Chapitre suivant !
SpoilerChapitre 2 : Prendre le contrôle.
"-Vous mourrez. Vous nous contrôlerez... Mais vous perdrez tout ce que vous avez.
- Comment je peux les contrôler, si je meurs ?
- Votre forme physique se désintégrera, mais vos pensées, vos souvenirs, survivront. Votre lien avec les vôtres sera rompu, mais vous aurez toujours conscience de leur existence. "
" Vous êtes tout pour moi, Liara, et vous le serez toujours."
" Je suis à vous."
" Le contrôle c'est le pouvoir."
" Liara ! Liara, revenez !"
" Garrus ! Tali ! Joker ! Où êtes-vous ?"
"Acceptez l'éternité."
" Je ne suis pas comme vous ! Un monstre !"
" Il n'y a pas d'alternative..."
La douleur s'était estompée, les souvenirs étaient moins vivaces. Elle se tenait au milieu d'un vide éclatant, seule et nue. Il n'y avait pas un bruit, pas un souffle de vent. Tout était calme et paisible. Elle s'avança avec lenteur, goûtant des sensations qu'elle ne reconnaissait pas, comme ténue et appartenant à quelqu'un d'autre. Elles demeuraient à l'orée de sa perception, étrangère à son univers. Elle essaya de se souvenir de quelque chose, et l'image fugace d'un visage passa dans sa mémoire pour disparaître aussitôt.
De légers picotements parcouraient son être à certains moments et un mal de crâne s'empara d'elle. Sa peau la démangeait affreusement. Elle se posa une main sur le front et découvrit qu'il n'y avait rien. Elle porta ses mains devant ses yeux. Elle en voyait vaguement la forme, en devinait le contour. Mais il n'y avait plus de forme physique. A la place, elle voyait des contours bleuté qui n'étaient pas sans lui rappeler une certaine apparition. Un courant électrique la traversa et un nombre incalculable de pensées la saisirent. Elle poussa un hurlement en tombant à genou, une violente douleur s'emparant d'elle.
- Je refuse de perdre le contrôle ! (Tonna une voix sombre et vibrante.)
Mirlina n'arrivait plus à ordonner ses pensées alors que la douleur s'intensifiait. Une étrange créature apparut face à elle sous une forme éthérée. Elle ne possédait qu'un seul oeil et pas de doigts, mais plusieurs bras, tous très fins. L'image changea pour devenir un Prothéen. D'autres races, certaines qui lui étaient connues, d'autres non, apparurent sous les yeux de la jeune femme. Puis, ce fut un jeune garçon. Le Catalyseur.
- Vous n'êtes pas capable de me supplanter. (Poursuivit-il sur le même ton froid.) Vous n'auriez jamais dû essayer. La synthèse était la seule voie possible. La Moisson reprendra.
Mirlina se concentra, repoussant la souffrance avec difficulté.
- Pourquoi m'avoir fait cette proposition, si c'était en vain ?
Le Catalyseur l'observa un instant et ses traits s'adoucirent.
- Je pensais que vous accepteriez notre fusion. ( Dit-il avec la voix de l'enfant.) Mais vous vous accrochez à votre humanité.
- C'est ce qui me caractérise.
- Non. C'est ce qui vous rend faible, et inapte.
- C'est ce qui me rend humaine !
- Mais vous ne l'êtes plus.
- Je le serais toujours.
Le Catalyseur la considéra un instant avec un mélange d'intérêt et de mépris.
- La Moisson reprendra. (Finit-il par dire.)
Et il se détourna. Mirlina essaya de se relever, sans succès. Elle sentit l'appel du Catalyseur qui touchait les Moissonneurs à travers la galaxie et elle se sentit faible et impuissante. L'enfant leva les mains et l'écho des machines frémit. Partout, les endoctrinés sortaient de leurs trous. Mirlina vit des images confuses passer dans sa mémoire, provenant d'endroits divers : Une rue abandonnée, des égouts, des coursives... Elle aperçut même un humain, regardant dans sa direction, l'inquiétude peint sur son visage. La jeune femme ferma les yeux et poussa un gémissement de rage en se coupant des autres.
- Pourquoi ? (Hurla t-elle.)
Le Catalyseur se retourna lentement et la dévisagea sans comprendre.
- Pourquoi reprendre la Moisson ? La guerre est finie !
- ça ne durera pas. Vous avez stoppé la Moisson, mais rien n'a changé. Et tout recommencera.
Shepard essaye de se redresser, mais sa forme spectrale ne lui obéissait plus.
- Je ne vous laisserai pas faire ! Je ne vous laisserai pas bafouer tout ce que j'ai accompli et sacrifié... (Lâcha t-elle d'un ton hargneux.)
- Cette décision ne vous appartient plus.
Et il toucha de nouveau chaque entité des Moissonneurs. Mirlina concentra sa volonté pour faire barrage. Elle ne pouvait pas le laisser faire. Il y a un instant de flottement et la douleur éclata au fond d'elle. Elle hurla. Elle ne devait pas abandonner ! Tous les êtres pensant, toute la galaxie, comptaient sur elle ! Elle revit le visage de ses anciens compagnons d'armes, de ses amis. Jamais elle ne flancherait. Dans un effort surhumain, elle parvint à se redresser. Sa forme spectrale se brouilla un instant et elle retrouva son corps. Le Catalyseur poursuivait son action, les milliers d'êtres sous son contrôle, prêt à reprendre la Moisson. Déjà, certaines escarmouches avaient eu lieu, amenant quelques morts. Mirlina pouvait les voir. Dans l'espace, près de Thessia, un Moissonneur venait d'anéantir deux vaisseaux, dont un de civil. Sur Palaven, des endoctrinés avaient surgit dans une ville et sauvagement agressé tous les êtres vivants à proximité. Un peu partout, la guerre reprenait. Mirlina se précipita sur l'apparition et lança ses mains en avant pour les refermer sur sa tête. Mais elle passa au travers.
- Vous n'êtes rien ! (Tonna l'apparition de sa voix sombre.)
Il jeta la main vers elle et la propulsa plus loin.
- Il est temps de disparaître.
Une puissante douleur explosa dans le crâne de Shepard. Elle se prit la tête entre les mains en poussant des hurlements. Sa vue se brouilla ainsi que ses autres sens. Elle s'écroula au sol, incapable de penser. Peu à peu, son corps reprit une forme spectrale et commença à se disperser. La douleur venait par vague de plus en plus violente et la noyait dans un océan de souffrance. Le Catalyseur l'effaçait, purement et simplement, anéantissant ce qu'elle était, le programme qu'elle était devenue.
Je ne suis plus un être de chair, pensa t-elle.
Elle se concentra sur cette pensée, oubliant la douleur ainsi que la peur. Elle passa outre ce qu'elle connaissait, ce qu'elle savait, ce qu'elle était. Pas entièrement synthétique, mais plus tout à fait humaine. Elle dirigea sa rancoeur et son désir de protéger la vie pour dresser un bouclier contre l'assaut du Catalyseur. La douleur s'amoindrit jusqu'à s'estomper presque complètement. Shepard se redressa, reconstituant son corps, et une arme apparut dans ses mains. Elle la considéra un instant, se remémorant les paroles de Légion. Pouvait-elle passer outre tout ceci ? Créer elle même ? Elle se concentra, sous le regard intrigué du Catalyseur. L'arme disparut. Elle tendit la main et un rayon d'énergie s'en échappa, frappant l'apparition qui recula d'un pas en grognant. Elle recommença, mais cette fois-ci, son adversaire contra l'attaque.
- Vous apprenez vite. Mais une humaine ne peut pas me vaincre. ( Déclara le Catalyseur de sa voix sinistre.)
Shepard sentit sa colère monter et la douleur revenir. Sa concentration vacillait. Elle jura, le corps secoué par de puissantes vibrations. Le petit sourire confiant du Catalyseur gonfla sa rage. Elle repoussa ses émotions au fond d'elle, se forçant à les couper, rejetant les pensées envers ses amis. Deux rayons d'énergies s'échappèrent de ses mains et frappèrent l'apparition avec force. Le combat s'engagea, maîtrise contre volonté, machine contre ex organique. des rafales d'énergies tournoyaient dans la zone. Le Catalyseur s'avança et Shepard fit de même. La distance entre les combattants se réduisit jusqu'à ne plus exister. Le Catalyseur prit l'offensive, brisant le contact et lança son bras en avant. Mais Shepard l'avait prévu. Elle dévia le coup et porta le sien, son poing brillant d'un éclat rouge et passa au travers de l'apparition. Celui-ci ouvrit de gros yeux ronds, un trou rougeâtre au milieu du corps. Shepard regarda autour d'elle et remarqua le changement du monde, teinté de rouge. Des lignes de codes dansaient autour d'elle ainsi que des fils, reliés à des ensembles jaunes. Il y en avait des milliers. L'apparition elle même était devenu plus qu'une simple forme spectrale, disposant d'un réseau interne particulier et très complexe. Elle constata qu'elle tenait dans son poing une ligne capitale. Le Catalyseur la regarda d'un air dubitatif alors qu'elle arrachait la ligne, la détruisant de sa simple volonté. Le corps tomba à genou.
- Le contrôle, c'est le pouvoir. (Dit-elle d'un ton monocorde.) Et moi seule contrôle.
Elle fit un geste de la main et l'apparition se cabra, son enveloppe se volatilisant lentement. Il la regarda sans y croire. Elle ne montra aucune émotion et l'effaça totalement.
Des centaines de pensées chaotiques, parfois primaires et sans cohérences, l'assaillirent. Elle s'ouvrit à elles et les toucha toutes. Ils étaient tous là, et attendaient ses ordres. Aucun ne bougeait. Sa armée personnelle. Des images diverses lui parvenaient. Ils étaient tous ses yeux et ses oreilles, des plateformes reliées à elle, faisant partie intégrante de son être. Des forces armées s'approchaient de certaines troupes. La guerre était sur le point de reprendre, et les organiques n'avaient aucune chance. Leur sort était scellé. Mais elle n'avait pas prit le contrôle pour les détruire. Là n'était pas sa volonté, là n'était pas son but. Créer un avenir, voilà la raison qui l'animait. D'un ordre mental, elle ordonna de ne rien faire.
Les troupes Moissonneurs mirent genou à terre, sous le regard stupéfait des organiques. L'une des machines se posa sur Palaven. Un voile de peur passa dans l'armée Turienne, rapidement balayé par une discipline de fer. Tous attendaient, prêt à vendre chèrement leur peau.
- La guerre est terminée. La Moisson est terminée. (Déclara l'immense machine de sa voix vibrante.)
Des regards sceptiques furent échangés. Les soldats Turiens ne bougèrent pas, leurs opposants toujours en joue.
- Nous ne vous attaquerons pas.
- Alors pourquoi avoir massacré les gens qui reconstruisaient ? (Hurla un officier.)
Le Moissonneur marqua un instant de silence.
- C'était une erreur. (Finit-il par dire.)
- Je ne vous crois pas ! Nous avons déjà bien trop perdu par votre faute !
- Si vous attaquez, vous mourrez. (Répondit simplement la machine.)
Les Turiens restèrent silencieux, conscient de la vérité dans les mots du Moissonneur.
- Que proposez-vous ?
- Un problème interne fut la source du conflit. Nous vous proposons d'aider à reconstruire.
- Nous reconstruirons sans vous !
- Alors nous partirons.
- Je ne vous retiens pas.
Le Moissonneur émit une série de bip. Des traînées de feu illuminèrent le ciel après quelques secondes. De petits engins se posèrent derrière les endoctrinés qui se levèrent. Ils montèrent dans des transporteurs creux sous le regard méfiants des Turiens. Les appareils s'envolèrent et quittèrent la planète, imité par le Moissonneur. Des scènes semblables se déroulèrent dans toute la galaxie.
Shepard vérifiait chaque rencontre, chaque échange, prête à intervenir. A certains endroits, elle dut retenir les Moissonneurs et forcer la retraite. Quelques endoctrinés furent massacrés, mais elle ne s'en souciait pas. Ils n'étaient que de la chair à canon, des monstruosités qu'elle n'appréciait guère. Elle ne savait pas encore comment faire accepter aux organiques la présences de ces machines qui avaient massacré tant des leurs.
Un problème à la fois, songea t-elle.
Mirlina compulsa des données échangées entre Moissonneurs, dans une banque virtuelle. Des milliers d'informations qu'elle n'aurait jamais pu soupçonner et qu'elle comprenait, comme faisant partie intégrante d'elle. Tant à faire, tant à découvrir. Elle avait l'éternité devant elle, et une armada pour parer à toute éventualité. Elle voulait changer la face de la galaxie, la rendre plus juste et plus sûre. Mais avant toute chose, elle avait un travail à accomplir. Les relais cosmodésiques, saturés par l'énergie du Creuset, étaient tombés en morceau à travers toute la galaxie. Et sans eux, le voyage spatiale était quelque chose de long, rigoureux et difficile. Elle toucha les Moissonneurs du bout de sa pensée avec l'ordre de les remettre en état. Ceux-ci s'exécutèrent sans discuter.
Cela faisait maintenant quelques semaines que le Normandy avait atterri sur cette planète. La plupart de ces avaries avaient été réparés, et d'après IDA, ils pourraient repartir dans un jour, deux au maximum. L'IA n'avait pas ménagée sa peine pour remettre le vaisseau en état, aidée par tout l'équipage. Elle ne s'était accordée que très peu de pause, toujours en compagnie de Joker. Leur idylle croissait chaque jour. Depuis la fin de la guerre, le pilote prenait plus de temps pour elle. Dans tout le vaisseau, des couples s'étaient formés. Garrus et Tali passaient tout leur temps libre ensemble, Chakwas et Adams étaient souvent aperçus ensemble dans les couloirs. Même Ahsley et James s'étaient rapprochés, mais certains estimaient que ce n'était qu'une simple histoire de sexe éphémère. Se retrouver au milieu d'autant de couple, même temporaire, ne faisait que rappeler son immense solitude à Liara. Elle ne voulait toujours pas croire à la mort de Shepard, même après avoir posé la plaque. S'il y avait bien une chose pour laquelle son amante était douée, c'était échapper à la mort. Sur Akuzé, contre les récolteurs, dans leur base... Elle secoua tristement la tête et accéléra l'allure, serrant l'objet dans ses bras avec un peu plus de force. Elle fuyait les regards de ses compagnons, ne supportant plus l'empathie et la pitié dans leur regard. Elle ouvrit la porte de sa cabine et la verrouilla. Une boule de lumière bleutée s'envola d'un coin de la pièce et alla lui tourner autour.
- Bonjour, Dr T'Soni. Comment vous portez-vous, aujourd'hui ?
- Bonjour Glyphe. Comme tous les autre jours.
- Vous n'êtes pas revenu de la nuit. Avez-vous dormi ?
- Non, Glyphe.
- Toujours vos cauchemars ?
- Tu passes un peu trop de temps avec le Docteur Chakwas... Désactive.
La petite boule scintillante retourna sur son support et se mit en veille. Liara se dirigea vers son lit et y déposa l'objet qu'elle tenait : Une boîte noire. Elle passa la main au dessus, activant son omni-tech et tapota sur quelques touches. Son visage était creusé par la fatigue et la tristesse, et de larges cernes noircissait ses yeux. Elle se massa le front. Des cauchemars... Oui, elle en faisait. Chaque nuit. Et toujours le même...
" L'Asari avançait aux cotés de Garrus, suivant Shepard comme son ombre. Tout explosait autour d'eux, et la mort fauchait les gens à chaque seconde sous les traits d'une machine implacable. Le Moissonneur tirait à vue dans ce no man's land, détruisant tout sur son passage. Shepard accéléra soudain alors qu'un Mako était touché. Elle se laissa glisser pour éviter l'épave et se dissimula derrière, reprenant son souffle. Un autre engin explosa juste devant le duo. Les flammes léchèrent le corps de Liara alors qu'elle sautait sur le coté. Tout fut confus par la suite, seule la douleur était présente. La voix de Shepard résonna à ses oreilles et la jeune femme se sentit soulevée puis traînée.
- ...mandy, évacuation d'urgence ! Je répète, Normandy, évacuation d'urgence.
Mirlina posa une main sur l'épaule de l'Asari.
- ça va aller ? (Demanda t-elle avec inquiétude.)
Liara opina, le corps perclus de douleur. Après quelques secondes, Shepard passa un de ses bras derrière son cou et l'aida à rejoindre la navette.
- Prenez la.
Garrus attrapa Liara par un bras et la taille et l'aida à monter dans le vaisseau.
- Shepard ! (Dit Liara d'une voix suppliante.)
- Vous devez vous tirer d'ici.
- Je vais bien, Shepard...
Sa voix était à peine plus qu'un murmure. Du sang coulait sur son visage depuis ses nombreuses blessures.
- Cessez de discuter, Liara.
- Vous, ne m'abandonnerez pas... Vous m'avez fait une promesse... (Répondit Liara, avec difficulté.)
Shepard lui sourit tendrement et se rapprocha, la main tendue pour caresser son visage.
- Quoi qu'il arrive... Vous êtes tout pour moi, Liara. Et vous le serez toujours. (Dit-elle tendrement.)
Liara dévisagea son amour, les larmes aux yeux. Elle voulait dire quelque chose, l'empêcher de repartir. Elle voyait la détermination dans le regard de l'humaine, mais également la peur et une certaine résignation.
- Shepard, je...
Les mots se bloquèrent dans sa gorge. L'humaine lui sourit et recula.
- Je suis à vous... (Déclara l'Asari dans un souffle, la main tendue.)
Shepard se retourna vers le rayon et secoua tristement la tête. Elle lança un regard entendu à Garrus qui fit un bref signe de tête avant de croiser le regard de Liara. A ce moment, elles échangèrent des mots d'amours silencieux.
- Filez ! (Cria Shepard avec tristesse.)
Et elle fila vers le rayon. Liara la regarda partir, la main toujours tendue. Elle voulait la rejoindre, se tenir à ses cotés jusqu'au bout. Mais elle ne pouvait pas. Son amante s'éloignait, et elle laissa sa main retomber, trop fatiguée pour pouvoir la garder tendue. Garrus la traîna à l'intérieur et les portes se refermèrent tandis que le Normandy prenait son envol. Liara fut emmenée à l'infirmerie. Le Docteur Chakwas se pencha au dessus d'elle et l'examina attentivement avant de lui faire une piqûre tout en murmurant des mots réconfortant.
A son réveil, Liara se sentit barbouillée. Elle se redressa maladroitement, les muscles endoloris, exténuée. Elle avait une vague impression de flottement assez désagréable, mais décida de passer outre. Elle regarda autour d'elle avec lenteur, la tête lui tournant. Il n'y avait personne, nul signe du Docteur Chakwas. L'Asari appela, mais seul le silence lui répondit. Elle se mit debout et quitta l'infirmerie. Les couloirs étaient désert et un bourdonnement inquiétant résonnait. Liara rejoignit l'ascenseur et se dirigea vers le pont. Quand les portes se rouvrirent, elle se trouvait dans la salle du conseil de la citadelle. Elle avança au milieu de la pièce, pas surprise le moins du monde et observa les alentours. Les arbres brûlaient et des corps étaient allongés au sol, dans des mares de sang. Un large rayon s'élevait vers le toit depuis une estrade. Une ombre furtive passa dans son champs de vision et l'emprunta, suivie d'une autre. Liara courut à leur suite avec des mouvements lents, comme ralentis. Le rayon la dématérialisa et elle se retrouva dans des coursives de la Citadelle qu'elle reconnaissait vaguement. Elle suivit de long couloirs durant des minutes interminables avant de déboucher sur une petite pièce. Un corps jonchait le sol. Elle s'en approcha, les lèvres sèches et le retourna pour découvrir le visage d'Anderson.
- Amiral... (Laissa t-elle échapper dans un sanglot.)
La Courtière se détourna, le coeur lourd et détailla l'endroit. Il semblait flotter une étrange brume qui l'empêchait de distinguer les détails. Il y avait un petit passage sur le coté et elle l'emprunta avec prudence. Il y eut un cri, puis des bruits de lutte. Liara se mit à courir vers l'origine de ces sons et aperçut Shepard du coin de l'oeil. Elle bifurqua et l'appela, mais l'humaine continua sa course sans se retourner. L'Asari la poursuivit, forçant l'allure malgré la douleur. A deux reprises, elle crut l'avoir perdu avant de l'apercevoir de nouveau. A nouveau, un cri brisa le silence. Liara s'avança pas à pas, tremblante, le souffle court. Le couloir débouchait dans une petite pièce où des veilleurs allaient et venaient. A l'autre bout, il y avait une grande vitre éclaté dont les débris étaient balayés par les étranges créatures. Et au centre, se tenait Shepard. Elle ne bougeait pas. Liara l'appela, mais elle n'eut aucune réaction. L'Asari franchit la distance les séparant avec inquiétude et posa une main sur l'épaule de son amante. Aussitôt, un rayon rouge entra dans la pièce et frappa l'humaine, balayant la Courtière et l'envoyant contre un mur. Celle-ci se redressa mollement et chercha Shepard du regard. L'humaine était au centre d'un brasier gigantesque. Elle tourna son regard vers elle, des larmes roulant sur ses joues et ouvrit la bouche. Elle prononça des mots que Liara ne put entendre. Et ce fut le néant."
Liara se réveillait toujours à ce moment là, tremblante et en sueur, parfois en hurlant. La vivacité de son cauchemar l'effrayait. Mais elle savait ce qu'il signifiait. Elle refusait tout simplement d'y croire. Comment pouvait-on aimer quelqu'un aussi fort et simplement accepter sa disparition ? Elle soupira et continua de tapoter sur son omni-tech. Après quelques secondes, la boîte s'anima, et un faisceau de lumière s'en échappa. Une image grandeur nature de Shepard se matérialisa face à elle et lui sourit.
- Je vous aime, Liara. (Déclara t-elle doucement.)
L'image grésilla et s'éteignit.
- Moi aussi... (Dit-elle dans un soupir.)
Elle savait qu'une telle chose ne l'aidait pas à oublier. Mais elle avait modifiée son projet, y ajoutant une plateforme de sa bien aimée, au cas où. En parallèle, elle fouillait de nombreuses bases de données sur les Prothéens et interrogeait régulièrement Javik. Mais celui-ci restait silencieux. Elle ne savait pas réellement ce qu'elle recherchait. N'importe quoi pouvant lui donner de l'espoir.
Les lumière s'éteignirent durant quelques secondes avant de se rallumer. Les moteurs grondèrent.
- Redémarrage système. Nous sommes prêt à décoller ! (Annonça fièrement la voix de Joker dans les hauts parleurs.)
- Ce fut plus rapide que prévu.
Liara sortit de sa chambre et monta sur la passerelle, rejoignant le pilote et IDA. Ses autres compagnons avaient eu la même idée. Ils la saluèrent poliment. Le Normandy s'ébranla et s'envola lentement. IDA consultait les rapports tandis que Joker manoeuvrait le vaisseau, légèrement tendu.
- Allez, doucement mon beau...
Le Normandy tangua un instant avant de se stabiliser. Puis, ils quittèrent l'atmosphère de la planète pour arriver en orbite. Joker activa les systèmes de communications et diffusa un message en boucle sur toutes les fréquences.
- Et maintenant, que fait-on ? (Demanda Ashley.)
- On cherche un endroit à rallier. (Répondit Jeff.)
- Et s'il n'y en a pas ?
- Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? On va pas rester indéfiniment sur cette planète !
- Joker ? ( Dit Ashley d'un ton légèrement plus sec.)
- Désolé, Lieutenant.
Quelques secondes s'écoulèrent avant qu'une série de bip ne résonne.
- Le scanner a détecté quelque chose.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Je sais pas encore, c'est trop loin... Une minute !
- Moissonneur ! (Cria Garrus.)
Joker poussa un juron et engagea des manoeuvre d'évitement.
- On va voir si vous avez réparé correctement le canon !
- Et si vous savez visé avec ! (Répliqua Garrus.)
- Je les croyais détruit ! (Lança Liara.)
- Les boucliers ne sont pas encore à pleine puissance. (Déclara IDA.)
Le Moissonneur se dirigeait vers le vaisseau à vive allure, les pattes repliés. Un vrombissement sortit par les hauts parleurs du Normandy, reconnaissable entre mille.
- Je sais pas ce que ça dit, mais ça m'a pas l'air sympathique !
- On doit fuir !
Le Normandy changea de trajectoire et la machine se mit en position d'interception, dépliant ses tentacules. Un autre vrombissement résonna, et trois autres Moissonneurs sortirent de l'hyper espace face au Normandy. Joker poussa une série de juron et coupa les moteurs pour les réactiver aussitôt afin de faire un virage serré. Mais le premier synthétique les avait déjà rattrapé, coupant toute retraite. Il pointa l'un de ses tentacules vers le Normandy et un rayon s'en échappa. La peur s'empara de l'équipage alors que le faisceau les touchait.