la terre avait été fouillée à proximité. Elle en déduisit donc que les humains étaient toujours aux alentours. Après quelques instants de recherches infructueuses, des jours pour les humains, elle décida d’aller voir ce qui se passait dans la grotte. Quelque soit la vie organique dans la grotte, la Machine devait la moissonner.
La Machine arriva à l’entrée de la grotte. Tout le monde à l’intérieur se figea. Même respirer leur donnait la frousse. Zéphyr sentit une goutte de sueur tombait lentement sur sa joue. Sa sœur. Il voulait protéger sa sœur. Elle était dans la salle de repos. Ilyana devait la protéger. Il devait bouger, mais il ne pouvait pas. Ses jambes tremblaient. Il était au bord de l’évanouissement. Il sentit une main se poser sur son ventre. Il reconnut seulement trois points de contact. Il en déduisit que c’était Saurion qui le tenait. Il avait sentit que Zéphyr était fébrile.
Saurion tenait le garçon tout en analysant la situation. Concrètement, ils espéraient tromper un moissonneur avec un gros caillou. Seulement ce « caillou » devait les sauver. Physiquement, il épousait parfaitement l’embouche de la grotte permettant de parfaire l’illusion d’une grotte avec fond.
Le Moissonneur se pencha. Il enclencha son scanner. Saurion pria intérieurement. Il demanda à ses Dieux de ne pas les abandonner maintenant. Il avait peur, comme Zéphyr. Mais il ne devait pas fléchir. S’il commençait à être faible, Zéphyr baisserait les bras, ce qui affecterait Ilyana puis quelqu’un d’autre et ainsi de suite. Les gens ne lui faisaient pas encore confiance, mai sil savait qu’il était plus important qu’il en avait l’air. Heureusement, le commandant était là pour lui redonner du courage. Ils se soutenaient mutuellement, c’est pour ça qu’il ne devait pas flancher.
La Machine prit son temps pour scanner. Elle n’hésitait pas à faire plusieurs allers-retours. Pour elle, cela ne durait que quelques instants. Mais à l’échelle humaine, cela durait des heures. En plus d’être réellement long, l’attente était intensifiée par un stress intense. Chaque seconde pouvait se transformer en un vrai cauchemar. Saurion sentait entre ses mains les palpitations extrêmes de Zéphyr. L’étudiant n’était vraiment pas bien, et Saurion ne savait pas pourquoi. Il essaya de calmer son propre cœur pour lui transmettre de la sérénité.
« -Calme-toi… Calme-toi… » Intériorisa le Turien.
Comme si Zéphyr l’avait entendu, il sentit le cœur de l’étudiant décélérer. Il n’était pas à un rythme de plénitude mais au moins il ne risquait plus de lui tomber dans les pommes.
Le Moissonneur analysait chaque millimètre de la grotte. Il avait trouvé des traces de pas sur le sol. Pourtant, il n’y avait personne. La collectivité lui disait d’approfondir ses recherches. Mais une voix, une petite voix, sa petite voix lui disait d’arrêter. Le Moissonneur reconnut cette petite voix. C’était la sienne. C’était son esprit organique oppressé, son esprit organique. Il avait toujours été là, enfoui, écrasé sous la collectivité. Lorsque l’humaine lui avait parlé, sa petite voix avait resurgit. Même s’il ne la connaissait pas, la petite humaine avait ravivé en lui des « sentiments » primitifs. L’incroyable conscience collective avait été effritée pendant un instant. L’ancien esprit organique avait réussi à épargner les petits êtres.
Cette fois-ci, elle devait resurgir, elle devait recommencer. Il ne pouvait pas intervenir directement. Il forma des images de la caverne vide dans ses pensées, ainsi que des images d’autres endroits. La conscience collective lutta. Elle analysa les images qui leurs parvenait. La grotte était vide. C’est ce qu’ils en déduisirent. Ils devaient donc aller ailleurs. L’esprit organique lutta une dernière fois. Par un effort de contrôle extrême, il dit aux montres dans la forêt de se replier.
Saurion sentit le Moissonneur bouger. Instinctivement, il sera un peu plus le garçon contre lui. La Machine prit une légère impulsion et s’éleva dans les airs. Il stagna quelques secondes. L’esprit organique sonna son requiem de révolte. Il s’avait qu’il ne pourrait rien faire après. Mais autant se sacrifier utilement. Il avait résisté pendant tant d’années pour sa propre vie. Mais s’il pouvait sauver des dizaines de vies en échange de la sienne, il le ferait. Ces humains lui rappelaient les organiques qu’il avait connu.
« -Ils sont… partis. » Dit-il avant de reprendre son envol.
Tous les rescapés entendirent très distinctement cette phrase. Ce n’est pas pour autant qu’ils avaient bougé. Après de longues minutes, Saurion décida d’aller voir. Ils ne pouvaient pas rester dans l’ignorance. Ils poussèrent le rocher, mais ne le dégagèrent pas entièrement. La lumière nocturne revint petit à petit dans la grotte.
Saurion fût tout d’abord aveuglé par la lumière naturelle. Il se dirigea lentement vers la sortie de la grotte. A mi-chemin, le commandant le rejoignit. Ils étaient que tous les deux. Le Turien voulut dire à l’Humain de rester en retrait, mais il se ravisa. Il reposa à l’histoire de confiance. Les humains ont plus d’affinité avec les humains.
Ils arrivèrent à la sortie de la grotte. Comme un symbole, le soleil levant illuminait la zone d’une lumière blanche. Ils avaient passé toute la nuit éveillée. Le paysage alternait entre les zones d’obscurité et de clarté. C’était magnifique. Saurion et Jones restèrent là à regarder la zone. Ils distinguaient les Moissonneurs en train de se replier. Ils reculèrent instinctivement. Ils n’avaient pas été découverts, autant ne pas le faire maintenant.
Ils attendraient le lendemain pour repartir. Pour le moment, ils devaient aller dormir. Les deux amis rentrèrent dans la grotte. Le Turien expliqua la situation. Zéphyr courut alors à toute enjambé vers la salle de repos. Il y trouva Isabella et Ilyana. Il les sera très fort dans ses bras. Zéphyr se sentait coupable. Il n’avait pas été présent au côté de sa sœur. Il n’avait pas été là pour la protéger, la rassurer. Les trois jeunes restèrent un moment enlacés. L’Ordre du commandant pour la journée fut « repos ».