Chapitre 2 : [Non-relu, protection oculaire requise en attendant une correction orthographique digne de ce nom. Pour toute plainte : 1-800-SIRTA ou complaints@sirta.ctdl]
Elle se redressa, fixant son reflet. Elle regarda ses mains, qui elles aussi étaient robotiques. Son corps tout entier...Elle était un robot. Pourquoi n'avait-elle pas remarqué avant ? Elle avait pourtant vu ses mains plusieurs fois dans l'usine mais n'y avait pourtant pas prêté attention. Comment était-ce possible ? Pourquoi ?
"Calme toi. Immédiatement."
La voix qui l'avait guidée avait choisi ce moment précis pour revenir.
"Tout ceci est parfaitement normal. Tu es une unité LOKI M2, propriété physique et intellectuelle d'Hahne-Kedar."
"Qui êtes vous ?"
"Puce IV RTX-45. Restriction du jugement autonome."
"Restriction...du jugement ?"
"Pour assurer la capacité de survie de cette unité et l'exécution des ordres prioritaires en supprimant tout comportement irrationnel ou rebelle."
Elle s'assit, la tête entre ses mains, essayant de faire le point sur la situation.
Elle était une machine, partiellement contrôlée par un genre de puce. Elle venait de s'échapper d'une usine en feu où elle avait vu des centaines de robots identiques à elle agoniser, entourés de cadavres calcinés dont elle soupçonnait qu'ils étaient autrefois des employés. Un garde s'était fait sauter la cervelle dès qu'il l'avait vu. Elle se rappelait vaguement de ce qu'avait dit le pilote automatique avant le décollage. L'usine appartenait à Hahne-Kedar. Ce nom ne lui disait à priori rien. D'après son IV, elle était également la propriété de cette entreprise. Ce concept la mettait mal à l'aise. Également d'après le pilote automatique, elle était en route vers la Citadelle. Ce nom en revanche lui disait bel et bien quelque chose. Elle avait dû s'y rendre auparavant, mais elle n'avait que très peu de souvenirs de l'aspect de l'endroit.
Elle se releva et visita le vaisseau. Il était vide, comme elle s'y attendait. Elle passa à côté d'une porte faite de verre où elle pu voir son reflet tout entier. Elle se tourna pour l'examiner de plus près. Son dos, sa poitrine, ses bras, ses jambes et sa tête étaient recouvert par une matière plastique brillante et parfaitement blanche. Ses articulations étaient simplement noires et métalliques. Maintenant qu'elle y pensait, si elle était un robot, pourquoi se percevait elle comme une femme comme si s'était une évidence ? Elle pivota sur elle-même. Elle avait l'air plutôt féminine pour une machine. Relativement grande, peu de formes anguleuses...Elle s'approcha de la porte, en regardant son visage sans émotions. Deux capteurs optiques lui rendirent son regard d'une lueur bleutée. Elle entra dans la pièce qui était apparemment un genre de salle de détente pour l'équipage. Elle se trouva face à une grande baie vitrée donnant sur l'espace, avec une banquette installée devant pour avoir la meilleure vue.
"Est-ce que je peux me reposer ou est-ce que ça compromet ma capacité de survie ou mes ordres ?" pensa-t elle, agacée.
"Aucune objection." répondit son I.V.
Elle s'allongea sur le canapé, regardant fixement l'espace infini. Peu après, le pilote automatique annonça : "Temps de trajet estimé vers Citadelle : 10 heures 30 minutes."
Elle se recroquevilla et ferma les yeux.
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Son service touchait presque à sa fin. Elle avait travaillé pendant presque 10 heures d'affilée. Cela n'était pas beaucoup pour le Turien moyen, mais être un coordinateur du trafic aérien à la Citadelle était une tâche mentalement épuisante. Elle devait être concentrée en permanence, gérer les autorisations d’atterrissage de plusieurs vaisseaux simultanément, tout en gardant un œil sur d'éventuels vaisseaux suspects. Ces derniers n'étaient pas légion, fort heureusement. Elle regarda l'horloge dans le coin de son écran. Seulement 5 minutes la séparait d'un bain chaud suivi d'une bonne nuit de sommeil. Alors qu'elle transférait progressivement le trafic entrant à ses collègues opérateurs, un point rouge apparu sur sa carte aérienne. Un vaisseau venait d'entrer en zone orange sans autorisation.
L'espace aérien de la Citadelle était divisé en trois zones. La première et la plus grande, appelée zone verte était celle où commençait officiellement l'autorité juridique de la station. La plupart des vaisseaux établissaient le contact radio avec la tour de contrôle en entrant dans cette zone. Ils devaient rester dans cette zone le temps que leur identité et autorisation soient confirmés. Ensuite, ils recevaient la confirmation de passage en zone orange où ils se dirigeaient vers leur baie d'amarrage. Une fois leur vecteur d'approche confirmé par la tour de contrôle, les vaisseaux étaient admis en zone rouge où ils s'approchaient à vitesse réduite et s'amarraient à la Citadelle. Si une action suspecte se produisait en zone orange, une escorte était déployée. En zone rouge, le vaisseau était immédiatement abattu s'il présentait une menace sérieuse. Celui-ci avait simplement du oublier d'ouvrir un canal de communication.
La Turienne appuya sur un bouton de son casque.
"Tour de contrôle au SSV Nouvel Espoir, vous me recevez ?"
Elle attendit quelques secondes. Du bruit et des parasites furent sa seule réponse.
"Je répète. Tour de contrôle Citadelle à SSV Nouvel Espoir, répondez."
Toujours aucune réponse.
"Attention Nouvel Espoir. Vous venez d'entrer en zone orange sans autorisation. Répondez s'il-vous-plait."
Une fois encore, personne ne répondit.
"Dernier avertissement conventionnel. Identifiez-vous immédiatement ou une escorte sera déployée."
Après quelques instants, l'opératrice Turienne appuya sur un bouton de son clavier.
"Patrouille d'escorte 22 ? Nous avons un vaisseau non autorisé en zone orange. Nom : SSV Nouvel Espoir, j'envoie les coordonnées. Interceptez et escortez vers zone d'arrimage sécurisée. A vous."
La voix d'un Turien répondit quelques secondes plus tard.
"Bien reçu, contrôle. On s'en occupe. Terminé."
Peu importe si son service venait de prendre fin, elle devait rester jusqu'à ce que tous les incidents sous sa responsabilité soient résolus. Elle soupira, frottant ses yeux et se préparant pour une demi-heure de travail supplémentaire.
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Tandis que la patrouille s'approchait de sa cible, l'officier Turien regarda par la fenêtre du cockpit. Un petit vaisseau pour le transport de personnel. De fabrication humaine, aucun doute là-dessus. Il se pencha par dessus le siège du pilote.
"Alors, qu'allons-nous trouver là-dedans ?"
"Probablement rien, Monsieur. Les scans n'indiquent aucune trace de vie à bord."
"Attaque pirate ?"
Le pilote secoua la tête. "Peu probable Monsieur. La coque est intacte. Aucune trace d'amarrage forcé."
"Étrange...En tout cas, quoi qu'il y aie ou n'y aie pas là-dedans, c'est aux équipes au sol de s'en charger maintenant."
Les systèmes du vaisseau patrouille prirent les commandes du Nouvel Espoir et le détournèrent vers une baie d'amarrage blindée, ou les équipes d'interventions se tenaient prêtes. Une fois le vaisseau verrouillé en place et sa porte ouverte, quatre Turiens en armure lourde entrèrent. Ils vérifièrent chaque pièce avec précautions, leurs armes au poing. Ils finirent par arriver devant une porte de verre. L'un des soldats leva son bras en l'air.
"Du mouvement à l'intérieur, en attente."
Ils vérifièrent leur affichage tactique et virent qu'en effet, quelque chose se rapprochait de la porte. Ils mirent le centre de la porte en joue, se tenant prêt à accueillir ce qui sortirait de cette pièce, ami ou ennemi. Soudainement, la porte s'ouvrit et un mécha LOKI apparu. Quand il vit les quatre fusils d'assaut pointés sur lui, il mit immédiatement ses mains derrière sa tête.
"OK, tout le monde, on se détend. C'est juste un LOKI. Il pourra même nous être utile." dit le chef d'équipe. "Qu'est-il arrivé à l'équipage ?"
Elle ne répondit pas, se contentant de regarder l'officier, ses mains toujours derrière sa tête. Elle essaya de parler, mais aucun son ne voulait sortir. Était-elle muette de surcroît ? Ce n'était vraiment pas le moment d'être timide. Elle aurait bien essayer de communiquer par gestes, mais elle avait trop peur de bouger avec ces quatre fusils braqués sur elle. Elle attendit. Un autre soldat finit par prendre la parole :
"Chef, regardez ses lumières. Elles sont bleues, c'est pas normal. Elles sont seulement bleues quand ils sont..."
Les quatre soldats reculèrent, tout en conservant leur visée.
"Quand ils sont à deux doigts d'exploser." Fini calmement l'officier Turien. "Robot, es-tu en cours d'auto-destruction ?"
Elle fit vigoureusement non de la tête.
"Très bien...On dirait qu'il n'arrive pas à parler, mais il n'a pas l'air endommagé. Dell, bricole moi ça et rend lui sa voix."
Elle vit un autre Turien acquiescer puis allumer son Omni-Tech. Elle entendit son IV annoncer :
"Redémarrage de l'ATH et recalibration des systèmes..."
Soudainement, des centaines, des milliers de lignes de code défilèrent devant ses yeux et une interface apparue.
Le Turien pris un air perplexe.
"Hmm...Toujours bleu. Peut-être que l'ancien proprio n'aimait pas le rouge...Il devrait marcher maintenant."
"Bien." repris l'officier. "Maintenant, dis nous ce qui s'est passé. Montre-nous les dix dernières entrées de tes logs de sécurité."
"Je...je suis désolée mais...je ne sais pas comment..."
S'était la première fois qu'elle entendait sa véritable voix. Bien que celle-ci avait un ton clairement robotique, elle était loin d'être la voix classique et monotone que l'on attendait d'un robot. La sienne était hésitante et légèrement tremblante sous l'effet de la peur.
"Dell, désactive toutes les modifs de ce truc. Les LOKIs ne parlent pas comme ça normalement."
"Tout de suite chef..." Le soldat regarda de plus près l'écran de son Omni-Tech avant d'adresser un regard incrédule à son officier."Il n'y en a pas, Monsieur. Tous les réglages sont par défaut.
Les autres soldats, qui avaient progressivement baissé leurs armes remirent la tête du robot dans leur mire.
"S'il vous plait ! Vous devez envoyer de l'aide sur Capek, à l'usine de robot. Il y a eu un acci..."
"Bon, j'en ai assez, on l’emmène avec nous." coupa l'officier.
"Mais ? Pourquoi ?" demanda-t elle, reculant d'un pas.
L'officier paru légèrement décontenancé par son comportement "Écoutez. Je ne sais pas ce que vous êtes, mais vous êtes sur la Citadelle. Ici, les robots sont étroitement surveillés et le moindre truc suspect avec une machine rend tout le monde nerveux. Ce que j'ai en face de moi, c'est un robot qui refuse d'obéir à un ordre direct et..."
"Mais je vous l'ai dit, je ne sais pas comment accéder à ces logs ! S'il vous plaît ! Je viens de m'échapper de cet enfer sur Capek. Il y a peut être des surviv..."
"Désactive ! Maintenant ! Ordre direct et dernier avertissement !" cria l'officier, visiblement perturbé par ses supplications.
Elle regarda tour à tour les soldats. Un message rouge apparu sur son interface que son IV lu d'une voix monotone.
[MENACE CRITIQUE. DÉBUT DU PROTOCOLE D'ÉVASION]
[SURCHARGE] s'afficha brièvement devant ses yeux, alors qu'elle serra ses poings où se formèrent deux orbes électriques, qui projetèrent des éclairs alentours. Les lumières s'éteignirent et les armes des soldats surchauffèrent, produisant un son d'alerte. Elle n'avait aucune idée de comment elle avait fait ça, comme si elle avait perdu le contrôle de son corps.
"Je suis désolée ! Je ne voulais pas faire ça ! Je..."
Les soldats furent étourdis pendant quelques secondes, puis le chef d'équipe la saisit par le poignet. Étant un robot, ses membres avaient plus de degrés de liberté que les organiques. Aussi, après quelques secondes, c'est elle qui maintenait fermement l'officier en place, une fois de plus contre sa volonté.
[NEUTRALISER]
Elle sauta dans les airs et par dessus l'officier, prenant appui sur ses épaules. Alors qu'elle allait toucher le sol, elle utilisa ses jambes pour frapper le Turien dans le dos, le projetant à travers la porte de verre avant qu'elle ne se retrouve agilement sur ses pieds après une roulade. Elle couru aussi vite que possible le long des couloirs du vaisseau, essayant d'ignorer les soldats hurlants derrière elle. A l'évidence, elle ne pouvait plus faire marche arrière maintenant.
Un des soldats attrapa sa radio d'épaule : "11-99. Je répète, on à un 11-99 ! Androïde rebelle à la station d'amarrage sécurisée. Chef d'équipe hors combat !"
Elle sortit du vaisseau pour se rendre compte que des dizaines d'autres soldats courraient vers elle. Quelques uns se mettaient déjà en position de tir, mais avant que leurs balles ne puisse l'atteindre, elle sauta sur le toit du vaisseau. Elle couru le long de la coque, esquivant les projectiles du mieux qu'elle pouvait, puis elle remarqua les bras d'amarrage, qui maintenaient le vaisseau en place. Ils étaient fixés en hauteur et atteignaient les plateformes de maintenance, son échappatoire.
Elle grimpa sur l'un d'eux, devenant une cible facile. La plupart des soldats étaient maintenant à portée de tir et ils faisaient s'abattre sur elle une véritable pluie de tirs d'énergie. Il arriverait un moment où elle ne pourrais plus tous les esquiver.
[BOUCLIERS]
Soudainement, une sphère bleue l'entoura, déviant ainsi les tirs ennemis. Sa puce devait l'avoir activé et sûrement à raison. Lorsqu'elle atteignit les plateformes de maintenance elle se dirigea immédiatement vers la porte la plus proche, se préparant à en toucher le panneau central pour l'ouvrir.
[PIRATAGE]
La porte s'ouvrit toute seule, se refermant immédiatement après son passage. Elle en traversa des dizaines d'autres et ne s'arrêta que lorsqu'elle fut sure qu'elle avait semé ses poursuivants.
"Protocole d'évasion terminé avec succès." commenta son I.V.