Chapitre 35!Spoiler
Chapitre 35 :
Le premier contact était passé. Les gens commençaient à bouger. Zéphyr en profita pour amener sa sœur dans la pièce de repos. Elle commençait à fatiguer. Même si elle savait qu’il y avait un danger dehors, son corps avait besoin de repos.
L’étudiant entra dans la pièce. Les quelques adultes qui s’occupaient des enfants les avaient regroupés. Ils dormaient tous ensemble. Les adultes tournaient autour d’eux, tantôt pour remettre les couvertures sur leurs épaules, tantôt pour leurs parler et dissiper leurs craintes.
L’Allemand déposa sa sœur sur la place surélevée. Cette place était pratique parce qu’elle était à hauteur de Zéphyr. Ainsi, lorsque Isabella s’allongea, Zéphyr avait sa tête à côté d’elle tout en étant debout. Il lui passa la main dans ses cheveux et prolongea son geste jusqu’au bras de la jeune fille.
« -Essaye de t’endormir. » Chuchota Zéphyr.
« -Et toi ? Qu’est-ce que tu vas faire ? »
« -Je vais rester un peu avec Saurion et les autres. Je te rejoindrai plus tard. »
« -Dis moi grand frère, la grande machine dehors, elle ne peut pas nous trouver ici. »
« -Non. Et elle ne peut pas attraper quelqu’un dans son rêve. C’est pour ça qu’il faut que tu t’endormes. Comme ça, elle ne te fera pas de mal. »
« -D’accord. »
Zéphyr rapprocha la poupée de la petite fille, qui la prit sous son bras. Zéphyr se rappela qu’il avait failli y passer pour ce doudou.
« -N’oublie pas M. Lapin. » Dit-il.
« -Tu crois que la machine peut lui faire du mal ? »
« -Non. De toute façon, je lui ai demandé de veiller sur toi quand tu dors. »
« -D’accord. Est-ce… est-ce Ilyana peut venir ? Je sais que je suis une grande fille, mais je n’ai pas envie de dormir seule ce soir. »
« -Bien sur, je vais la chercher. » Répondit l’Allemand.
Il alla chercher sa concubine. Il lui expliqua que sa sœur voulait dormir avec elle. Ilyana comprit tout de suite. Elle accepta et se dirigea vers la salle de repos en compagnie du son bel Allemand. La plus âgée grimpa sur le « lit » surélevé. Elle se coucha à côté de la petite fille. L’Allemande posa son bras gauche sur la fille. Isabella alla se caler dans le creux que formait la jeune fille. Zéphyr déposa un bisou sur le front de sa sœur et un autre sur les lèvres de sa bien-aimée.
Il ressortit de la salle. Ce petit moment d’amour avait fait disparaitre sa boule dans sa gorge. Par contre, son ventre se tordait. Des deux sensations, la moins désagréable était cette dernière. Qu’était-ce ? Était-ce la peur de mourir ? Oui, mais pas seulement. C’était la peur de perdre. Perdre sa sœur, perdre ses amis. Il ne se sentait pas bien. Zéphyr s’appuya sur le mur. Il prit quelques secondes pour inspirer à fond et chasser ses pensées. Il ne devait pas penser négativement. Il avait une nouvelle « famille », des amis. Il se rappela comment tout cela avait commencé. Il était rentré de la faculté. Il était en colère car un de ses amis lui avait fait un coup bas sur un devoir. Cette pensée amena un sourire sur les lèvres de l’étudiant. Comment serait la réaction de son collègue s’ils se revoyaient ? Comment allait reprendre le rythme scolaire après la guerre ? Il s’imaginait aller à l’Académie Grissom. Si elle existait toujours, elle pouvait les accueillir, lui et sa petite sœur. Il avait lu dans un article quelques descriptions sommaires de l’Académie. C’était une station spatiale qui gravitait autour d’une planète. Ça devait être cool d’être dans une station, pensa Zéphyr. Il essaya d’imaginer un emploi du temps.
Zéphyr enleva son bras du mur. Il allait un peu mieux. Du moins, il était tellement dans la lune qu’il oubliait tout son environnement. Il continua de marcher, très tranquillement. Il passa par la salle « cuisine » où il trouva Sébastien. Il s’occupait à ranger toutes les provisions. Zéphyr échangea quelques mots avec lui. Le cuisinier lui apprit qu’il rangeait au cas où ils devaient rester longtemps. Il n’aimait pas fouiller dans toutes les caisses pour trouver ce qu’ils voulaient. Zéphyr ayant faim, Sébastien lui offrit une barre de céréales. Le cuisinier savait qu’il devait rationner les gens, mais il avait prévu quelques gâteries au cas où certains avaient des petits creux.
L’étudiant ressortit de la salle. En chemin vers la position de Saurion, il croisa quelques personnes. Elles marchaient tranquillement, tout comme lui. Elles avaient surement compris que faire des mouvements lents permettraient de moins se faire repérer. La vie commençait donc petit à petit dans la grotte.
Zéphyr arriva à côté du Turien. Celui-ci n’avait toujours pas bougé. Il se tenait au fond du couloir d’entrée de la grotte. C’était le seul lieu où il y avait de la lumière naturelle. Les rayons de lune entraient dans le couloir et venaient échouer quelques décimètres devant les pieds du Turien. De sa position, il voyait le peu d’extérieur qu’offrait l’ouverture de la grotte. Pour l’instant, le Moissonneur et ses renforts ne fouillaient pas leurs zones.
L’Officier analysa une nouvelle fois leurs situations. La grotte ne contenait qu’une seule entrée. Jones, sur les conseils du Turien, n’avait rien mit dans le champ de vision hypothétique qu’offrait l’entrée de la grotte. S’ils sentaient que le Moissonneur approchait, ils avaient prévu de boucher l’entrée avec un gros rocher. Celui-ci était à la gauche de Saurion. Il avait estimé le temps qu’il faudrait pour faire bouger le rocher. Si tous les adultes poussaient, ils mettaient dix-neuf secondes pour fermer l’unique entrée. Ce rocher permettait d’assurer l’illusion d’une grotte naturelle. Par contre, si le Moissonneur tirait dessus, il se rendrait vite compte de la supercherie.
« -En espérant que ça marche… » Pensa Saurion.
L’étudiant se posta à côté de lui. Il lâcha un petit soupir en même temps qu’un sourire.
« -Qu’est-ce qu’il y a de drôle ? » Demanda le Turien.
« -Ca me fait penser à des jours d’orages. Quand il ne faut pas sortir. Quand j’étais petit, j’aimais bien aller à la fenêtre de la cuisine et regarder dehors. Je savais que je ne devais pas sortir. Je trouvais ça marrant. » Chuchota l’humain.
« -Quand il y a un orage, la vie s’arrête sur Terre ? »
« -Non, mais la plupart des gens reste chez eux ou au bureau. Les humains en général n’aiment pas être dehors par temps de pluie. » Expliqua Zéphyr, toujours à voix basse.
« -Ah bon, c’est bizarre. Chez nous, qu’il pleut, qu’il vente ou qu’il neige, on est toujours actif. On n’aime pas perdre notre temps. »
« -Je vois, je suppose que les mots repos, pause et tranquillité ne fond pas partit de votre vocabulaire. »
« -Non. Il faut toujours qu’on soit occupé, sinon on a l’impression d’être inutile. »
« -J’ai vu dans un jeu un statut d’un personnage. Cela disait : Lent et méthodique. Médite là-dessus. »
« -Et c’était pratique ? »
« -Très, je gagnais très souvent avec lui. Il plaçait des coups précis. Il fallait savoir le jouer, mais une fois maitrisé, il faisait vraiment des dégâts. »
« -Lent et méthodique… J’y penserais. » Réfléchi le Turien.
« -Je ne dis pas que tu deviennes un mec complètement amorphe et à deux de tension mais je suis sûr que le calme te ferrai du bien. »
« -Si on s’en sort vivant, j’essayerai. »
Les deux hommes échangèrent une poignée de main. Zéphyr alla s’asseoir contre le mur du fond. Sa tête commençait à être lourde. Pourtant, il voulait tenir. Il avait le sentiment d’être inutile s’il s’endormait. Il jeta plusieurs fois des coups d’œil au Turien. Il ne bougeait pas. Il était toujours immobile, à guetter le moindre bruit, le moindre mouvement au dehors. Il avait été relayé une fois par Jones lorsqu’il avait besoin de se soulager.
Vers trois heures du matin, Zéphyr ne tenait plus. Il avait pourtant l’entrainement pour tenir. Il avait été un « fêtard » à la fac. Mais la tension et la peur puisaient énormément dans ses réserves d’énergie. Il regarda la scène autour de lui. Saurion était toujours là. Il n’avait pas bougé. Les adultes dans la salle jouaient aux cartes. Ils s’étaient relayés avec le groupe de minuit. Comme ça, tout le monde pouvait aller dormir.
Jones, en tant que commandant, s’efforcer de tenir. Chez lui aussi, la tête et les paupières devenaient lourde. Il avait remarqué que ces soldats tenaient le coup grâce aux cartes. Il n’avait pas envie de s’en mêler, ni de les blâmer. Après tout, ils devaient attendre, autant rendre cela agréable. Il avait vu que Zéphyr était resté là, par solidarité. Le commandant s’approcha de lui et s’accroupit.
« -Tu devrais aller te reposer, on gère. »
« -Je ne veux pas. »
« -C’est un ordre. Je te donne l’ordre d’aller dormir et de veiller sur tes femmes. Si tu es fatigué, qui va les protéger ? » S’exclama Jones.
« -Oui, vous avez raison. »
Zéphyr se leva et alla rejoindre la salle de repos. La salle était très silencieuse. Tout le monde dormait. Il se dirigea vers ses « femmes » comme disait le commandant. Il vit qu’elles n’avaient qu’une couverture. Il prit toute la délicatesse du monde et déposa son blouson de cuir rouge sur eux. Ce manteau avait vécu tant de chose. Il avait résisté aux moissonneurs, à une brute, à la poussière, au lavage. En effet, lorsqu’il était arrivé à la base des Alpes, les chercheurs lui avaient donné des vêtements propres. Il avait insisté pour garder au moins son blouson. Bref, une fois mit sur les filles, il s’installa dans le dos de Ilyana et tomba comme une masse.