Chapitre suivant ! Encore un, plus l'épilogue certainement
Bonne lecture.
SpoilerChapitre 4 : Eveil.
"Bruits de lutte. Cris."
"Alerte ! Alerte !"
"Coup de feu."
"C'est impossible..."
"Ils l'ont enlevé ! "
"Nouveaux bruits de lutte."
"Prévenez le QG !"
"Ils enfoncent les lignes ! "
"Cris d'agonie."
"Abandon du contrôle. "
"L'endoctrinement est un processus long et subtil. La plupart des victimes n'ont même pas conscience de son emprise sur elle. Quand ils s'en rendent compte, il est trop tard."
"Personne ne devrait maîtrise un tel pouvoir !"
"Me contrôler moi, c'est pas comme contrôler un Moissonneur !"
"Sans émotion, la vie n'est rien."
"Il n'y a que deux forces capable de changer l'univers : La haine et l'amour."
"On ne peut pas lutter contre ce que l'on est."
Mirlina avançait plus vite que prévu dans son plan. Si les Moissonneurs lui avaient au début opposés une certaine hostilité, ne suivant pas toujours correctement ses directives, ils étaient maintenant entièrement disciplinés. Elle avait rouvert la Citadelle, l'utilisant comme le centre du gouvernement galactique, comme ce fut le cas avant la guerre. Elle avait reconstruit énormément, comme les satellites et les station de carburant. Les organiques, bien que toujours très méfiant, avait tolérés la présence des immenses machines, leur permettant d'avancer les reconstructions des villes. Mirlina surveillait les communications, déplaçant ses troupes là où il y avait du grabuge. Dès qu'un groupe de mercenaire attaquait un convoi, qu'une série de meurtre inexpliquée apparaissait dans les médias, ou que deux peuples étaient à couteaux tirés, elle intervenait. Parfois, ses manières étaient pour le moins radicales. De nombreux vaisseaux et bases de mercenaires avaient été tout simplement réduites à néant.
A travers tous les systèmes de surveillance que possédait la Citadelle, elle pouvait voir les organiques et suivre leurs déplacements. Il n'y avait pas un endroit qui soit hors de sa portée. Elle les observait avec intérêt, essayant de se rappeler de ce qui fut sa vie. Il y avait un Turien au SSC, consultant des rapports; un Humain, accoudé au bar, buvant de l'alcool; un Krogan en train de regarder une danseuse se déhancher, et... Shepard sentit une étrange chaleur, mêlée à de la douleur là où fut autrefois son coeur. Elle avait aperçut d'autre personnes qu'elle connaissait, tel des réminiscences de sa vie passée, mais elle seule réussissait à réveiller ses sentiments. Chaque fois qu'elle la voyait, elle la suivait de caméra en caméra, notant le moindre de ses déplacements, la moindre de ses rencontres, le plus petit échange ou détail. Elle était comme hypnotisée, incapable de détourner le regard, attachée à chacun de ses pas, chacun de ses gestes, chacun des mouvements de ses lèvres. Parfois, elle avait envie d'apposer les siennes dessus. Mais elle savait la chose impossible. C'était une Asari d'une beauté à couper le souffle. Shepard se demanda ce qu'elle avait bien pu représenter pour elle, autrefois. La tristesse se lisait souvent dans son regard alors qu'elle déambulait dans la Citadelle, et l'unique envie de Mirlina était de la réconforter. L'Asari se dirigea vers les hangars et quitta la station, échappant ainsi à la vigilance de Shepard qui se sentit une nouvelle fois emportée par la mélancolie. Le retour à la réalité lui donna l'équivalent d'une migraine, comme si, d'un seul coup, elle se reconnectait à son environnement. Les milliers de pensées assaillirent son esprit. Son ouïe et sa vue se démultiplièrent, prenant ainsi appuis sur tous les êtres composants son armée, disséminés à travers la galaxie.
Elle ne remarqua pas la perte de signal de deux Moissonneurs. Deux de plus que la veille. Cela en faisait maintenant huit. Seule l'Asari occupait ses pensées, réveillant en elle d'étranges émotions d'un passé qu'elle pensait révolu. Shepard resta figée un long moment dans son univers virtuel, sans rien faire. Elle fouilla parmi les archives vidéos qu'elle avait et afficha une image de l'Asari.
- Lia... ra... (Murmura t-elle.)
L'Asari sortit du vaisseau Kodiak pour rejoindre le Normandy. Elle marcha d'une démarche légèrement rapide, mais pas trop afin de ne pas attirer l'attention. C'est une habitude qu'elle avait prise depuis son rôle de Courtière, afin de se dissimuler et d'éviter la fuite d'informations sensibles. C'était presque devenu une seconde nature. Elle rentra dans ses quartiers après avoir salué ses compagnons présent. La plupart étaient en train d'aider à la reconstruction. Elle se posa derrière son écran et vérifia les dernières données que ses agents lui avaient envoyés. Liara était reconnaissante aux Moissonneurs d'avoir rétablit les communications à travers la galaxie : Son rôle de Courtière en était largement facilité. Et cela lui permettait de penser à d'autres choses. Il y avait une demande de rencontre d'un homme sur la Citadelle. L'un de ses informateurs qui disait que c'était urgent. Mais cet informateur n'avait jamais été des plus doués et elle doutait de lui.
- Hum, rien de réellement intéressant... (Finit-elle par marmonner pour elle même.)
Elle se leva et alla sur son second ordinateur, vérifier ses messages. Elle était en étroite relation avec Thessia, sa planète natale. Elle pensait y retourner dans quelques temps, peut-être pas pour toujours, mais pour un temps du moins. Se retrouver auprès des siennes lui permettrait peut-être de se remettre.
" Liara,
Thessia se remet plus lentement que prévu. Maintenant que vous le savez, inutile de vous le cacher. La perte de l'IV Prothéenne est un coup dur qui va nous causer bien du tord en diminuant notre puissance et notre savoir. Bon nombres de ses secrets n'ont jamais été notés, car nous la pensions en sécurité. Mais les Asaris sont unies et nous reconstruirons. Vous serez toujours la bienvenue."
Liara prit un instant pour réfléchir à ce qu'elle venait de lire. L'IV Prothéenne était perdue pour autant qu'elle sache. Elle l'avait vu de ses propres yeux sur la base de l'Homme Trouble qui était aujourd'hui détruite. Il n'y avait plus rien à récupérer. Mais... L'organisation, bien que normalement démantelée, disposait peut-être encore de ressources intéressantes. Liara retourna sur son terminal, passant sa main au dessus d'une boîte noire.
- Je vous aime, Liara. (Déclara la voix de Shepard avec tendresse.)
Liara sursauta. Elle posa le regard sur le visage holographique de sa bien aimée qui lui sourit avant de disparaître. L'Asari sentit la tristesse s'emparer d'elle. Elle hoqueta, essayant désespérément de retenir les larmes. Elle n'y parvint pas. Elle se laissa tomber sur sa chaise et sanglota. De longues minutes s'écoulèrent avant qu'elle ne réussisse à reprendre le pas sur le chagrin. Elle prit la boite avec précaution et l'emporta vers une étagère vide de son armoire.
- Désolée, Shepard... Je dois faire mon deuil. (Dit-elle, la voix brisée.)
Et elle fit coulisser les portes. Elle prit de profondes inspirations pour faire refluer les larmes qui menaçaient de revenir et se donner du courage. Elle devait cesser d'y penser, essayer d'aller de l'avant, même si c'était dur. Horriblement dur.
- Jamais je ne vous oublierais, Shepard.
Elle retourna sur son poste de travail, désireuse de se plonger à corps perdu dans son statut de Courtière pour se détacher, ne serait-ce que quelques heures ou même minute, de sa peine. Elle fouilla dans ses archives pour trouver les restes de Cerberus. Mais l'organisation avait été particulièrement méthodique pour se dissimuler. Cela dit, le Coutier de l'ombre n'était pas sans ressource. Avant la guerre, elle avait eu plusieurs milliers d'informateurs, disséminés à travers la galaxie. Bien que leur nombre avait certainement diminué, elle comptait très certainement encore plusieurs dizaines voir centaines de contact. Ils attendaient juste sa demande.
"Ordre prioritaire.
Recherche informations sur Cerberus.
- Ressources.
- Centres.
- Données.
- Projets.
Tout ce qui peut être utile. Dans les plus brefs délais."
Liara envoya sa demande à ses agents et sourit, satisfaite. Elle s'étira, dénouant ses muscles légèrement douloureux. Ses yeux se posèrent sur l'armoire et elle eut un pincement au coeur tandis que la mélancolie revenait. Le son de son intercom la détourna de son chagrin.
- Oui ? (Demanda t-elle d'une voix distraite.)
- Liara, ici Ashley. Venez dans le centre de commandement s'il vous plait. (Elle marqua une pause.) C'est urgent.
- J'arrive tout de suite.
L'Asari sortit de sa chambre et rejoignit le Lieutenant cinq minutes plus tard. Quand elle arriva dans la salle, elle constata que toute l'équipe était réunie et attendait, l'air grave.
- Que se passe t-il ? (Demanda t-elle avec inquiétude.)
Ashley se pinça la lèvre.
- Il y a des mouvements de troupes non autorisés. L'Amiral Hackett nous a demandé de mener l'enquête.
- Je croyais que nous devions éviter d'attirer l'attention des Moissonneurs.
- Ce sont nos propres troupes qui se comportent bizarrement. Un Moissonneur ne cesse de tourner autour des camp depuis quelques temps, et ce n'est pas rassurant. Des escouades disparaissent quelques heures pour revenir. Et quand on leur demande où elles étaient, ils répondent qu'ils faisaient une ronde.
- Endoctrinement ?
- Ce n'est pas impossible. (Répondit Ashley avec sérieux.)
- Alors c'est grave.
Elle opina. Elle ouvrit la bouche pour dire autre chose quand la voix de Joker résonna dans les hauts parleurs.
- Le Major Coats demande à monter à bord. Il dit que c'est d'une importance capitale.
- Faites le monter et dites lui de nous rejoindre dans le centre de Commandement.
- Tout de suite, Lieutenant.
Ils échangèrent des regards inquiets et attendirent l'arrivée de l'humain. Quand celui-ci les rejoignit, il avait l'air en état de choc.
- Vous êtes tous là, très bien. (Dit-il, le souffle court.)
Il s'essuya le front, la sueur lui coulant dans les yeux.
- Vous avez l'air fatigué, Major. Que se passe t-il ?
- L'Amiral Hackett a été enlevé. (Annonça t-il sans préambule.)
La surprise et l'incompréhension frappa l'escouade.
- C'est impossible ! (S'exclama Liara.)
- Qui aurait pu faire ça ? (Demanda Garrus.)
- Vous êtes sûr de vous ? (Renchérit Ashley.)
- Il n'y a pas de doute possible. Ecoutez plutôt.
Il tapota sur son omni-tech et lança la lecture d'un enregistrement. Il n'y avait pas d'image et le son était parfois entrecoupé. On percevait des bruits de luttes et des cris, ainsi que des jurons. Des coups de feu retentissaient.
"-Alerte ! Alerte !
- Ils enfoncent les lignes !
- Pourquoi vous faites ça ?!
- Mettez l'Amiral à l'abri !
- Mike, sur ta gauche... Aaaah !"
Le son cracha à de nombreuses reprises et durant de longues secondes.
"- Prévenez le QG !
- Pitié, non !
Le silence s'installa un instant.
- Abandon du contrôle."
Et il n'y eut plus rien, seulement le crépitement de la bande. Le Major arrêta la lecture et coupa son omni-tech.
- J'ai reçu ça il y a moins d'une heure. Je suis venu immédiatement.
Le groupe resta muet. Ashley semblait prête à s'effondrer. Elle secoua la tête pour se ressaisir.
- Mais c'était quoi ça ? (Jura James.)
- Endoctrinement... (Déclara Tali.)
- Bien... Nous... Nous devons agir au plus vite. Avez-vous une idée des responsables ?
- Sûrement des gars de chez nous. Cinq escouades ne répondent plus à nos appels.
Le Lieutenant jura.
- Nous devons le retrouver et mettre tout le monde en état d'alerte. (Intervint Garrus.)
- Je doute que ce soit une bonne idée. Nous ne savons pas à quoi nous avons affaire. Et si ce sont les Moissonneurs, nous sommes à leur merci. (Répondit Coats.)
- Pendejo ! On va les laisser nous contrôler comme bon leur semble ?
- Pas d'actions irréfléchies. Si nous fonçons tête baissée, nous risquons de nous faire tuer et ça ne changera rien. (Renchérit Liara.)
- Liara, vous n'auriez pas des informations ? (Demanda Ashley.)
- Pour l'heure, non. (Elle marqua une pause, réfléchissant à ce qu'elle avait vu sur son terminal.) Mais j'ai un contact sur la Citadelle qui pourrait peut-être m'en dire plus.
Elle se mordit les lèvres.
- Qu'y a t-il ?
- Je ne rencontre jamais mes contacts en personne, et vu l'urgence de la situation, nous ne pouvons nous permettre de perdre de temps.
- Vous ne pouvez pas déroger à votre règle ?
- Si mon identité venait à être découverte, je ne garderais pas longtemps ma place.
- Faites-vous passer pour l'un de vos propres agents ? (Proposa Garrus.)
- Non. Il me faut un intermédiaire.
- Pourquoi pas James ?
- Mauvaise idée. Tout le monde sait qui il est. Être à bord du Normandy, ça vous rend célèbre.
- Y a les muscles et les récits de mes victoire aussi. (Déclara James avec une pointe de défi et d'amusement.)
- Je vous trouverais quelqu'un. (Assura Coats.)
- Merci.
- Je retourne au QG. Rejoignez moi là bas avant la tombée de la nuit.
- Entendu.
Il salua et repartit.
- Bon. De notre coté, nous allons fouiller.
- Vous pourrez me contacter sur mon omni-tech. Je vous dirais ce que j'ai découvert dès demain.
- D'accord. Allons-y. Et pas d'imprudence.
Ils opinèrent et s'en allèrent, laissant l'Asari seule. Liara rejoignit son bureau et vérifia les rapports de ces contacts mais n'y trouva aucune information intéressante sur le sujet la concernant. Elle prit une douche avant de rejoindre le Major. La nuit tombait déjà.
Les odeurs étaient fortes et désagréables et lui donnaient la nausée. Il avait un mal de crâne épouvantable. De petits bruits retentissaient autour de lui, dont le clapotis de l'eau. Quelque chose de touffu, munis de griffe, passa rapidement sur sa main avant de filer. Hackett rouvrit les yeux, émergeant lentement d'un sommeil sans rêve. Il se massa le crâne et constata que sa vue était légèrement brouillée. Des bruits de pas et de discussions lui parvinrent au loin, comme étouffés. Il attendit que sa vue lui revienne pour détailler son environnement. Il était à la sortie d'un tunnel, quasiment plongé dans l'obscurité. De la moisissure recouvrait les murs et le sol. De l'eau s'écoulait depuis une grille dans le mur sur sa gauche et continuait sa route dans une petite travée pour quitter la zone par un minuscule conduit. Un rat s'y engouffra. L'Amiral se redressa, l'air dégoûté. Face à lui se trouvait une porte fermée. Il s'y rendit et tenta de l'ouvrir, sans succès. Il abattit alors ses poings dessus, tambourinant avec force.
- Il y a quelqu'un ? (Hurla t-il.)
Il y a eut deux secondes de flottement.
- Oui, Amiral. Ici l'officier Simons.
- Ah ! Vous êtes venu me secourir ? (Demanda t-il, un brin de soulagement dans la voix.)
- C'est ce que nous avons fait. (Répondit l'homme d'un ton assuré.)
- Vous pouvez ouvrir la porte ?
- Il serait préférable que vous restiez à l'intérieur. Vous serez plus en sécurité, Amiral.
Hackett fronça les sourcils, inquiet.
- Qu'entendez-vous par là ?
- Ils ne vous trouveront pas ici, Amiral. On... On vous a sauvé. (Répondit Simons avec hésitation.)
L'Amiral se mordit la lèvre.
- Et à quand remonte ce sauvetage ?
- Moins d'une journée.
Il jura entre ses dents. Les hommes derrière la porte étaient donc ses kidnappeurs.
- Officier... (Il s'humecta les lèvres.) Pourquoi m'avoir enlevé ?
L'intéressé resta silencieux un instant.
- Pour vous sauver, Amiral !
- Mais de qui ?
- Des soldats à la botte des Moissonneurs !
- Mais qui ? Qui est à la botte des Moissonneurs ?
- Ils le sont tous !
Hackett intégra l'information et réfléchit à la meilleure façon de se sortir de ce merdier.
- Fiston... Ecoute. Je...
- Vous avez besoin de quelque chose, Amiral ? Nourriture, vêtements ? (Le coupa Simons.)
- Non. Mais par contre, j'aimerais vous parler.
- On parle, Amiral.
- En face à face.
Simons hésita un instant.
- Je ne peux pas vous faire sortir. (Finit-il par dire.) C'est trop risqué.
Hackett se passa la langue sur les lèvres, légèrement nerveux. Il sentait une ouverture avec son interlocuteur, mais craignait qu'elle ne se referme s'il s'y prenait mal.
- Alors venez à l'intérieur. (Proposa t-il d'une manière légèrement impérieuse.)
Le silence s'installa et les secondes parurent semblable à des minutes. Finalement, quelqu'un ouvrit le verrou et la porte s'ouvrit. Hackett recula prudemment et analysa rapidement la situation. Il voyait trois soldats, armés de fusil d'assaut Avenger. Etait-il tous là ? Simons pénétra dans la pièce d'une démarche hésitante et fit un signe de tête aux autres derrière. Ils refermèrent la porte.
- Me voilà, Amiral.
- Comment ça va ? (Demanda Hackett sur le ton de la conversation, afin d'alléger un peu la tension.)
- ça dépend des jours, Amiral.
- Par exemple, aujourd'hui.
- Beaucoup de maux de tête. (Répondit Simons en se frottant le front.)
Hackett le dévisagea un instant. Le soldat était en nage et de larges cernes creusaient ses yeux. Il était livide. L'Amiral détourna les yeux avant de paraître trop insistant.
- Tu es malade ? (Demanda t-il.)
- Oui. Non.. Je... (Il grimaça.) Je sais pas trop, Amiral. Je crois que ce sont eux.
- Qui donc ?
- Les Moissonneurs ! Ils essayent d'entrer dans ma tête. Mais je résiste.
Hackett déglutit.
- Et ceux qui m'accompagnaient ?
- Ils y ont succombé, Amiral. On l'a tout de suite vu.
L'Amiral opina légèrement et le silence s'installa. Le soldat se massa le crâne et poussa un petit gémissement qui n'était pas du tout rassurant.
- On a bien fait, n'est-ce pas, Amiral ? (Demanda t-il d'un ton légèrement suppliant.)
Le vieil homme déglutit. Il avait soudain la gorge sèche. Il se força à sourire.
- Bien sûr, fiston. Très bien fait.
Simons sourit, visiblement soulagé. Un cri retentit dans le couloir et des bruits de pas résonnèrent. Simons se colla à la porte.
- Jeck ? Samuel ? Qu'est-ce qui se passe ? (Cria t-il, inquiet.)
- C'est Samuel, chef ! On dirait.... On dirait qu'il a une attaque !
- Ouvrez !
La porte s'ouvrit et coulissa. Hackett fut tenté de se précipiter sur l'officier pour le maîtriser, mais il s'abstint en voyant l'éclat de folie dans ses yeux.
- Vous êtes en sécurité ici ! ( Répéta Simons.)
Et il quitta la pièce puis la verrouilla. Hackett colla son oreille contre le métal et écouta. Les sons étaient déformés et amoindrit, mais il perçut l'essentiel.
- Que t'arrive t-il, soldat ? (Demanda Simons en se penchant au dessus du malheureux.)
- J'ai mal, officier ! J'ai mal au crâne ! J'entends les voix ! (Geignit Samuel.)
- Laisse pas ces fils de pute te posséder ! Résiste !
- Je peux pas ! J'ai mal ! Je les vois ! Vous les voyez pas ? Ils sont là !
- Qui est là ?
- Eux ! Les laissez pas m'emmener ! Non !
Samuel se débattit contre un adversaire invisible et ses camarades le regardèrent avec pitié. Simons le mit en joue et retira le cran de sécurité de son arme.
- Désolé, mon garçon.
- Aaaah ! Aidez-moi !
L'officier fit feu. Il n'y eut qu'un seul coup. La balle entre dans la tête de Samuel qui mourut sur le coup. Les cris cessèrent. Les soldats secouèrent la tête avec tristesse.
- Enterrez-le proprement. Et assurez-vous que personne ne vous voie.
- A vos ordres. (Répondirent-ils.)
Deux soldats attrapèrent le cadavre et l'embarquèrent dans un tunnel. Simons les regarda partir et se massa le front, essuyant la sueur qui dégoulinait sur son visage. Il entendit de vagues murmures, guère plus que des sifflements.
- Tuez moi ces rats ! J'en ai assez de les entendre siffler ! ( Cria t-il avec colère.)
Les deux soldats restant se regardèrent, intrigués. Finalement, ils opinèrent et se précipitèrent dans les tunnels à la recherche des vermines. Eux aussi étaient en sueur et livide. Simons se colla à la porte.
- C'est bon, Amiral. N'ayez crainte. On gère la situation. On vous donnera à manger d'ici deux ou trois heures. Et le docteur passera après.
- Le docteur ?
- Ouais. Vous verrez, il est compétent. Il sait ce qu'il se passe lui. Il vous immunisera contre ses saletés !
- Et pourquoi ne l'a t-il pas fait pour vous ?
- Il ne dispose pas d'assez de sérum. Vous êtes plus important.
Hackett ne dit rien, tendu. Il se demanda comment il allait se sortir de ce mauvais pas et à qui se fier. Si ce docteur était de mèche, alors la situation était plus grave que prévu.
Manifestement, la guerre venait de reprendre.
Liara n'avait pas bougé depuis près de deux heures. Accoudée à un balcon, elle surveillait son contact et son intermédiaire. Munie d'une oreillette, elle ne perdait pas une seconde de l'échange, notant la moindre information dans un coin de sa tête. Pour l'heure, ce n'était pas très probant. L'homme lui parlait avant tout des pots de vins que recevaient certaines unités pour accélérer la reconstruction à tel ou tel endroit ou pour éviter de patrouiller ici et là.
- Mais il y a également...
L'homme regarda autour de lui, méfiant. Même à cette distance, Liara pouvait voir qu'il était mal à l'aise, stressé.
- Des bruits de couloir.
- C'est à dire ? (Demanda l'intermédiaire.)
- Oh, vous savez ce que c'est. (Il se passa nerveusement la langue sur les lèvres.) Une unité qui disparaît, par ci par là. Des murmures à peine audible...
- Que se passe t-il, sur Terre ?
- Pas que sur Terre ! Partout ! Des escouades entières qui disparaissent, des enlèvements de personnes influentes... J'sais pas vous, mais moi, je trouve que ça pue.
- Qui a disparut ?
- Votre Amiral, non ?
- Mais, dans la galaxie. Qui d'autre ?
- Deux dignitaires de Thessia,, le Primarque Turien, quelques Galariens...
- Victus aussi ?
- Ouais, aussi.
- Qu'est-ce qui se trame ?
- ça, je saurais pas dire. Tout ce que je sais, c'est que ça n'a rien à voir avec des mercenaires ou des pirates. C'est plus... Dangereux.
Le soldat poussa un petit soupir de lassitude. Il en avait marre de ce travail et n'en comprenait toujours pas l'intérêt. Mais il avait à coeur de bien le faire.
- Il me faut plus d'information ! Vous croyez que tout ceci servira au Coutier ?
- C'est pas mon problème ! Payez moi ! Deux cent milles crédits, que je puisse me payer un vaisseau et me tirer.
Le soldat plissa les yeux, méfiant.
- Que voulez-vous fuir ?
Le contact se raidit.
- Moi ? Mais rien du tout !
L'informateur jetait des regards anxieux autour de lui.
- Ecoutez, disons cent cinquante milles, d'accord ?
- Que-Cherchez-Vous-A-Fuir ? (Demanda l'intermédiaire, articulant chaque mot avec fermeté.)
Le contact recula d'un pas, apeuré. Le soldat lui sauta dessus avant qu'il n'ait l'idée de s'enfuir. Il le plaqua contre un mur, appuyant son bras contre sa gorge. Il le maintint fermement, au dessus du sol. L'informateur poussa un petit gémissement, tremblant.
- Dis moi ce qu'il se passe ! (Gronda l'intermédiaire.)
- Je sais pas ! Pitié...
Liara jura entre ses dents. Le soldat de Coats allait attirer l'attention et se faire repérer. Si son réseau venait à découvrir qu'elle travaillait avec des marines de l'Alliance, elle perdrait tout.
- Allez-y mollo. (Dit-elle dans son micro.)
L'intermédiaire n'en tint pas compte et appuya un peu plus sur la gorge de son interlocuteur.
- Si tu ne me dis pas ce que je veux savoir, tu vas étouffer.
Le contact avait le visage tout rouge et les yeux injectés de sang. Il opina vivement. Le soldat relâcha la pression, lui permettant de reprendre son souffle.
- C'est des endoctrinés ! (Dit-il d'une voix nasillarde.)
- Qui ?
- Les escouades qui disparaissent. C'est à chaque fois après un contact avec des endoctrinés. Ils reviennent et enlèvent ensuite des hauts placés.
- Dans quel but ?! (Tonna le marine.)
Des regards s'étaient tournés vers le duo et il entendit les murmures dans son dos. Il jura. D'ici deux minutes, les forces de sécurité seraient sur place. Il devait filer avant leur arrivée. Il appuya de nouveau sur la gorge de son interlocuteur.
- Réponds moi ! (Gronda t-il avant de relâcher la pression.)
- Moi- Moissonneur ! (Déclara l'homme, apeuré.)
Liara resta stoïque. Les Moissonneurs repassaient donc à l'attaque ?
- On décroche. (Dit-elle d'un ton sec dans son micro.)
Le marine opina et laissa retomber le contact avant de filer. Liara repartit par un couloir presque désert. Des agents de sécurité passèrent à coté d'elle sans la voir. Elle s'engagea dans une coursive. Il y avait un socle d'Avina face à elle. L'IV lui sourit avant de disparaître. Les lumières du couloirs s'éteignirent et les portes se verrouillèrent.
- Merde.
Un faisceau bleuté s'échappa du socle. Liara se mit à couvert derrière une caisse. Une voix légèrement vibrante s'éleva, mais aux inflexions humaines. Une voix que Liara ne connaissait que trop bien.
- Liara...
L'Asari se redressa lentement, les poils de sa nuque se hérissant. Face à elle se tenait un hologramme de Shepard.
- Mais... Comment est-ce.. (Commença t-elle, gagnée par l'émotion.)
- Je me souviens. (Déclara la voix.)
Une larme coula sur la joue de l'Asari qui resta immobile.
- Mais je ne devrais pas. (Poursuivit la voix.) Du moins, pas ainsi.
- C'est impossible... (Répondit Liara, la voix brisée.)
Shepard inclina légèrement la tête de coté puis regarda son corps, détaillant sa main. Dans le monde virtuel, elle ne l'avait pas vu ainsi. Là, elle le trouvait beau et parfait. Mais il restait une simple projection.
- Je n'arrive pas à comprendre. (Poursuivit Shepard.) Pourquoi ?
Elle plongea son regard dans celui de Liara, et l'intensité de ce contact troubla l'Asari. Elle s'avança lentement.
- C'est bien vous ? (Demanda t-elle avec espoir.)
- J'étais Shepard. Je ne devrais plus l'être.
- Que vous est-il arrivée ?
- J'ai fait un choix. J'ai choisit de sauver tout le monde, contre ma vie. J'aurais dû devenir autre chose. Mais je n'y arrive pas.
- Je ne comprend pas ce que vous dites...
- Je devais devenir la conscience Moissonneur. En prenant le contrôle, je devais les diriger et perdre ce que j'étais, en conservant pensées et souvenirs. Mais j'ai conservé plus. J'ai refusé de perdre mon identité, mon humanité. Pourtant, j'ai dû m'en défaire pour vaincre le Catalyseur.
Liara dévisageait son amour sans comprendre. Vaincre le Catalyseur ?
- Le Catalyseur, c'est la citadelle !
- Non. Le Catalyseur était un programme qui occupait ma place auparavant. Une machine.
Shepard plongea son regard dans celui de Liara, et une multitude d'émotions se reflétèrent sur son visage. Une série de souvenir s'empara d'elle, lui montrant divers moments de sa vie. Ils furent rapidement remplacés par d'autres, ceux partagés avec Liara. Un début de sourire se dessina sur ses lèvres. Un sourire tendre.
- Mais malgré cela, je n'ai jamais cessé.
Liara ravala les larmes qui menaçaient de couler.
- Quoi ? (Demanda t-elle, sa voix n'étant guère plus qu'un murmure.)
- De penser à vous. De vous aimer. Vous êtes la seule chose qui me raccroche à mon humanité.
- Shepard, je...
Mirlina perdit son sourire.
- Mais je ne suis plus humaine.
Elle regarda ses mains.
- Je ne suis plus là, pour vous. J'ai...
Elle hésita. Un autre souvenir remonta. Elle se tenait avec Liara, dans sa cabine, à bord du Normandy. L'Asari portait une robe qui épousait parfaitement ses formes, ne faisant que la rendre plus belle et désirable encore.
"- Promettez-moi de toujours revenir.
- Je reviendrais toujours pour vous, Liara."
- J'ai faillit à ma promesse. (Déclara t-elle, la tristesse dans la voix.)
Liara fit doucement non de la tête, tendant la main vers sa bien aimée, ne désirant qu'une chose, lui caresser le visage. Ses doigts passèrent au travers de l'hologramme, mais elle dissimula sa déception.
- Non. Au contraire. Vous êtes là, maintenant.
- Mais je ne suis plus humaine.
- Shepard, je trouverais un moyen ! Même si je dois y passer toute ma vie ! Je vous ramènerais ! Je vous le jure !
- Il n'y a aucun moyen. (Répondit l'intéressée avec mélancolie.)
Des larmes roulèrent sur le visage de Liara et Shepard sentit comme une boule dans sa gorge. Une larme roula sur sa joue. La douleur de voir l'Asari pleurer était forte et réveillait en elle plus de choses. Elle pouvait toucher son humanité perdue du bout des doigts, presque la sentir.
- J'en inventerais un ! Shepard, je vous en prie, je...
Des alarmes s'enclenchèrent un peu partout dans la Citadelle. L'hologramme se voilà durant une demi seconde.
- Que se passe t-il ? (S'écria Liara avec inquiétude.)
- Perte de contrôle Moissonneur. Signal faiblissant. Armée fonctionnelle à 75 %. (Déclara Shepard d'un ton synthétique.)
Liara dévisagea son amante avec horreur. Les informations qu'elle avait recueillit plutôt lui revinrent en mémoire.
- Shepard ! Hackett a été enlevé ! Dites-moi que vous n'y êtes pour rien.
- Perte de contrôle. Armée fonctionnelle à 67.5 %.
Shepard se tourna vers Liara.
- Enlevé ?... (L'image vibra.) Ils échappent à mon contrôle...
- Depuis quand ?
- Il n'y en avait que quelques uns jusqu'à présent. Je les pensais simplement détruits ou en veille. Mais ils disparaissent par dizaines, par centaines.
- Pourquoi ? Que font-ils ?
- Perte de contrôle. Signal faiblissant. Armée fonctionnelle à 55 %.
- Shepard ?!
- Ils préparent la Moisson.
Shepard ferma les yeux et compulsa les données envoyées par les Moissonneurs. Elle perdait peu à peu des fichiers au fur et à mesure que leur nombre diminuait. Le visage d'Hackett passa furtivement dans un transfert de fichier avant de disparaître. Elle ne savait pas où il était. Trop occupée à observer Liara, à rester humaine, Shepard avait perdu une partie du contrôle. Bon nombres d'informations lui avait échappée. Elle se demandait à présent ce que l'Asari regardait sur le balcon un peu plus tôt. Mais aussi, quel était l'identité de celui piratant les Moissonneurs.
- Pourquoi enlever Hackett et les autres ?
La voix de Liara la ramena à l'hologramme. L'Asari disposait d'un pouvoir énorme sur elle, capable de réveiller un tas de chose au fond d'elle.
- Je ne sais pas. Peut-être veulent-ils retourner les armées les unes contre les autres.
- C'est affreux... Vous devez les en empêcher, Shepard !
Il y eut une seconde de flottement. La perte de contrôle venait de se figer à 51.3 %. Mais maintenir les autres sous son commandement lui demandait énormément d'énergie et de concentration.
- Je ferais mon possible.
Elle plongea son regard dans celui de Liara.
- Je dois y aller. (Elle hésita.) Je vous aime.
Et elle déconnecta. Les lumières se rallumèrent et les portes se rouvrirent. Liara resta figée quelques secondes. Elle n'était pas réellement sûre que tout ce qu'elle avait vécu soit vrai. Shepard était encore en vie ! Sous une autre forme, mais en vie. Et elle l'aimait toujours. L'Asari sentit son coeur battre plus vite et une intense chaleur se diffuser dans son corps. Elle pensait chaque mot, et elle aussi l'aimait toujours. Elle trouverait un moyen, dès que cette crise serait passée ! Shepard avait tenu sa promesse, elle tiendrait la sienne.
Des agents de sécurité pénétrèrent dans le couloir et une main attrapa son bras.
- Mademoiselle, tout va bien ?
Elle secoua la tête pour revenir à la réalité.
- Je... Oui. (Dit-elle en opinant pour se donner confiance.)
- Que c'est-il passé ici ?
- Je ne sais pas. Peut-être une panne de courant temporaire. Les portes et les lumières, tout a arrêté de fonctionner.
- Nos relevés nous indiquent au contraire un pic d'intensité ici ! Et pourquoi ce socle est-il éteint ?
Liara dévisagea l'agent sans rien dire, prise au dépourvu.
- Si vous l'avez trafiqué... (Commença t-il d'un ton menaçant en se dirigeant vers le socle.)
Liara ne savait plus quoi faire. Le second agent se plaça derrière elle et elle ne fit pas le moindre geste. L'homme alluma son omni-tech pour scanner le socle. C'est alors que celui-ci s'anima et que l'image d'Aviana apparut.
- Réinitialisation des systèmes terminées. Veuillez m'excuser pour ce léger dysfonctionnement. (Elle se tourna vers l'homme.) Bonjour agent Rick. Que désirez-vous savoir ?
- Euh... Rien Avina, c'est bon. Merci.
- A votre service.
Rick fit un signe de tête à son compagnon tout en éteignant son omni-tech. Celui-ci répondit de la même manière et dépassa Liara pour le rejoindre.
- Désolé du dérangement, Mademoiselle.
Et ils s'en allèrent.
- Je vous en prie.
Liara attendit d'être seule avant de pousser un franc soupir de soulagement. Elle avait les jambes légèrement flageolantes. Mais elle n'avait pas le temps de se reposer. Aussi se mit-elle en route pour le hangar où elle prit la navette Kodiac.
- Cortez, j'ai un message pour le Lieutenant Ashley.
Le pilote opina.
- Je vous la passe.
Le petit écran à l'arrière s'alluma après quelques secondes et le visage casqué du Lieutenant apparut.
- Lieutenant !
- Liara, qu'y a t-il ?
- J'ai du nouveau pour vous !
Ashley écouta le rapport en opinant, l'air grave.
- Donc, la guerre contre les Moissonneurs reprend. Mais je n'ai pas bien comprit, c'est votre contact à la Citadelle qui vous a dit tout ça ?
- Non. Mais ce serait trop long à expliquer. Pour l'heure, sachez simplement que tous les Moissonneurs ne sont pas contre nous.
- Et comment sait-on ceux qu'il faut tuer ?
- ça, je ne sais pas. Je vous demande simplement de me faire confiance.
- C'est le cas. Sinon, vous le sauriez, croyez-moi.
Elle lui offrit un petit sourire que l'Asari lui rendit.
- Nous sommes au point de disparition d'Hackett. Je vous tiendrais au courant. Pendant ce temps là, contactez le major Coats et informez le de tout.
- A vos ordres.
Ashley coupa la communication et prit une profonde inspiration. Elle se tenait au milieu d'un tas de cadavres. Près de six escouades étaient allongées au sol.
- Lieutenant, venez voir. (Dit Tali.)
Ashley rejoignit la Quarienne qui était penchée au dessus d'un cadavre en piteux état. Son armure avait fondu et sa chair semblait brûlée à de nombreux endroits. Et que dire de ses yeux. Ils étaient éclatés et opaque.
- Qu'est-ce qui lui est arrivé ?
Garrus se pencha lui aussi au dessus du cadavre et renifla avec dégoût.
- ça me rappelle quelque chose...
Tali opina.
- Et ce n'est pas bon signe. (renchérit-elle.)
Ashley les dévisagea tous les deux sans comprendre.
- L'Augure. (Annonça tristement Tali'Zorah.)