A vous la suite.
SpoilerChapitre 2 : Fuite.
" Dans un futur lointain....
L'appareil grésilla et siffla légèrement. Un mot ou deux s'élevèrent, hachés et incompréhensibles. La jeune femme secoua légèrement l'appareil vieillit par le temps avec une pointe d'agacement et une main se posa sur son bras.
- Doucement, tu vas le casser. C'est tout ce qu'il nous reste.
Elle opina sombrement.
- Elles me manquent... (Déclara-t-elle tristement.)
- A moi aussi.
- Les souvenirs s'estompent... Le temps les efface, mais la douleur, elle, ne disparaît pas.
Sa soeur la regarda, peinée, mais ne répondit rien. L'écran de l'appareil s'alluma brièvement et des lignes de codes défilèrent, indiquant le redémarrage. La jeune femme attendit que le menu s'ouvre puis navigua entre les fichiers avant d'en choisir un et de le lancer. Une nouvelle fois, le son qui sortait était haché et un sifflement rendait le tout inaudible. Il s'atténua, et malgré parfois quelques grésillements, la voix devint parfaitement compréhensible. Elle était douce et tendre, le plus beau son que les soeurs avaient jamais entendu. Elles fermèrent les yeux et essayèrent de se rappeler son visage. C'était parfois très difficile.
- Nous avons écumé un nombre important de planète, les armes à la main, prêts à nous défendre durant toutes ces années. (Commença la voix.) Nous avons vu des horreurs, nous avons combattu et détruit des abominations sans nom... Et pourtant, rien n'aurait pu nous préparer à tout ça.
Les soeurs conservèrent le silence et écoutèrent cette voix si belle qui fut autrefois chaleureuse et aujourd'hui teintée de mélancolie. Et elles essayèrent de se souvenir. Car c'était tout ce qui leur restait."
" Il y a quelques heures...
- Mais faites quelque chose ! (Hurla l'Asari, le visage en larmes.)
Shepard reposait sous elle, inconsciente, le visage déformé par la douleur. Du sang coulait de son nez et de ses oreilles. La pâleur de sa peau était des plus inquiétante. Ses compagnons étaient réunis autour d'elle, interdit et horrifiés. Personne n'osait la toucher. Le Normandy s'éloignait lentement de la Citadelle, secoué par de violentes explosions qui rendaient la progression à bord des plus chaotiques. Les secondes s'écoulèrent, semblable à une éternité pour Liara et finalement, le docteur Chakwas arriva. Elle se pencha au dessus du corps du commandant et l'examina attentivement. Elle fit un scanner complet à l'aide de son omin-tech et prit son pouls. Puis, elle souleva ses paupières pour tester les réactivités et écouta son coeur.
- Pas de réactions. Fonctions vitales stables. Vous deux ! (Dit-elle en indiquant Garrus et James.) Emmenez là à l'infirmerie. Tali'Zorah, apportez-moi de quoi retirer cette armure au plus vite.
Les concernés ne se firent pas prier. James et Garrus transportèrent prudemment Shepard à l'infirmerie, Liara et Chakwas sur leurs talons. Sur place, l'armure fut retirée et le docteur s'attela à s'occuper de sa patiente. Seule Liara fut autorisée à rester.
Après de longues minutes, Chakwas s'approcha de l'Asari, le visage grave.
- Je suis désolée, Liara.
La jeune femme se redressa, horrifiée.
- Elle... Elle est...(Hoqueta-t-elle.)
- Elle est en vie, mais plongée dans le coma. Et il n'est rien que je puisse faire.
Liara s'approcha de son amante en tremblant et tendit la main vers elle, refusant d'y croire.
- Shepard... (Murmura-t-elle entre deux sanglots.)"
L'Asari émergea du sommeil avec lenteur, le corps engourdis de part sa position. Elle serra ses doigts et pressa quelque chose de chaud et de doux. Elle ouvrit les yeux. C'était la main de Shepard. L'humaine était allongée face à elle et plongée dans le coma. Liara se leva maladroitement puis caressa la joue de son amante avec douceur, le coeur serré. Chakwas pénétra dans la pièce et se figea en voyant le couple. Elle s'avança en essayant d'être aussi discrète que possible et demeura silencieuse. Liara poussa un petit soupir.
- Docteur Chakwas. (Dit-elle d'une voix enrouée.)
- Navrée Liara, je ne voulais pas vous déranger.
- C'est votre infirmerie. (Répondit l'Asari d'une voix morne sans se retourner.)
L'humaine s'approcha doucement.
- Depuis combien de temps n'avez-vous pas dormi ?
- J'ai dormi. Je me réveille à peine.
- Combien de temps ?
Liara regarda l'heure et garda le silence quelques secondes.
- Moins de trois heures. (Finit-elle par avouer.)
Chakwas poussa un soupir.
- Liara...
- Je n'arrive pas à dormir.
- Je peux vous donner un médicament pour vous aider.
Liara secoua négativement la tête.
- Non merci docteur.
- Vous mangez au moins ?
- Je veille sur elle.
- Shepard ne voudrait pas que vous vous négligiez.
- Elle ferait pareil pour moi.
Chakwas prit le temps de la réflexion.
- Je vais vous examiner.
- Non merci.
- Ce n'était pas une demande.
L'humaine se dirigea vers une table libre et tapota dessus à l'égard de Liara.
- Dépêchez-vous. (Finit-elle par dire.)
Liara céda et s'installa sur la table, laissant l'humaine l'ausculter en règle.
- Quelques carences en vitames. (Conclut Chakwas.) Je vous recommande de vous nourrir convenablement et de vous reposer !
L'Asari alla pour répliquer, mais Chakwas la coupa d'un geste de la main.
- Ordre du médecin !
Au début offusquée, Liara finit par opiner, presque reconnaissante. Elle retourna aux cotés de Shepard et caressa son front avant d'y déposer un baiser.
- Veillez bien sur elle. (Lança-t-elle à l'adresse de Chakwas.)
L'humaine acquiesça et offrit un sourire à l'Asari. Celle-ci hésita un long moment avant de finalement quitter l'infirmerie pour rejoindre sa cabine. Elle s'allongea dans son lit et essaya de dormir. Elle ne parvint à s'assoupir qu'au bout de deux heures.
A son réveil, elle ne se sentait guère mieux. A peine reposée et toujours mélancolique. Son ventre grognait et elle avait faim. Elle rejoignit la cantine et se prit quelque chose à grignoter. Cette nourriture, qu'habituellement elle affectionnait, n'avait pas de goût ce jour là et elle mangea plus par besoin que par envie. Ses yeux dérivèrent naturellement vers les vitres de l'infirmerie. A l'intérieur se trouvait Ashley, en grande discussion avec Chakwas. D'ici, l'Asari ne pouvait pas les entendre, aussi décida-t-elle de les rejoindre.
- ... nouvelles de la flotte. C'est chaotique. Les pertes sont nombreuses. Il nous faut les rejoindre pour en savoir plus. Les communications sont limitées pour éviter que les Moissonneurs ne les repèrent.
- C'est terrible.
- Quand le commandant sera-t-elle sur pied ?
- Je ne peux pas le dire, Ashley. Elle est dans le coma. Elle pourrait se réveiller aujourd'hui, demain, dans un mois, dans cinquante ans... Jamais.
Liara se figea en entendant ceci et les humaines remarquèrent alors sa présence. Chakwas détourna le regard, ne supportant pas la détresse dans les yeux de l'Asari.
- Je vois... (Reprit Ashley à voix basse, troublée.) C'est donc à moi que reviens le commandement. (Elle posa son regard sur Shepard puis sur Chakwas.) Prenez soin d'elle.
Et elle quitta l'infirmerie. Liara et Chakwas n'échangèrent pas un mot, pas un regard. L'humaine quitta la pièce à son tour, et l'Asari retourna au chevet de son amante, le coeur lourd. Elle resta à ses cotés durant de longues minutes, mais les paroles d'Ashley résonnaient dans son esprit. Finalement, elle rejoignit ses compagnons sur le pont.
Ils étaient tous là, discutant avec véhémence. Liara pouvait entendre la peur dans la voix de certains de ses amis, pas pour eux, mais pour leurs proches et les leurs. Et elle ne pouvait que les comprendre car leurs peurs n'étaient que les reflets des siennes, gravées au fer rouge au plus profond de son être. Elle s'inquiétait bien entendu pour Shepard, mais également pour ses soeurs, et s'en voulait de les avoir oubliées. Qu'en était-il de la civilisation Asari ? De Thessia ? Le coeur de l'archéologue se serra et elle crut étouffer. Les voix de ses compagnons la ramenèrent à la réalité.
- Je dois retrouver les miens ! (Lâcha Tali d'une voix inquiète.)
- Palaven va avoir besoin de toute l'aide possible. (Renchérit Garrus.)
- Le meilleur moyen d'aider vos peuples, c'est de retrouver la flotte de l'Amiral Hackett. De là, nous pourrons avoir des nouvelles. (Trancha Ashley.)
Bien qu'inquiets, personne ne trouva à répondre. Le Lieutenant attendit que quelqu'un la contre avant de se tourner vers Joker.
- Emmenez nous au Secteur Artémis Tau.
- C'est grand. (Se plaignit Joker.)
- Et bien, nous fouillerons...
Le Normandy navigua vers le relais le plus proche, piloté d'une main de maître par son timonier. Soudain, les alarmes hurlèrent dans tout le vaisseau, créant un vacarme monstre et accentuant la tension.
- IDA, qu'est-ce qu'est ?
- Moissonneurs en approche.
Joker jura.
- Combien ? (S'enquit Ashley d'une voix tendue.)
- Quatre.
- Joker sortez-nous de là ! Il faut les semer avant de rejoindre la flotte !
Le pilote lança le vaisseau à toute vitesse en direction du relais, IDA programmant déjà le saut. Les Moissonneurs gagnaient du terrain et ouvraient leurs tentacules pour libérer des rayons rouge qui éclairèrent les ténèbres. Le Normandy zigzagua tant bien que mal, évitant les tirs ennemis en partie grâce au hasard et aux bons soins d'IDA et de Joker. Un trait racla contre le bouclier sans pour autant passer outre. Le vaisseau colla au relais et s'y connecta avant de le franchir. Les Moissonneurs étaient déjà sur lui. Joker compta les longues minutes jusqu'au passage du relais. Une fois de l'autre coté, il fit faire demi tour au vaisseau et le repassa immédiatement vers une zone plus éloignée.
Les heures s'écoulèrent et l'équipe franchit encore deux relais afin d'éviter tout soucis.
- Pas de trace Moissonneur. (Annonça fièrement Joker.)
- Bon, direction Artémis Tau en ce... (Commença Ashley.)
Un grondement résonna, ténu. Au loin, une forme sombre s'avançait, minuscule à cette distance.
- Mais qu'est-ce qu'est ? (Jura le Lieutenant.)
- Systèmes furtifs enclenchés. On va voir ça.
Joker manoeuvra vers l'étrange forme à vitesse réduite. IDA de son coté lança les scanners.
- Pas de trace de métal. (Annonça l'IA.)
- C'est donc organique. (Conclut Liara.)
IDA utilisa les caméras du Normandy pour avoir une image de la créature et fit un zoom dessus.
- Léviathan... (Murmura Garrus.)
- Regardez, il se dirige vers cette petite planète. (Indiqua Tali.)
Les compagnons regardèrent l'imposante créature avec une tension manifeste.
- Je me demande ce qu'il fabrique...
- Joker, notez les coordonnées de cette planète, au cas où.
Le pilote s'exécuta.
- Voyons ça de plus près...
Alors qu'ils s'approchaient, un grondement métallique résonna avec force suivi par de nombreux autres. Un Moissonneur sortit de l'atmosphère de la petite planète et se jeta sur le Léviathan. Une onde pourpre s'échappa de ce dernier et la machine stoppa sa course avant de dériver, visiblement sans vie. Une demi douzaine d'autres surgirent de la noirceur de l'espace selon le même angle d'approche que le Léviathan auparavant. Ils firent feu en se jetant sur leur ennemi. De nouveau, le Léviathan brilla d'un éclat violacé et deux Moissonneurs se retournèrent contre les leurs. Mais trois de plus arrivaient et les machines manipulées furent réduites en pièces en un clin d'oeil. Les rayons d'énergies écarlates frappèrent le monstre organique, lui arrachant des hurlements de douleur. Il contra et canalisa son pouvoir sur deux autres machines, mais l'une d'elle résista. Une patte du Léviathan fut sectionnée par un rayon et sa carapace explosa à de nombreux endroits. Un liquide noirâtre flotta autour de lui, s'échappant de ses nombreuses plaies. Il cessa de remuer et les Moissonneurs fondirent sur lui. Il y eut de maigres gémissements.
- C'est vraiment la fin... (Murmura Liara, effarée.)
- Joker, tirez-nous d'ici.
- A vos ordres Lieutenant.
Le Normandy fit demi tour et rejoignit le relais en quelques minutes pour bondir en hyper-espace. Les Moissonneurs ne le remarquèrent même pas.
Il s'écoula de nombreuses heures avant qu'ils n'atteignent le secteur Artémis Tau, et chacun essaya de vaquer à ses occupations, d'oublier pour un temps les horreurs de la guerre. Tali'Zorah et Garrus s'enfermèrent dans la salle du canon qu'ils stérilisèrent. Personne ne les revit de la journée. James et Ashley firent des entraînements dans la soute, sous le regard de Cortez et Traynor qui cherchaient là un moyen de s'occuper l'esprit en lançant des paris. Joker et IDA profitèrent de la présence de l'autre dans le cockpit et personne n'osa les déranger. Ils prétextèrent avoir des systèmes à vérifier. Javik resta la majeure partie du temps dans ses quartiers, seul. Il finit par rejoindre l'infirmerie et s'installa près de Shepard sans rien dire, la dardant de ses yeux. Il ne savait pas vraiment quoi penser de l'humaine, quels étaient ses sentiments à son égard. Camarade, supérieure, amie ? Un peu des trois sans doute. Il ne parvenait pas à lui en vouloir d'avoir échouer à en finir avec la guerre. Son propre peuple en avait été incapable. Pourtant, intérieurement, il était furieux. Il l'observa silencieusement durant de longues minutes, droit et les mains dans le dos. Il pouvait lire sur le visage de l'humaine toute sa détresse. Elle ne semblait pas paisible. Javik passa ses mains devant lui, dévoilant l'éclat d'écho qu'il caressa du bout des doigts.
" Le prothéen serra la main de l'humaine et lui tendit l'éclat.
- Désormais, c'est à vous de le remplir.
Mirlina considéra l'objet sans oser le prendre.
- Qu'est-ce que j'y mettrais ?
- Ce que vous voulez léguer aux autres. Ou ce que vous désirez oublier.
Elle opina et toucha l'artefact sans pour autant le prendre.
- Merci. Vous me le donnerez quand tout sera fini.
Il hocha la tête.
- Commandant."
Depuis lors, le prothéen n'avait qu'une idée en tête, lui remettre l'éclat. Il poussa un maigre soupir et le déposa sur la table prêt de l'humaine avant de quitter la pièce. Il espérait qu'elle se remettrait. Elle valait mieux que la grande majorité des siens. Liara sortit de sa chambre et posa son regard sur le prothéen. Mais Javik ne s'arrêta pas et poursuivit sa route. L'Asari haussa les épaules puis rejoignit Shepard. Elle avait de petits yeux à force de travailler sur ses écrans. Elle avait mit à jour les bases de données dans sa boîte noire mais se demandait toujours comment en fabriquer d'autre. A moins que...
Elle se figea en entrant dans l'infirmerie. Shepard s'était redressée. Elle s'approcha d'elle, n'osant y croire, une main tendu avec espoir. Mais l'humaine avait les yeux fermés et ne sembla pas remarquer sa présence.
- Mirlina ? (Appela l'Asari d'une voix hésitante.)
L'intéressée n'eut aucune réaction durant de longues secondes. Puis, elle poussa un hurlement et retomba lourdement sur ses oreillers, prises de violentes convulsions. Liara se précipita vers l'intercom.
- Docteur Chakwas ! (Hurla-t-elle terrifiée.) Venez vite !
Elle retourna vers Shepard et posa ses mains sur ses épaules pour essayer de la maintenir. Mais les convulsions de la jeune femme étaient si puissantes que Liara fut violemment repoussée en quelques secondes. L'Asari regarda son amante, impuissante et horrifiée. Chakwas arriva moins de deux minutes plus tard, accompagnée de la moitié de l'équipe de Shepard qui avait entendu le hurlement.
- Vite, aidez-là ! (Hurla Liara.)
- Mais qu'est-ce qui lui arrive ? (S'enquit James.)
Chakwas souleva les paupières de l'humaine pour tenter de vérifier ses pupilles, mais les convulsions rendaient l'exercice impossible.
- James, tenez-la, fermement ! (Elle aperçut Garrus pénétrer dans l'infirmerie du coin de l'oeil.) Garrus, prenez ses pieds !
Le Turien s'exécuta malgré son incompréhension. Il attrapa fermement les jambes du commandant et essaya de la maintenir immobile. Chakwas réussit tant bien que mal à faire ses tests, non sans se prendre un ou deux coups.
- Son activité cérébrale est en haussa constante...
- Qu'est-ce qui lui arrive ? (Insista Liara.)
- J'aurais pensé à un cauchemar, mais au vu de l'intensité, c'est autre chose.
Elle alla fouiller dans les tiroirs et revint avec deux seringues qu'elle planta dans les bras de Mirlina. Après quelques secondes, les convulsions se firent plus rares et au bout de quelques minutes, elles disparurent. Liara essuya le front de son amante. Elle était chaude et en sueur. Des larmes coulaient sous ses paupières closes.
- J'ignore ce qu'elle a... (Murmura Chakwas avec désespoir.)
- Que lui avez-vous donné ?
- Des sédatifs. Mais c'est tout ce que je peux faire.
Les hauts parleurs grésillèrent et la voix de Joker s'éleva.
- Arrivée dans le secteur Artémis Tau dans deux minutes.
Ashley et ses compagnons restèrent silencieux un moment. Puis, voyant qu'ils ne pouvaient rien faire de plus, ils quittèrent l'infirmerie pour rejoindre le cockpit. Liara les suivit avec regret tout en priant le docteur de veiller sur l'humaine. Celle-ci lui assura de le faire.
Le vaisseau sortit de l'hyper-espace.
- Alors, qu'est-ce que vous avez ? (S'enquit Ashley en arrivant dans le poste de pilotage.)
- Pour l'instant, rien. (Répondit IDA.) Il n'y a aucune émission aux alentours.
- Merde. C'est pourtant bien dans ce secteur qu'ils étaient quand ils ont émit...
- Oui, il n'y a pas de doute possible.
- Alors nous allons devoir fouiller système par système.
- ça risque de prendre des jours. (Intervint Joker.)
- Alors ne perdons pas un instant.
Plusieurs heures s'écoulèrent avant qu'il ne se passe quelque chose. Shepard ne fit pas d'autres crises ce qui fut un bon signe d'après Chakwas. Mais Liara ne pouvait arrêter de s'angoisser et descendait régulièrement tenir compagnie à son amante. Elle passait également de temps à autres dans sa cabine mais personne ne savait ce qu'elle y faisait. Finalement, IDA trouva quelque chose.
- C'est un signal. (Elle se tourna vers Ashley.) De détresse.
Le Lieutenant opina mais ne dit rien. IDA et Joker tracèrent le signal et remontèrent à sa source. Et ce qu'ils virent les figea d'horreur : Un vaste champs de débris et de cadavres flottant dans l'espace. Au vu de la quantité, il y avait pas loin d'une centaine de vaisseau réduits en pièces, appartenant à diverses races. Un peu plus loin, flottaient trois cadavres de Moissonneur classe sovereign, et une dizaine de destroyer.
- Le signal provient de la planète un peu plus loin.
- Emmenez-nous là bas mais restez prudent.
Ils contournèrent le champ, évitant de compter le nombre de corps, de regarder les couleurs des vaisseaux, d'essayer de se remémorer qui servait à bord. Un goût amer dans la bouche, ils fermèrent les yeux.
De la fumée s'échappait de divers endroits à la surface de la planète, la majorité en passe de s'éteindre. Ils volèrent à basse altitude, constatant le passage des Moissonneurs à travers les larges traînées au sol et les corps éparpillés. Les modules de survie étaient tous détruits.
- Des signes de vies ?
Joker secoua négativement la tête.
- Mais on détecte un sous signal sur les canaux d'urgence. Crypté. Sur des fréquences quasiment indétectables.
- D'où vient-il ?
- Une centaine de kilomètre, au nord.
- Allons-y.
Ils pistèrent le signal et trouvèrent une épave calcinée. Ashley, IDA et James descendirent en reconnaissance. La mort flottait dans l'air ainsi que l'odeur du métal brûlé. Ils avancèrent prudemment et en groupe, encadrant IDA qui leur indiquait la route à suivre. Ils croisèrent quelques corps sur leur chemin, la plupart en charpie à cause des explosions. Une partie du vaisseau était profondément enfouie sous terre et ils durent se faufiler dans ses entrailles pour parvenir à descendre.
- Deux mètres. (Annonça IDA.)
Il y eut un brusque mouvement au milieu des ténèbres, sur leur droite. Ashley éclaira l'endroit, prête à tirer.
- Signe de vie ! ( Déclara IDA.)
- Montrez-vous. (Ordonna Ashley.) Nous ne vous ferons pas de mal.
- Vous n'êtes pas avec eux ? (Demanda une voix tremblante, à peine plus élevée qu'un murmure.)
- Avec qui ?
- Les machines.
Ashley baissa légèrement son arme.
- Non. Vous étiez de la flotte ?
Une femme sortit des ténèbres en claudiquant, une main posée sur son abdomen. Du sang s'écoulait entre ses doigts, provenant d'une plaie béante qui menaçait de vomir ses entrailles. Elle tremblait des pieds à la tête, entre horreur et frissons.
- Ils sont partit... (Murmura-t-elle avant de tomber à genou.) Plus de grondement...
IDA se précipita vers elle et la femme poussa un hurlement de terreur.
- Tout va bien ! (Lança Williams d'une voix forte.)
- Elle est en état de choc.
La synthétique utilisa son omni-tech pour scanner les blessures de la femme et établir un diagnostic.
- Vous faisiez partie de la flotte ? (Insista Ashley.)
L'inconnue opina, apeurée.
- Que c'est-il passé ?
- Les machines sont arrivées... Elles ont poussés leurs grondements sinistres... Il n'y a pas eu de sommation, pas de revendication... Seulement les rayons rouges, les grondements, les explosions, la mort...
Les tremblements secouant son corps étaient de plus en plus violent. Le sang coulait de sa blessure avec abondance, emportant avec lui les couleurs de sa peau qui devenait pâle. Sa voix n'était guère plus qu'un murmure et son discours perdait en cohérence avec les secondes.
- Les explosions, la mort, partout, tout autour...
- Savez-vous si l'Amiral Hackett était là ? Si son vaisseau à pu s'enfuir ?
Le nom de l'amiral la fit réagir. Elle tourna ses yeux exorbités vers le Lieutenant et celle-ci put y lire la peur et la folie.
- Je servais sur son bâtiment. Ingénieur... Je l'ai supplié de venir, mais il ne voulait pas... Une explosion... Puis plus rien... Plus rien...
Ashley se mit à genou devant la blessée, essayant d'être la plus claire et aimable possible.
- Avez-vous vu le corps de l'Amiral ? Est-il mort ?
- Plus rien... Tous morts... Tous morts... (Répéta-t-elle tout bas, sa voix s'éteignant peu à peu.)
Un spasme traversa son corps et elle poussa un gémissement. Puis, elle expira une dernière fois et se figea. Ses muscles se relâchèrent. La vie déserta son regard en même temps que son corps. Ashley détourna les yeux avec dégoût.
IDA relâcha le corps et le regarda un long moment, ne sachant pas très bien comment réagir. Elle plia et déplia ses doigts, observant le sang sur ses membres synthétiques avec curiosité et une pointe d'écoeurement. Puis, elle se leva et fouilla parmi les décombres. Elle sortit un objet partiellement brûlé.
- Qu'est-ce que c'est ? (S'enquit James.)
- La boîte noire du module. Normalement, elle devrait être également reliée aux caméras du vaisseau avant son éjection. Nous pourrons en savoir plus. (Déclara-t-elle d'une voix morne.)
Elle s'approcha de la balise et coupa le signal.
- Allez, on remonte. (Déclara Ashley, le coeur lourd.)
- Lieutenant ?
- Oui, IDA ?
La synthétique baissa les yeux un instant, plongée dans la réflexion.
- Excusez-moi... (Commença-t-elle, troublée.) Quel effet cela vous fait-il de voir quelqu'un de votre peuple mourir ?
L'humaine conserva le silence durant près d'une minute qui lui parut durer une éternité.
- C'est dur... (Finit-elle par avouer tout bas.)
- J'ai lu de la détresse dans son regard, de la peur... J'ai ressenti comme un vide quand elle est morte. Je me suis sentie... Impuissante...
- Tu comprends ce que ça fait alors.
L'IA réfléchit à l'affirmation.
- Oui.
- Et qu'en conclus-tu ?
- C'est dur. (Répondit-elle après un moment.)
Ashley opina puis remonta, ses coéquipiers sur les talons. Le Normandy les attendait en vol stationnaire.